Aviculture : Surproduction et perturbation du marché !

Aviculture : Surproduction et perturbation du marché !

La wilaya de Aïn Defla, wilaya agricole par excellence, est reconnue comme telle, indéniablement. Elle dispose de fortes potentialités et de ressources importantes, à savoir une SAU (Surface agricole utile) estimée à plus 181 000 ha, une disponibilité hydrique destinée à l’irrigation mobilisée de plus de 300 000 hm3 que fournissent 5 barrages qui s’ajoutent à 3 hm3 provenant de 4 retenues collinaires sans compter un grand nombre de forages.

Cette ressource hydrique permet d’irriguer 2 grands périmètres, celui du Haut- Chélif qui s’étend sur 20 300 ha (région de Djendel, Oued Chorfa, Birbouche, Aïn Lechiakh, Oued El Djemaâ et Aïn Soltane) et le périmètre du Bas-Chélif qui compte 8 500 ha (El Amra, El Abadia et autre M’khatria). On compte pas moins de 13 filières de production végétale et animale, les principales étant celles de la culture de la pomme de terre, la céréaliculture, l’aviculture, et à un degré moindre l’élevage. En l’espace de quelques années, l’aviculture avec la production de poulet de chair et d’œufs, s’est considérablement développée. S’agissant de la production du poulet de chair, on compte 1 020 producteurs avec 1 650 unités en activité soit une capacité de production annuelle estimée à 20 millions de sujets. Cependant, ces unités tournent à 50% produisant quelque 10 millions seulement, et ce, pour moult raisons. Ces unités productives sont concentrées surtout dans les communes de Boumedfaâ, Tachta, Aïn Beniane, El Hoceinia, El Amra et Aïn Defla. Aux unités déjà opérationnelles, viennent s’ajouter 5 nouvelles unités modernes et bien équipées qui sont entrées en production cette année, réalisées dans les communes de Tiberkanine, Hamam Righa et Djelida. A raison d’un chargement de 4 bandes par an, elles mettent sur le marché quelque 1 200 000 sujets annuellement. A ces unités de production de poulet de chair, viendront s’ajouter 8 autres unités, des projets en cours de réalisation à Aïn Defla, Djelida, Rouina, Bir Ould Khelifa, Aïn Soltane et El Attaf. Dans ces nouvelles unités, au nombre de 26, une fois opérationnelles, elles pourront recevoir un cheptel avicole de 465 000 sujets, soit une production de quelque 1 600 000 sujets à raison de la mise en place de 4 bandes par an. L’aviculture c’est aussi la production d’œufs. Concernant ce domaine, la wilaya de Aïn Defla compte 31 producteurs possédant une capacité de production qui dépasserait les 300 millions d’œufs par an. Actuellement, les mises en place de poules pondeuses ne représentent que 50% des possibilités existantes et la production annuelle actuelle se situe globalement entre 150 et 170 millions d’unités. Ce segment de la filière avicole se renforce aussi avec 6 projets en cours de réalisation qui s’installent à Aïn Defla, Djelida, Bir Oulkd Khelifa et Aïn Soltane, soit 27 unités de production qui, après les mises en place, pourront contenir 3 millions de poules pondeuses avec un rendement prévisionnel de 2,5 millions d’œufs par jour. A l’horizon 2020, l’objectif fixé est de dépasser les 3 millions d’œufs par jour. Ces 6 unités nouvelles, nous a-t-on indiqué, vont générer quelque 400 postes de travail permanents. A noter aussi que 2 abattoirs modernes pour le poulet de chair sont en cours de réalisation, l’un à Oued El Djemaâ et le second à Boumedfaâ dont le rendement prévu est de produire 20 q par jour. Cependant, ces 2 unités d’abattage ne représenteront qu’une goutte d’eau dans le nombre incalculable d’abattage, sauvage, qui sévit à travers toutes les contrées, tous les marchés et autres places publiques dans des conditions d’hygiène qui défient l’entendement, comme chacun peut le constater, au détriment de la santé publique et de l’environnement, profitant du quasi laxisme des bureaux d’hygiène. Produire c’est bien, produire beaucoup c’est mieux, surproduire sans débouchés est un non-sens en soi et même une contreperformance. En effet, l’infrastructure de base de la production d’œufs et de volailles est mise en place et opérationnelle. Le seul moyen de gérer cette surproduction est l’investissement dans la conservation et l’exportation. Pour l’heure, dans ce domaine, sur le territoire de la wilaya de Aïn Defla, malgré toutes ces potentialités, aucun projet n’est formulé encore moins déposé pour l’heure dans ce but. A ce sujet, un appel est lancé en direction d’éventuels investisseurs à même de réaliser des unités de conservation, de transformation et pourquoi pas l’exportation. De plus la conservation, la transformation et, ou l’exportation permettront la régulation du marché et éviteront les perturbations du prix à la consommation car souvent le kilo de poulet vif passe d’un jour à l’autre de 180 à 400 DA, surtout à la veille des fêtes.

Karim O.