L’Algérien remplace les protéines animales apportées par les viandes par celles du lait, a souligné l’économiste et expert dans la filière avicole, Laâla Boukhalfa, lors du forum dédié à cette filière, tenu en marge de la 14e édition du Sipsa Agrofood, qui a pris fin hier.
« L’Algérien est encore trop loin de la norme recommandée en matière de consommation des viandes, néanmoins le déficit constaté est partiellement compensé par les protéines apportées par le lait dont la consommation dépasse de loin la norme recommandée, soit 90 litres par an et par individu », a indiqué M. Boukhalfa. Cet état de fait est, essentiellement, dû aux difficultés que connaît la filière. Des difficultés liées surtout à la hausse régulière des prix des intrants importés, notamment le maïs et le tourteau de soja, rentrant dans la fabrication des aliments de volaille.
Afin de réguler le marché, les pouvoirs publics ont mis en place des dispositifs, notamment « l’opération triangulaire » et le système de régulation de la production agricole de large consommation (Syrplac), appliqués surtout par les structures relevant du secteur public. Cependant, ces dispositifs n’ont pas porté leurs fruits, selon les participants. Les raisons ? Le secteur est dominé à plus de 90% par le privé et 70% des élevages relèvent de l’informel. M. Boukhalfa a suggéré « un système de fédération et de concentration réunissant les différents opérateurs par la mise en place d’une charte sanitaire ouverte à l’ensemble des professionnels ».
Par ailleurs, il est recommandé « la création de groupements d’intérêts communs par segment d’activité ». Comme il est urgent de mettre en place un observatoire avicole par wilaya, par région et à l’échelle nationale, a-t-il appelé. Pour sa part, le Dr Amine Bensemane, président de la Fondation Filaha Innove, a proposé de s’inspirer du modèle marocain en matière d’organisation de la filière avicole prise en charge exclusivement par les professionnels.
En 2011, la situation de la filière avicole marocaine était identique à celle de l’Algérie, ont rappelé des vétérinaires marocains présents au forum. Néanmoins, elle a pu s’en sortir grâce à la Fédération interprofessionnelle de la filière avicole (Fisa), composée de cinq associations qui représentent toutes les branches d’activité. Il s’agit de l’Association des fabricants des aliments composés, celles des accouveurs, des producteurs de produits de transformation, des abattoirs agricoles et des producteurs de volaille (poulet de chair et dinde). Les autorités marocaines ont entamé l’opération par des contrats programmes avec les professionnels et un cadre juridique très stricte et le contrôle de l’Ansa (agence sanitaire), poussant les professionnels à s’organiser et adopter des règles de pratique saine.
Des investissements privés et une mise à niveau des élevages ont été réalisés pour sortir la filière de l’anarchie. En 2013, au Maroc, la production a atteint 420.000 tonnes de poulets de chair, 75.000 tonnes de viande de dinde et 2,75 millions de tonnes d’aliments composés pour volaille, selon les chiffres de la Fisa.
Fella Midjek