Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a averti, hier, sur un risque «inévitable» d’afghanisation de la région du Sahel en cas d’intervention militaire non préparée dans le nord du Mali.
La déclaration de Medelci dans une interview à la chaîne Al Arabiya intervient à la veille de la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU pour examiner la question d’une intervention militaire étrangère au Mali.
Il a souligné, dans ce sens, que «le risque existe» et que « l’Algérie oeuvre à l’éviter pour que notre région ne vive pas les mêmes évènements que ceux qui ont secoué d’autres régions, lesquelles pâtissent aujourd’hui d’agissements politiques qui ont prouvé leur échec».
Abordant justement la position algérienne, il a estimé qu’aujourd’hui «la grande majorité des pays intéressés par la situation au Mali ont adopté la vision de l’Algérie concernant la lutte antiterroriste dans cette région du Sahel». Une vision partagée, a-t-il soutenu, «dans la même perspective et avec la même aspiration» et qui est «basée sur l’unification des rangs de tous les enfants du peuple malien pour la lutte contre le terrorisme», qu’il considère comme la solution idoine à la crise dans ce pays.
Il a soutenu que «la coopération militaire ne signifie pas nécessairement la préparation d’une guerre, mais consiste plutôt en une assistance à l’institution militaire malienne pour qu’elle puisse préserver l’intégrité du territoire malien». Car, a-t-il poursuivi, «l‘idée d’une intervention militaire dans ce pays (Mali) s’est transformée en un projet ambigu pour tous y compris pour l’ONU ».
Interrogé sur la médiation du président burkinabé entre les autorités maliennes et les rebelles touaregs du MNLA et des islamistes d’Ansar Edine, Mourad Medelci a exprimé sa satisfaction des «avancées accomplies par les rebelles que [nous] ne citerons pas et les responsables maliens».
Un plan et des principes qui, selon lui, encouragent à chercher une solution politique à cette crise. Il a ajouté que les responsables algériens ont des contacts «avec les rebelles et les autorités du Burkina Faso et nous demeurons convaincus que cette solution revêt des dimensions sérieuses et requiert beaucoup de vigilance et de patience pour aboutir», soulignant toutefois que « l’Algérie ne saurait négocier avec une quelconque partie non convaincue de l’intégrité territoriale du Mali que l’Algérie défend» mais qu’il appartient aux Maliens de choisir le mode de gestion de leur pays.
CRIMES COLONIAUX : EN ATTENTE DE POSITIONS «PLUS CLAIRES»
Sur un autre chapitre et concernant les crimes commis durant l’époque coloniale, Mourad Medelci a dit que «le peuple algérien qui attend depuis longtemps une reconnaissance à travers une position plus claire est serein, car l’Histoire juge celui qui a agressé l’Algérie». Cette réponse intervenait à une question sur la reconnaissance par la France des crimes contre les manifestants le 17 octobre 1961 à Paris.
Il a ajouté que l’Algérie «a pris acte avec satisfaction de cette position prise à un haut niveau», en référence à la déclaration de François Hollande qui avait affirmé dans un communiqué diffusé par l’Elysée le 17 octobre 2012 que «la République reconnaît avec lucidité» les massacres d’Algériens le 17 octobre 1961, rendant hommage à la mémoire des victimes de la sanglante répression policière.
Pour M. Medelci, cette déclaration «revêt un caractère symbolique car nous avons devant nous un nouveau président animé d’une volonté de consolider les relations avec l’Algérie qu’il devrait visiter prochainement ».
Yassine M.