Encore groggy, les responsables de l’Union européenne tentent de parer au plus pressé pour éviter l’hémorragie au vu de la multiplication des appels pour l’organisation de référendums similaires à celui organisé par le Royaume-Uni, mais semblent avoir, tous, le même mot d’ordre, qui est désormais “réformes”. Michel Barnier, conseiller auprès du président de la Commission européenne, a déclaré : “On doit agir sans forcément faire un traité tout de suite. Il y a des choses à corriger comme remettre plus de démocratie dans le débat européen, réduire la bureaucratie et corriger cette dérive ultralibérale”, l’heure est à repenser d’abord l’Union européenne pour se lancer ensuite dans les réformes nécessaires. Pour un certain nombre de ministres italiens, il est urgent que l’Union européenne repense sa politique, sans quoi elle risquerait un effondrement, après que les Britanniques ont voté pour en sortir.
Ainsi, le chef de la diplomatie italienne, Paolo Gentiloni, qui considère qu’il serait naïf de sous-estimer le sens du vote britannique ou le risque de l’émergence d’un sentiment europhobe sur le continent, “le risque (de contagion politique) est tel que nous devons envoyer un message clair, (celui de) refonder le projet européen”. Son collègue des Finances, Pier Carlo Padoan, pense, quant à lui : “Nous devons changer nos priorités (…). Nous avons mis depuis des mois sur la table des propositions en faveur des véritables priorités que sont l’emploi, la croissance et l’égalité.” Sur un ton plus tranchant, il insistera sur le fait que “l’Europe ne peut pas se préoccuper que des banques. Nous devons aussi penser aux citoyens”. L’ancien chef de l’État français, Nicolas Sarkozy, affirme qu’il n’y a qu’un enseignement à tirer du Brexit et qui “exprime un rejet fort de l’Europe telle qu’elle fonctionne. Il faut refonder l’Union européenne”.
Les hauts responsables de l’UE reconnaissent que leur institution ne fonctionnait pas, jusque-là, sur des bases vraiment démocratiques, à commencer par la Commission européenne, dont le rôle était de décider et de donner des ordres sans tenir compte de la réalité du terrain et de ce que voulaient les peuples européens. Hier, les six ministres des Affaires étrangères ont aussi relevé la nécessité pour l’Europe de se rapprocher de ses citoyens et de répondre à leurs attentes. “Nous devons avoir la possibilité de nous occuper de l’avenir de l’Europe”, a affirmé le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault. La presse européenne d’hier s’est surtout interrogée, à l’image de La tribune de Genève, sur le silence de l’UE durant toutes ces années alors que “la colère des peuples européens gronde”, qui “veulent que leur industrie, leurs emplois, leurs conditions de vie, leur sécurité soient mieux défendus en Europe”. Pour l’Hebdo suisse : “L’Europe fiscale, budgétaire et sociale n’existe toujours pas. La monnaie est le miroir d’un peuple, elle n’est pas son horizon.”