Ces cinquante dernières années, le pourcentage de la population du thon rouge a régressé de 75%. Fait particulièreme nt alarmant puisqu’en dix ans seulement, la disparition du thon rouge est de 61%.
Selon les spécialistes, la survie du thon rouge est plus que menacée, et sans intervention majeure et immédiate, dans trois ans on risque de ne plus avoir de thon rouge dans nos plats. Ce qui, dans l’état actuel des choses, ne serait d’ailleurs pas conseillé.
À partir de cette année, les exploitants étrangers ne participeront plus à la campagne de pêche au thon rouge dans les eaux sous juridiction algérienne, qui sera désormais réservée aux opérateurs nationaux, a appris, hier, l’APS auprès du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques.
« A partir de cette année (2010), les exploitants étrangers n’ont pas le droit de participer à la campagne de pêche commerciale du thon rouge dans les eaux sous juridiction algérienne », indique-t-on au ministère, précisant que « cette exploitation sera réservée uniquement aux thoniers nationaux ».
Cette mesure fait suite à la décision de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l’Atlantique (ICCAT), de ne pas attribuer la pêche de cette espèce aux pays tiers et que chaque pays doit baisser son quota en utilisant ses propres moyens, indique la même source. À noter que, l’ICCAT, qui rassemble les Etats pêcheurs, a décidé, en 2009, de réduire le quota de pêche autorisé à 13.500 tonnes en 2010 contre 19.500 tonnes l’année d’avant.
Chaque année, l’Algérie accorde des licences de pêche des grands migrateurs halieutiques à durée déterminée soit du 1er au 31 mai, rappellet- on. De plus, un quota d’affrètement de 223,4 tonnes a été proposé aux exploitants étrangers durant la campagne de 2009.
Toutefois, le ministère a souligné que l’Algérie dispose de thoniers équipés pour la pêche de ce poisson, précisant, par ailleurs, que l’interdiction par l’Algérie d’exporter cette espèce dépendrait de la décision de la Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées (Cites), qui se réunit du 13 au 25 mars à Doha au Qatar.
Etant menacé par la surpêche, le thon rouge pourrait être inscrit à l’annexe I de la Convention de l’ONU sur le trafic des espèces menacées (Cites), synonyme d’interdiction du commerce international pour tous. Les espèces inscrites à l’annexe I sont les plus menacées de toutes les espèces animales et végétales couvertes par la Convention, affiliée à l’ONU.
L’annexe II de la Convention impose quant à elle de fortes régulations du commerce des espèces animales et végétales menacées, assorties de permis d’exportation, alors que l’annexe III, c’est le pays qui met des conditions d’exploitation et de commercialisation de l’espèce proposée à ce niveau.
Pour rappel, l’inscription du thon rouge dans l’annexe I de la convention a été proposée par la Principauté de Monaco en 2007 suite à un constat faisant état de disparition des deux tiers des stocks de cette espèce en Méditerranée, et ce, entre 1957 et 2007 et de 82% en Atlantique ouest, entre 1970 et 2007.
Grand migrateur, ce poisson se reproduit uniquement dans le Golfe du Mexique et en Méditerranée, où se font 80% des captures. Depuis son entrée en vigueur en 1975, la Cites régule ou interdit déjà le commerce de 34.000 espèces de faune et de flore sauvages.
A titre d’information supplémentaire, les Etats-Unis se sont prononcés jeudi dernier en faveur du classement du thon rouge dans la liste des espèces menacées. Ce qui aboutirait à l’interdiction du commerce international de ce poisson, dès 2011.
Sonia Chibane