Avec «Stream» et «Norbox», les Algériens ont trouvé la parade pour décoder les chaînes cryptées

Avec «Stream» et «Norbox», les Algériens ont trouvé la parade pour décoder les chaînes cryptées

bouquet.jpgC’est le bouquet !

Les adeptes de la parabole et des chaînes étrangères seront bien servis. Le phénomène du piratage se conjuguera à partir de janvier 2010 au passé car tous les réseaux pirates seront fermés pour laisser place à un commerce officiel et organisé.

Ainsi, la société algérienne Stream a mis en place un démodulateur type afin d’éviter aux citoyens d’être la cible des différentes arnaques. Le démo en question est le Stream 220, il est doté d’un serveur, sinon de toutes les cartes que la société a achetées au préalable auprès des groupes de télévision. Il s’agit, entre autres, du bouquet Canal+, TPS, France Télévision et autres Al Jazeera avec ces différentes facettes, général et sport.

A notre déplacement à l’un des points de vente de la fameuse clé, notre surprise fut grande. Sur 1000 pièces acheminées de l’usine à la fin de la semaine écoulée, il ne reste plus que 6 unités. Selon le gérant du dépôt, «ces jours-ci, on a remarqué un engouement sans précédent sur notre produit, ce qui nous réjouit à plus d’un titre».

S’agissant du fonctionnement et des «pouvoirs» du démodulateur Stream, un des techniciens a signifié que le système mis en place est nouveau dans notre pays et que le réseau internet est une condition sine qua non pour son fonctionnement. Le syntoniseur est vendu avec un code qu’on transcrit sur le réseau pour pouvoir avoir toutes les chaînes de télévision. Quant à la formule de piratage de ces chaînes, notre interlocuteur a nié en bloc ces accusations :

«L’entreprise Stream a acheté toutes ces cartes d’abonnement figurant dans le serveur du démodulateur et nous les avons installées via un système électronique qui n’a pas de date d’expiration.» Le démo est cédé à 16 000 DA chez Stream et quelque 18 000 DA chez les commerçants détaillants. Hier, à la maison Stream, il y avait un monde fou venu des wilayas limitrophes d’Alger. Nous nous sommes approchés de Dahmane qui vient de Médéa pour l’achat de trois machines.

Ce dernier affirme : «J’utilise ce moyen depuis 1 an et demi déjà et je dois vous avouer que ça marche. Là je suis venu spécialement pour prendre trois autres pour des proches. Il faut profiter du prix actuel parce que d’ici la fin de l’année les tarifs vont certainement connaître une flambée.» Un autre citoyen algérois a avoué que c’est son voisin qui lui a conseillé ce matériel, alors qu’avant il achetait des cartes différentes qui lui coûtaient environ 17 000 DA chaque année.

Il faut signaler aussi qu’à partir de janvier 2010, le captage analogique disparaîtra et donc les démodulateurs ne serviront à rien. «Imaginez si je dois encore payer les frais des chaînes du groupe France Télévision, je vais me retrouver avec 20 000 DA minimum par an, ce qui représente un salaire mensuel pour un père de famille.»

Nesrine, qui était au côté de Dahmane, renchérit : «Aussi avec ce moyen ça sera du deux en un puisque les ménages pourront, en plus de regarder les chaînes de leur choix, bénéficier de la connexion internet, tout bénef.» Néanmoins, des zones d’ombres caractérisent encore cette formule qui à première vue est magique mais comment expliquer la vente des cartes de Canal+ par son représentant en Algérie ? Idem pour les cartes Al Jazeera et Al Jazeera Sport ? Ou encore la fiabilité de cette machine magique ?

Une technologie qui ébahit

L’autre dernière invention en la matière est incontestablement le Nor Box. Cet appareil arrivé dernièrement en Algérie est en phase de se vendre comme des petits pains. Le principe est simple, selon Mohand, un technicien en la matière : «Cet instrument n’a rien à voir avec le système appelé sharing, c’est-à-dire la réception télé via internet. Le Nor Box est un décodeur de bouquets par assiette parabolique.»

Pour plus d’informations, nous nous sommes rendus chez l’un des magasins branchés de la capitale. Kouba est devenue à travers les ans une ville hi-tech par excellence, eu égard au nombre de boutiques spécialisées en électronique qui s’y trouvent. Khaled est le tenant d’un magasin bien connu par les Algériens, notamment les grossistes qui y affluent des quatre coins du pays pour s’approvisionner.

«C’est un nouveau moyen mis en place par des experts en piratage, ce système s’adapte aux démodulateurs de marque Condor, Stream et Starsat. Il suffit de brancher la fiche DB9 de Nor Box au démodulateur, une fois relié ce dernier à une assiette parabolique qui doit être orientée par un technicien vers un satellite bien défini qui décode les chaînes.» Sur le nom du satellite, Khaled n’a rien voulu dire : «Achetez le Nor Box et vous saurez de quel satellite il s’agit !»

Cependant, le prix de l’appareil s’est envolé en l’espace d’une journée, il est passé de 7200 à 11 000 DA, ce qui renseigne sur la demande croissante de l’appareil. Le fonctionnement de ce nouveau système est relié directement à une station terrestre émettrice qui transmet un signal au satellite en question qui à son tour alimente et décode tous les bouquets de télévision. Il est à noter par ailleurs que l’ensemble des pays ont signé une convention internationale interdisant le piratage.

Néanmoins, un nombre moindre de pays campent encore sur leur position. Par conséquent, la station terrestre peut se trouver en Ukraine, en Russie, à Cuba, au Venezuela, en Chine ou encore en Serbie, seuls pays où le piratage est toléré.

Enfin, au vu de l’arrivée à grands pas de la date butoir de l’arrêt de l’émission analogique des chaînes TV, il faudra s’attendre à des inventions du genre pour contourner les différents verrouillages. Sachant que nous ne sommes pas le seul pays où le citoyen pirate les chaînes de télévision et suit les programme pour rien.

E. M.