Avec l’été, l’heure de vérité approche pour Sonelgaz

Avec l’été, l’heure de vérité approche pour Sonelgaz

Le pic de consommation est devenu la hantise de la compagnie publique algérienne Sonelgaz. Des investissements gigantesques sont lancés pour éviter les incidents et le délestage, mais il est impossible d’éliminer toute incertitude.

L’heure de vérité approche pour Sonelgaz. La compagnie, vivement critiquée chaque été à cause des problèmes récurrents de coupures électriques, sera de nouveau confrontée à son principal test de l’année au moment où la consommation atteindra son pic, en été. Et malgré les investissements colossaux engagés depuis une année, son PDG, M. Noureddine Bouterfa, reste prudent. «On n’est jamais à l’abri d’un incident», a-t-il insisté lundi au cours d’une émission de radio. «Vous pouvez prendre toutes les mesures du monde, on n’est pas à l’abri d’un incident. Il n’y a pas de pays à l’abri d’un incident électrique».

Le patron de Sonelgaz se veut pédagogue. Oui, l’entreprise a fait ce qu’il fallait faire. Oui, elle a mené à un rythme exceptionnel les investissements et travaux d’entretien nécessaires. Oui, elle a porté sa capacité de production au-delà du pic attendu cette année. Mais cela ne suffit pas, a-t-il dit, car aucun réseau ni aucun pays au monde n’est à l’abri d’un incident, qui survient précisément au moment où la consommation atteint son point culminant.

En une année, Sonelgaz a construit des installations supplémentaires pour produire 2.000 mégawatts. Elle a, en parallèle, récupéré 800 mégawatts en rénovant des installations. Sa production pourra atteindre 12.000 mégawatts. Ceci couvre 20% de plus que le pic de production atteint en 2012. C’est un effort immense, mais si la consommation va au-delà, les incidents pourraient se produire, a-t-il laissé entendre, en soulignant que l’augmentation de la consommation en Algérie atteint des proportions inquiétantes. Au plus fort de sa croissance, la Chine a augmenté sa consommation de 10-12%. En Algérie, le pic de 2012 a été de 18.3% supérieur à celui de 2011. C’est un chiffre «qui donne le vertige’, a-t-il dit.

DES CHIFFRES QUI DONNENT LE VERTIGE

La difficulté ne concerne pas seulement la production. Il faut aussi transporter et distribuer cette énergie. Là encore, 60 postes de transformation et 80 devaient être mis en service en 2012. Le programme est achevé à 80%, et devrait être opérationnel fin juin, selon M. Bouterfa. C’était un programme national, qui a visé toutes les wilayas. Seule défaillance, la ligne El-Kseur-Jijel, sur la côte est, n’a pu être réalisée, ce qui devrait engendrer des difficultés dans la région d’Azeffoun, mais des solutions ponctuelles sont envisagées, a indiqué M. Bouterfa.

Le patron de Sonelgaz se désole que cette question du pic de consommation focalise autant d’énergie, alors qu’en parallèle des défis énormes s’imposent à l’entreprise. Il a ainsi reconnu que des capacités de production importantes resteront gelées le reste de l’année, quand la consommation reviendra à la normale. Il a aussi admis que les possibilités d’exportation sont limitées. Les clients potentiels sont rares. L’Espagne est en surproduction, les pays du Maghreb représentent un marché mineur. Dans le même temps, Sonelgaz doit doubler ses capacités de production à moyen terme, c’est-à-dire construire autant que tout ce qui a été fait depuis l’indépendance. Ceci au moment où ses finances sont au bord de la rupture.

RENDEZ-VOUS EN VUE POUR AUGMENTER LES TARIFS

Sonelgaz est endettée à hauteur de 1.500 milliards de dinars (15 milliards d’euros). Elle a contracté 1.000 milliards de dinars de dettes (10 milliards d’euros) auprès des banques, avec une garantie du trésor, et va encore emprunter pour 580 milliards de dinars (5.8 milliards d’euros). Son déficit de trésorerie s’élève à 28 milliards de dinars, mais elle a investi 235 milliards de dinars en 2012. Ces investissements sont cependant nécessaires, selon M. Bouterfa. «Si la machine industrielle se remet en marche, il faut de l’énergie».

M. Bouterfa a cependant admis que le système actuel ne peut tenir. «On peut continuer comme ça, mais jusqu’à quand ?», s’est-il demandé. Il a déploré que «l’augmentation des tarifs se soit pas encore à l’ordre du jour». Pour lui, «il y a un rendez-vous pour l’augmentation des tarifs. Quand ? Je ne sais pas», a-t-il dit.

Le PDG de Sonatrach a par ailleurs affirmé qu’il faut aller vers la production d’équipements électriques. Le programme de développement de Sonelgaz s’élève à 30 milliards de dollars sur la prochaine décennie. Avec un programme d’une telle ampleur, il faut chercher des partenaires pour fabriquer localement certains équipements, comme les turbines.