Par
Cela peut paraître anecdotique, mais ça témoigne des difficultés des Algériennes à s’imposer en politique. Le pluralisme n’aura pas révolutionné les moeurs politiques en la matière. Ce n’est pas demain que l’on verra une femme présidente de la République.
Pour la première fois depuis 2004, la présidentielle algérienne risque d’être privée de…femmes! En effet, Louisa Hanoune, la seule habilitée à jouer ce rôle, menace de boycotter le scrutin du 18 avril prochain. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT) laisse entendre qu’elle ne sera pas de la fête pour cette élection, cela même si son parti a retiré les formulaires de candidature. Au-delà de l’aspect politique de la chose, cette défection témoigne des difficultés des Algériennes à s’imposer en politique. L’Algérie était en avance par rapport au reste de la région Mena puisque Louisa Hanoune a été la première femme candidate à une élection présidentielle dans le Monde arabe. Néanmoins, il semblerait que la politique au féminin ne se soit arrêtée que chez cette figure charismatique de l’opposition! Aucune autre vraie femme politique n’a émergé ces dernières années.
D’ailleurs, aucune ne l’a fait depuis l’avènement du pluralisme politique en 1989. La trotskiste ayant commencé son militantisme politique dans les années 1980, faisant même de la prison en 1986 avant de faire partie des membres fondateurs du PT avec l’ouverture politique. Depuis, c’est le néant! On a bien relevé les noms de députées telles Chalabia Mahdjoubi, intermittente de la politique qui n’apparaît que pendant les scrutins, avec son parti du mouvement de la jeunesse et de la démocratie (MJD). Ou bien pis encore, Naima Salhi! présidente du microscopique parti de l’équité et de la proclamation (PEP), qui fait plus parler d’elle par ses polémiques rétrogrades et racistes que par ses prouesses politiques. Elle est loin d’être un exemple à suivre pour nos jeunes filles qui aspirent se lancer dans la politique. Il y a donc un véritable fossé qui sépare la femme et ce monde qui reste l’apanage des hommes.

Pourtant, le chef de l’État, Abdelaziz Bouteflika, a tenté de remédier à la situation en instaurant en 2011 le système des quotas (hommes-femmes, Ndlr) dans les assemblées élues. 117 femmes siègent à l’Assemblée populaire nationale élue en 2017. Elles n’étaient que 30 en 2007. Un tiers des sièges de l’APN sont donc occupés par des femmes. On est champion de la parité au Maghreb grâce à cette loi instaurée par le président Bouteflika. Néanmoins, au niveau local c’est toujours conjugué au masculin pluriel. On ne compte que quatre femmes maires, pour une seule femme wali. Au gouvernement, elles ne sont que quatre pour 29 portefeuilles ministériels occupés par des hommes.
C’est paradoxal dans un pays où elles sont chaque année majoritaires dans les examens du baccalauréat, mais aussi dans l’obtention des diplômes universitaires. Elles sont aussi majoritaires dans les secteurs de l’enseignement et de la santé alors qu’elles sont plus de 66% au niveau de la justice, dont 45% des magistrats. Mieux, elles sont 33% à occuper des postes de responsabilité. Une révolution tranquille qui ne semble donc pas encore toucher la politique. Comment expliquer cela? Par les tabous et contraintes sociétales qui ont la peau dure? le refus des hommes de se faire commander par des femmes avec leur fameuse invention de «l’islam interdit aux femmes d’accéder aux postes de pouvoir politique, d’être juges, d’être chefs d’État»? Ou simplement un désintéressement pour ce domaine très masculin? En tout cas, la défection de Louisa Hanoune, si elle se confirme, n’est pas là pour arranger les choses.
Ce qui devrait donner à réfléchir aux politiques de laisser un peu plus de place à la gent féminine. Une chose est sûre, ce n’est pas demain la veille que l’on verra une femme présidente de la République…