Il y a une trentaine d’années, un ingénieur agronome, Kadra Nourredine avait introduit et essayé d’acclimater le blé mexicain.
Les chiffres diffèrent selon les statistiques des uns et les projections des autres. On parle de 5, voire de 7 milliards d’individus à vivre sur la planète Terre. Mais cela, au fond, ne fait aucune différence dans la mesure où la terre suffoque déjà sous le poids de tout ce beau monde. En un mot, elle ne peut plus nourrir toute cette population.
L’Algérie, par exemple, est loin de pouvoir assurer son autosuffisance alimentaire, contrairement aux annonces triomphalistes de responsables en quête de notoriété. Notre pays importe son blé, disons plutôt toutes ses céréales, soit de France soit du Canada. Tout dépend des marchés et des cours mondiaux de ces produits. Notre facture alimentaire se chiffre par milliards de dollars.
Il y a une trentaine d’années, un ingénieur agronome, Kadra Nourredine, qui sera plus tard ministre de l’Agriculture dans le gouvernement de Kasdi Merbah, avait introduit et essayé d’acclimater le blé mexicain.
Cette variété de blé qui était d’une excellente qualité et qui s’accommodait parfaitement avec la nature de nos sols, ne résoudra malheureusement pas le problème de notre autosuffisance alimentaire.
A l ‘exception du Brésil, le troisième pays émergent après la Chine dont les dépenses pour l’achat de céréales sont tout simplement astronomiques et la facture beaucoup trop lourde, la Turquie importe, elle aussi, ses céréales. Des millions d’Africains meurent de faim chaque année. Des populations entières survivent grâce aux dons et à la générosité des organisations caritatives internationales.
L’absence de structures adéquates, la sécheresse, l’ensablement de grandes surfaces et le manque de moyens ont rétréci les terres cultivables dans ce continent africain à une peau de chagrin, d’autant plus que le nombre de naissances est en hausse constante.
Mais jusqu’à quand l’Europe, le Canada et les Etats-Unis devront-ils constituer le silo à grain du reste du monde ? Jusqu’à quand devront-ils nourrir l’Afrique quand elle n’aura plus les moyens financiers pour en acheter et les pays d’Asie et d’Amérique latine quand ils n’auront plus de ressources à faire valoir ?
Selon les prévisions les plus optimistes, nous serons en 2060, c’est-à-dire dans une cinquantaine d’années, 15 milliards de bouches à nourrir soit le double de la population actuelle.
D’ici à là et selon toute vraisemblance, une bonne partie des fonds marins sera épuisée, les ressources hydriques seront rationnées et l’étendue des terres ingrates et incultes sera, sans doute, beaucoup plus large. Ce ne sera pas l’apocalypse ou la fin du monde mais cela lui ressemblerait.
C’est pourquoi, des hommes préparent dès aujourd’hui, à l’ombre de leur laboratoire, la nourriture de demain.
Avec 15 milliards d’individus à nourrir, il est fort à craindre que la civilisation de demain ne se contentera plus de manger des insectes ou des animaux mais légalisera, en toute connaissance de cause et sous certaines conditions, la chair humaine. Ce sera peut-être la dernière étape, l’ultime étape avant la disparition pure et simple de l’espèce.
I.Z