Houari Saaïdia

Une rencontre-débat ponctuée par la présentation de l’étude du plan d’aménagement du port sera organisée dès la finalisation de ce document, a annoncé le wali en réponse à une question sur l’état d’avancement de ce dossier. «Naturellement, vous serez invités à ce rendez-vous», a-t-il tenu à préciser. Voilà pour le fond. Reste pour la forme : il serait souhaitable que le «workshop» quitte les murs de l’hémicycle pour aller s’installer au sein même du port, histoire de voir les choses en 3D, en réel, après (ou avant) la projection vidéo de l’étude. Histoire aussi, voire d’abord, de donner cette symbolique de vouloir faire fondre les frontières entre la ville urbaine et la ville-port, entre la chose publique «lato sensu» et la chose portuaire «stricto sensu».
L’adhésion de tout le monde : condition sine qua non
«Nous avons ainsi demandé au bureau d’étude de nous faire deux ou trois propositions afin d’élargir notre champ d’intervention, ce à quoi il s’attèle. Deux ou trois variantes sont en cours de maturation par le maître d’œuvre avec l’ensemble des services portuaires. Je leur ai dit que si une proposition ne fait pas l’objet d’adhésion de tout le monde, elle est alors vouée à l’échec. Lors de ma dernière sortie en date au port, j’ai cru déceler un semblant d’adhésion générale autour de ce que nous envisageons. Il reste à espérer que tous les acteurs concernés concourront, chacun de son côté, à la mise à niveau et la modernisation de cet espace».
Un port intégré dans la cité et non renfermé sur lui-même
Son impact visuel depuis plusieurs points de vue différents devrait être soigneusement évalué. Les pleins et les vides, les perspectives, la hauteur des bâtiments et leurs formes volumétriques,… sont autant d’éléments sur lesquels il est possible d’intervenir pour optimiser l’intégration des sites d’interface ville/port dans le contexte urbain et portuaire existant. Les réflexions permettront de préserver et/ou créer des perspectives visuelles sur l’eau, les bassins, sur le patrimoine portuaire réutilisé, sur le port et ses activités.
Les anciennes bâtisses donnant sur la mer seront rasées pour dégager la vue et seront remplacées par des restaurants, des terrasses, une aire de repos et autres structures qui ne doivent pas altérer la vue panoramique qu’offre ce site.
Le budget, la durée des travaux et d’autres détails techniques devront être définis à l’issue de la finalisation de l’étude de faisabilité. S’agissant d’un projet plutôt «léger» qui ne demande pas beaucoup de temps, il devra être réceptionné bien avant les JM-2021.
En attendant… le port de pêche dans un état honteux
En attendant, il est pour l’heure «urgent» de fédérer les compétences pour trouver des solutions garantissant une gestion pérenne de l’aire portuaire dédiée à la pêche et à la plaisance. Le port de pêche d’Oran est pour le moins dans une situation déplorable. Son plan d’eau offre aujourd’hui une image repoussante avec des huiles, des sachets et des bouteilles en matière plastique qui flottent en surface, de la boue et parfois même des épaves jonchées sur le terre-plein et dans le fond marin, sans parler des lacunes en matière de prestations et autres problèmes créés par les professionnels et les plaisanciers. Les actions de portée limitée n’ont pas apporté les éléments de réponse appropriés aux problèmes de cet espace qui connaît une situation de saturation.
«Le port d’Oran est condamné à s’ouvrir sur la ville. Il y a au fond un cumul d’erreurs. Sans vouloir faire la rétrospective des faits, il est grand temps de corriger la situation. Nous sommes à pied d’œuvre», avait noté le wali en réponse à une question à propos du port d’Oran, dans la foulée du débat sur l’aménagement du périmètre de la Pêcherie et par effet connexe l’embellissement de la ville tout entière. Cette ouverture ne doit pas de toute évidence s’opérer au mépris des impératifs liés à la vocation de cette structure portuaire et à sa fonctionnalité, même si une externalisation de certains services annexes et autres activités aval s’impose plus que jamais dans un port fort sur-encombré et qui peine à héberger même ses compartiments principaux que sont le port commercial et de voyageurs, le terminal à conteneurs et le port de pêche.
Le port d’Oran condamné à s’ouvrir au public
Certes, il n’y a pas une incompatibilité -encore moins une contradiction- entre la fonctionnalité du port et l’aspect sécuritaire qui, lui, est lié avec son ouverture sur la ville, mais certaines contraintes, au premier rang desquelles figure l’exiguïté de l’enceinte, sont de nature à limiter et à modérer les aménagements intérieurs susceptibles de donner à la marina un caractère touristique et convivial dans une certaine mesure. Entre autres problématiques qui découlent de cet état de fait: où «recaser» les petits métiers de la pêche si l’on veut libérer les quais pour faire le ménage dans cet espace de bric-à-brac qui fait piètre figure au premier plan du port ? Quels espaces proposer aux gens de la mer en échange aux cabines -dont on veut faire un tout autre usage- qui leur servaient d’armoires jusque-là ? Autant de petits pépins qu’il va falloir adopter une démarche participative et consultative pour trouver les bonnes solutions.