Avec la fronde qui cible Abdelaziz Belkhadem,Le FLN peut-il gagner les élections?

Avec la fronde qui cible Abdelaziz Belkhadem,Le FLN peut-il gagner les élections?

Le scrutin du 10 mai représente un enjeu capital pour l’Algérie

Le Front de libération nationale, qui était donné favori du scrutin du 10 mai, part à la conquête du palais Zighout-Youcef.

Les redresseurs ont probablement creusé la tombe du patron de l’ex-parti unique mais aussi celui de leur formation politique. Un critère au moins plaide pour cette hypothèse.

Le timing pour retirer la confiance à Abdelaziz Belkhadem. Le moment a certainement été mal choisi pour mener un schisme de cette ampleur alors que d’aucuns n’hésitent pas à qualifier le rendez-vous du 10 mai de date historique. Comparable au 1er Novembre 1954, qui a vu la naissance d’un Mouvement de libération nationale, aiguillonné par le FLN historique et qui a conduit, sept années plus tard, l’Algérie à son indépendance et à son émergence en tant que nation. Ce fut le temps de la communion. Celui d’une révolution qui s’est appuyée sur un peuple qui lui était majoritairement acquis.

Le président de la République, qui a exhorté les Algériens à se rendre massivement aux urnes le

10 mai 2012 pour élire une nouvelle Assemblée nationale, n’a pas hésité à comparer cet événement au premier jour du déclenchement de la guerre de Libération nationale. «Le moment est crucial et c’est en connaissance de cause que je l’ai considéré aussi important que le

1er Novembre 1954», avait déclaré Abdelaziz Bouteflika dans un discours prononcé, le 23 février dernier, à Arzew (ouest du pays) à l’occasion du double anniversaire de la nationalisation des hydrocarbures et de la création de l’Ugta (l’Union générale des travailleurs algériens).

En donnant une triste image d’un Front de libération nationale en pleine déliquescence, ses principaux dirigeants (partisans et adversaires de son SG) sont en train de sérieusement hypothéquer ses chances de demeurer la première force politique du pays mais surtout de parasiter l’appel lancé par le chef de l’Etat -qui, rappelons-le, est le président d’honneur du parti: un poste honorifique, certes mais qui donne au vieux parti une dimension au moins égale au capital sympathie que voue une majorité d’Algériens à leur président- aux électeurs pour se rendre en masse aux urnes le 10 mai. «Tous les regards sont tournés vers l’Algérie. La réussite de ces élections vous prémunira de l’inconnu mais en cas d’échec, c’est la crédibilité du pays qui sera en jeu», avait prévenu le président de la République.

Le FLN a-t-il entendu ce message? A-t-il mesuré un seul instant la responsabilité qu’il portera en cas d’abstention massive? Ce n’est, en effet, pas cette guerre des chefs et de leadership déclarée au sein d’un parti d’une telle pointure, qui, à elle seule, peut mobiliser autant que de nombreuses formations politiques réunies à la veille d’un rendez-vous de cette importance, qui peut inciter à aller voter.

On ne peut considérer en tous les cas qu’elle constitue un indice qui montre que le scrutin du 10 mai représente un enjeu capital pour l’Algérie. Une position aussi suicidaire qu’incompréhensible de la part d’un parti qui, à l’origine, faisait passer l’intérêt national avant toute autre motivation.

Le Front de libération nationale qui était pourtant donné favori pour le scrutin du 10 mai, part donc à la conquête du palais Zighout-Youcef miné et amoindri par les dissensions internes qui le secouent depuis qu’un mouvement de redressement demande la tête de son secrétaire général. Abdelaziz Belkhadem n’abdique pas. Il veut encore y croire. Il a prédit une victoire «certaine» de son parti aux prochaines législatives «car le FLN est un parti incontournable sur la scène politique, qui aura une place plus qu’honorable dans la prochaine Assemblée populaire nationale» a-t-il promis, le 14 avril, aux cadres et militants du parti, venus assister à la cérémonie d’inauguration du siège de la mouhafadha de Tipasa.

Un sondage commandé par le quotidien El Watan entre le 14 et le 19 mars 2012, portant sur un échantillon réparti à travers

28 wilayas, donnait le FLN vainqueur. Cette enquête ne dit pas si elle a pris en compte la crise qui couve en son sein.

Depuis, la fronde contre son secrétaire général a redoublé de férocité. Il lui sera difficile, selon toute vraisemblance, de maintenir cette tendance favorable.

Le report de la réunion du comité central après le 10 mai donne un court répit au SG du FLN…Sursis ou mise à mort? Le Front de libération nationale survivra, certainement à Abdelaziz Belkhadem. Dans quel état? Réponse dans moins de 25 jours.

M. T.