Avec la forte augmentation des taxes prévue dans la loi de finances 2017: Les magasins d’électroménager pris d’assaut

Avec la forte augmentation des taxes prévue dans la loi de finances 2017: Les magasins d’électroménager pris d’assaut

Les citoyens prennent leurs devants avant la grande flambée de janvier, au grand bonheur des commerçants qui ont déjà appliqué leurs «taxes»…

L’électroménager risque de flamber en janvier! Dans l’avant-projet de la loi de finances 2017 le gouvernement a introduit une taxe d’efficacité énergétique sur les appareils importés ou fabriqués localement fonctionnant à l’électricité, gaz ou tout autre produit pétrolier. Cette taxe variera de 5 à 60% selon la catégorie énergétique du produit. C’est le flou total chez les consommateurs qui ne savent pas encore quel produit sera taxé et avec quel pourcentage. Alors, dans une réaction de survie, ils ont pris d’assaut les magasins d’électroménager! Le Hamiz et toutes les autres zones réputées pour la vente de l’électroménager sont envahis par des citoyens qui prennent leurs devants avant la grande flambée de janvier. «Réfrigérateurs, climatiseurs, machines à laver, téléviseurs…Tout est bon à vendre. On est en train d’enregistrer des records, pourtant d’habitude c’est la période la plus creuse pour nous», affirme Sid-Ali, commerçant dans cette république qu’est le Hamiz.

«Ces derniers jours l’électroménager se vend comme des petits pains, et ce n’est pas une façon de parler, je pense que le boulanger du coin n’a pas vendu autant de petits pains que nous, de climatiseurs, réfrigérateurs et autres…», ajoute-t-il heureux. «Toutes les marques se vendent très bien. Les plus célèbres sont en rupture de stocks», fait-il savoir avec des yeux qui brillent de bonheur. On a pu constater de visu que ces magasins sont pris d’assaut par des Algériens inquiets par l’après-janvier. «C’est une dépense inattendue, mais essentielle. J’ai dû emprunter un peu d’argent pour pouvoir acheter un climatiseur, mais je sais que si je ne le fais pas maintenant je ne pourrais pas le faire l’année prochaine», nous explique un quinquagénaire, fonctionnaire de son état, qui était en train de charger son appareil à l’arrière de sa petite voiture chinoise.

Fouad, lui, doit se marier dans une année. Il devait équiper sa maison en électroménager l’été prochain. Mais l’annonce d’une surtaxation de ces produits en 2017, l’a poussé à avancer cette dépense. «On m’a dit que l’électroménager va augmenter de plus de 60%, je préfère donc prendre mes précautions de peur de ne pouvoir rien m’offrir comme équipement l’année prochaine», rapporte-t-il en soulignant, comme la majorité des personnes rencontrées, qu’il ne savait pas que cette taxe est variable et qu’elle ne concernera que les appareils énergétivores. «Vous m’apprenez quelque chose», lance-t-il avec étonnement. Un cafouillage et un manque de communication sur lequel les commerçants jouent. Beaucoup d’entre eux ont déjà appliqué leurs propres taxes! Comme avec la cigarette, ils sont en train d’augmenter graduellement les prix sans que cela n’ait aucune justification. «Certains, accusent leurs grossistes, d’autres l’usine ou tout simplement mentent aux clients crédules leur faisant croire que la taxe était en fait déjà appliquée, mais de façon graduelle», fait savoir Aami Mohamed, un retraité qui dit ne pas être tombé dans le panneau. «Ils pensaient que j’étais vieux et que je ne comprenais rien. Quand j’ai réclamé mes droits et menacé de les dénoncer, ils m’ont dit qu’ils allaient me faire un prix. Or, c’est le coût normal du produit du fait que quelques semaines avant j’étais venu me renseigner», atteste t-il.

D’autres petits malins, ont trouvé mieux. Ils font carrément de la spéculation! «Les marques les plus demandées sont introuvables dans les showrooms car ces commerçants ont acheté tous les stocks pour pouvoir spéculer sur les prix», atteste Riad, un connaisseur des arcanes du monde d’El Hamiz. Explication: «Ils connaissent très bien la réalité du marché et les marques les plus prisées. Ils s’entendent entre eux pour vider les stocks des représentants officiels en leur achetant toute leur marchandise. Puis, ils les stockent quand la demande est forte afin de créer la pénurie.» Dès que la tension s’installe, «ils commencent à sortir peu à peu leurs stocks et augmentent les prix à leur guise», ajoute-t-il. Riyad, qui souligne le fait que ces commerçants se sont organisés en réseau pour arriver à fixer les prix du marché, compare cette spéculation à celle qui se fait pour le lait, la farine et tous les produits de large consommation. «Mais aussi pour ce qui se fait avec la vente de voitures, où les revendeurs ont également créé des réseaux pour vider » les concessionnaires et dicter leurs propres lois sur le marché», témoigne-t-il avec un air des plus indignés, car il n’arrive plus à supporter le laxisme de l’Etat qui laisse les consommateurs livrés à eux-mêmes.

«Non seulement ces commerçants ne déclarent pas leurs marchandises, mais ils se permettent de faire de la spéculation sur le dos des consommateurs et cela sans que les autorités ne daignent lever le petit doigt», peste-t-il encore.

Les grandes marques nationales qui sont devenues une véritable référence en la matière essayent de couper court à cette spéculation en vendant leurs produits à des prix fixes dans leurs points de vente officiels. Ils ont même lancé des mégapromotions pour attirer les clients et surtout se débarrasser de ces produits à forte consommation énergétique qui d’ici janvier ne seront plus rentables…