Trafic de drogue et consommation de cette matière mortelle, telles sont les deux principales raisons qui ont poussé ces jeunes «égarés» à s’adonner au kif traité.
Soixante-dix pour cent des prisonniers, soit près de 40 000 jeunes algériens se trouvent en prison à cause de la drogue, selon le Directeur général de l’Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT). Tel est le constat présenté par Abdelmalek Sayeh, le premier représentant de l’ONLCDT. Aujourd’hui, les prisons du pays sont «inondées» de jeunes détenus, dont la plupart se sont rabattus sur la résine de cannabis, et ce, pour diverses causes.
Trafic de drogue et consommation de cette matière mortelle, telles sont les deux principales raisons qui ont poussé ces jeunes «égarés» à s’adonner au kif traité. «Aujourd’hui, le moment est venu pour guérir ce mal qui mène la société algérienne dans une impasse», avait à maintes reprises insisté Sayeh, lors de ses multiples sorties à la presse, et ce, à l’occasion des conférences de presse organisées par l’ONLCDT, ou lors des débats sur la situation de la drogue en Algérie animés par son directeur général.
En effet, lors de ces événements, le DG de l’Office avait soulevé cet important point, en disant qu’aujourd’hui la plupart des prisons du pays sont encombrées de jeunes consommateurs de cannabis, soit plus de la moitié, créant ainsi un véritable «embouteillage» dans les établissements pénitentiaires du pays, alors que la solution à cette problématique pourrait être trouvée si les responsables avaient traité cette situation avec intelligence. En plus de cette donnée,
Abdelmalek Sayeh avait proposé une autre solution, d’autant que la plupart des jeunes incarcérés sont de «petits» consommateurs de cannabis. «On procède à l’arrestation d’un jeune consommateur de drogue, en possession de petites quantités de cannabis, parfois ne dépassant pas les cinq grammes pour jeter ce dernier en prison, parfois même ils écopent de plusieurs années en prison, alors que la solution devait être totalement différente. Cela dit, au lieu d’incarcérer ces jeunes consommateurs de cannabis, il est préférable de créer des centres de rééducation pour mieux traiter ces jeunes, et du coup leur donner une seconde chance pour s’intégrer dans la société. En plus de cette solution, je propose également de créer une caisse spéciale, à partir de laquelle des primes seront offertes pour ceux qui fournissent aux éléments des services de sécurité des informations très précieuses sur un réseau de trafic de drogue», avait insisté à plusieurs reprises le DG de l’ONLCDT, M. Sayeh. Ces solutions proposées par ce dernier paraissent très intéressantes, voire très payantes dans le cadre de la lutte contre les trafiquants de drogue qui semblent beaucoup plus déterminés à infiltrer de grosses quantités de cannabis dans le pays, d’autant que le nombre des consommateurs a triplé durant ces quatre dernières années. Aujourd’hui, et selon des statistiques présentées, toujours par cet Office, plus d’un million et demi d’Algériens consomment du cannabis. En plus de ces chiffres alarmants, le nombre des jeunes toxicomanes avérés a triplé également durant la même période pour atteindre, cette année, près de 40 000 cas. Souvent, les services de sécurité mettent la main, et ce, en flagrant délit, sur des petites quantités de kif traité en possession des jeunes consommateurs. Des quantités qui tournent autour de 5 à 200 grammes, infligeant des peines d’emprisonnement assez lourdes pour leurs possesseurs qui peuvent atteindre, dans la plupart des cas jusqu’à 5 ans de prison ferme. D’autre part, la lutte contre les fournisseurs de cannabis bat son plein dans les villes du pays, avec des prises record réussies par les éléments de la Gendarmerie nationale. Mieux, trente tonnes de résine de cannabis ont été saisies par les GGF durant les six premiers mois de cette année. Ces coups de filet s’ajoutent à d’autres prises faites, cette fois-ci, par la police. Certes, cette lutte très efficace des forces de l’ordre a permis de mettre la main sur plus d’une centaine de réseaux de trafic de drogue, mais cela n’a pas empêché, par ailleurs, l’entrée de la drogue dans les milieux urbains du pays, surtout que d’autres réseaux ne sont toujours pas localisés par les services de sécurité.
Par Sofiane Abi