Avant-projet du code du travail « Plutôt répressif qu’avantageux », estime l’UGTA

Avant-projet du code du travail « Plutôt répressif qu’avantageux », estime l’UGTA

L’avant-projet de code du travail tel qu’il a été conçu par le ministère du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale est loin de susciter l’approbation de la Centrale syndicale.

Unanime, les présidents des fédérations ont affiché, hier, leur mécontentement quant au contenu de ce texte soumis à l’UGTA au même titre qu’aux organisations patronales pour enrichissement. Réunis pour soumettre leurs propositions et observations sur ce projet au niveau de la Maison du peuple sous la présidence du secrétaire national chargé des relations sociales, les présidents des fédérations, une trentaine, l’ont ouvertement critiqué. Les cadres de l’UGTA rejettent en bloc le projet de loi. Reste à savoir la réaction du secrétariat national.



Selon le secrétaire national chargé des contentieux sociaux à l’UGTA, Achour Telli, trois commissions ont été installées pour examiner les tenants et les aboutissants de cet article, dont la première est constituée de juristes, la deuxième d’universitaires et la dernière de syndicalistes. Il a indiqué que les 630 articles que comporte le projet du code du travail ont été décortiqués article par article comme il a été question pour les membres de ces commissions de vérifier si ces derniers sont adaptés aux lois internationales ratifiées par l’Algérie. La Centrale syndicale examinera et synthétisera ensuite les propositions émises par les présidents des fédérations et sortira enfin avec un rapport portant ses propositions et observations. Selon les présidents des fédérations, plusieurs amendements devront être introduits. Pour la majorité d’entre eux, ce projet de loi « est plutôt répressif qu’avantageux » pour les travailleurs et surtout pour les syndicalistes. Le président de la Fédération des forêts n’y est pas allé avec le dos de la cuillère pour décrier le contenu de ce projet.

« C’est une loi ultralibérale et rétrograde. Elle institue l’emploi précaire et fragilise le front social comme elle facilite les procédures de licenciement », a-t-il déploré. Pis, cet avant-projet de loi constitue, pour Beldjerdi, président de la Fédération du pétrole, gaz et chimie, qui regroupe pas mois de 155.000 travailleurs, « une contre-révolution pour le monde du travail ». A ses yeux, ce texte vient remettre en cause les acquis socioprofessionnels arrachés depuis l’indépendance. Pour Azouz Bachir, président de la Fédération des travailleurs du secteur de l’hydraulique, ce sont « les prérogatives des administrations et des gestionnaires qui vont être élargies au détriment des travailleurs ». Le rôle du syndicaliste est également réduit à néant, a fait observer Amar Takjout, président de la Fédération textile, cuir et manufacture. « Cet avant-projet de loi vise à supprimer les droits syndicaux », sinon « comment expliquer que le rôle du syndicat au niveau des comités de participations et des conseils d’administration est limité à la consultation ? », s’interroge-t-il. Le recours au contrat à durée déterminée comme mode de recrutement induira la précarité du travail, souligne-t-il.

Selon la note de présentation, dont Horizons détient une copie, ledit projet de loi « s’inscrit dans une vision économique basée sur la flexibilité du marché du travail pour libérer l’entreprise des nombreuses contraintes et lui permettre un développement plus conséquent ». Takjout a fait remarquer que la reconduction du crédit à la consommation sera, dans ce cadre, un non-sens dans la mesure où les banques n’accorderont pas de prêts à des travailleurs menacés de licenciement du jour au lendemain. Evoquant le travail des enfants, Takjout considère « scandaleux que cet avant-projet de loi l’autorise ». A noter que l’avant-projet de code du travail est composé de 8 livres avec 630 articles, 26 titres, 66 chapitres et 79 sections.

Wassila Ould Hamouda