Le collectif Point de lecture-Algérie, en collaboration avec Reaper Sound Records, ont présenté avant-hier après midi, à Alger, l’avant-première d’un spectacle assez original, intitulé «The literature concert», mêlant danse, chant, musique, et lecture en plein air de célèbres œuvres littéraires.
À ce propos, Lydia Saïdi, chargée de communication du collectif Point de lecture-Algérie et metteur en scène, nous dira que “le but de ce spectacle qui regroupe la littérature et la musique, est de joindre ces deux arts, de promouvoir les artistes, et quelque part, d’introduire la musique dans plus de contenu, afin qu’il y ait plus d’interactions entre ces deux sphères intellectuelles, et de voir, finalement, comment elles interagissent entre elles, à travers des musiques inspirées d’œuvres littéraires et de mises en scène de romans”. Quant au choix des œuvres reprises sur scène justement, l’organisatrice nous confiera : “On a voulu mettre en avant nos propres références, comme Kateb Yacine pour la littérature algérienne, Apollinaire pour la littérature française et Níkos Kazantzákis pour la mondiale, mais aussi des chansons en français, arabe et anglais”.
Par cette après-midi fraîche du premier avril, le Palais du Bastion 23 accueillait dans sa terrasse surplombant la mer, plus de deux cents jeunes venus se délecter de quelques œuvres intemporelles, du poème Bonjour de Kateb Yacine, à Alexis Zorba de Níkos Kazantzákis, en passant par Le loup des steppes, d’Hermann Hesse. Ce “preview”, comprenez par-là un avant-goût, a été ainsi animé par deux groupes de jeunes artistes qui ont donné vie à ce spectacle de plus d’une heure, avec la formation musicale The literature concert, réunie spécialement pour l’occasion, et deux jeunes chanteuses qui se donneront la réplique sur fond de lecture de poésie, de chants, et de jeux scéniques.
L’intérêt de ce spectacle, qui peut surprendre au premier abord, réside, outre sa richesse thématique et ses nombreuses références littéraires, dans la cohérence de sa conception. En effet, le lieu emblématique qu’est le Bastion 23, était au cœur de la légende qui donnera le “LA” à la représentation, portée par deux jeunes comédiennes qui incarneront le rôle de supposées sirènes qui échouèrent autrefois devant le monument historique.
Au-dessus de l’immense terrasse où s’était amassée la foule, les deux créatures font leur apparition derrière les fenêtres barricadées, qui leur donnaient des airs des prisonnières, résignées à leur sort. La première entamera, sous les notes de basses d’une formation dynamique composée d’un guitariste, batteur, violoniste, et percussionniste, perchés sur une estrade installée en contrebas des fenêtres, le poème Bonjour, de Kateb Yacine publié en 1947, sur un air solennel et mélancolique, amplifié par les notes graves de l’instrument.
Quelques instants après, la seconde “sirène” fera son apparition à la fenêtre mitoyenne, en fredonnant nonchalamment le titre Je ne veux pas travailler du groupe Pink Martini, dont le premier passage fut inspiré par les deux premiers vers du poème Hôtel, d’Apollinaire, écrit en 1913. La réaction des spectateurs ne s’est pas faite attendre dès l’entame du célèbre refrain, popularisé par une publicité pour une marque d’automobiles, et se mettront ainsi à danser et chanter en chœur.
Entraînés par une danse gitane endiablée de l’une des artistes, les spectateurs se joindront sur scène pour danser et ainsi clore le concert, sur des chansons comme Wine el harba win de cheb Khaled, Jat echta wjat eryah du regretté Guerouabi, ou encore Sultan of swings des Dire Straits.
Cette expérience artistique aura ainsi ravi une jeunesse avide d’art de la littérature en particulier, et qui semblait redemander de cette représentation qu’on espère voir se reproduire plus souvent.
À noter que les organisateurs projettent de reproduire le spectacle, dans les mois à venir, avec une possible tournée à travers le territoire national.