Dans un rapport interne de 44 pages, classé «confidentiel», établi par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), et dont la teneur a été rapportée par l’agence Reuters, la perspective pour le pétrole brut, à l’échelle du monde, demeurera sous pression. Ce rapport sur la stratégie à long terme de l’Organisation, prévoit que l’offre de brut de l’Opep -dont l’objectif de production reste fixé à 30 millions de barils par jour (bpj)- devrait légèrement reculer jusqu’en 2019 par rapport au niveau de cette année, sauf ralentissement plus rapide qu’attendu de celle des producteurs rivaux, dont font partie les États-Unis et la Russie.
Le rapport interne de l’Opep a intégré des annexes, sous forme de commentaires de certains pays membres, à l’image de l’Iran et de l’Algérie. Ces deux pays proposent un retour à la stratégie antérieure visant l’ajustement de l’offre -plus explicitement, la réduction des quotas de production- afin de pouvoir soutenir les cours sur les marchés mondiaux.
Ainsi, l’Iran propose de «conclure un accord sur un prix du pétrole juste et raisonnable pour les six à douze prochains mois» et de fixer un plafond de production pour l’Opep révisable tous les six à douze mois.
L’Algérie, de son côté, a proposé, dans l’annexe du rapport, d’adopter un prix minimum du baril et de le défendre, comme elle a recommandé aux pays membres de se rallier à l’idée de «sacrifier» momentanément les parts de marchés -discours cher aux dirigeants saoudiens- au profit de la hausse des prix, donc des recettes. L’Algérie demande également de faire reprendre à l’Opep sa place dans le marché énergétique et de renforcer son rôle dans la satisfaction de la demande en produits énergétiques dans les années à venir.
Une grande partie des pays membres de l’Opep se trouve pénalisée par la présente situation du marché pétrolier, grevant leurs budgets de sérieux aléas. Il est prévu que les ministres du Pétrole des pays de l’Organisation doivent se réunir le 4 décembre prochain à Vienne pour décider de la stratégie à adopter face à la chute continue des cours.
Il est évident que la remontée des cours ne dépend pas exclusivement de la réaction des pays de l’Opep. Le ralentissement de la croissance en Chine et la reconstitution rapide des stocks stratégiques aux États-Unis sont des facteurs qui pèsent lourd dans la balance.
En effet, les stocks de pétrole brut ont augmenté, la semaine dernière, aux États-Unis. Les réserves commerciales de brut ont progressé de 2,8 millions de barils pour atteindre 482,8 millions de barils.
Les réserves de brut restent «proches de niveaux pas vus à cette période de l’année depuis au moins 80 ans», a précisé le Département de l’Énergie. Par rapport à 2014, ces réserves ont enregistré un accroissement de 27%.
Sur les marchés mondiaux, les prix du pétrole continuent à vivre des moments moroses, enregistrant de nouvelles baisses à la fin de la journée de mercredi 4 novembre.
Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en décembre, valait 48,95 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en baisse de 1,59 dollar par rapport à la clôture de mardi.
Le baril de «light sweet crude» (WTI) sur le New York Mercantile Exchange (Nymex) était coté à 46,56 dollars, perdant ainsi 1,34 dollar pour la même échéance.
Le rapport interne de l’Opep table sur un léger redressement des cours du pétrole, mais sans grande portée par rapport aux besoins de formation des budgets publics de ces pays. Pour l’année 2016, l’Opep prévoit un prix moyen de 55 dollars le baril. Il n’atteindrait 80 dollars qu’à l’horizon 2080, à raison d’une augmentation de 5 dollars/ans.