La conférence internationale sur le terrorisme au Sahel, qui se tiendra dans trois jours à Alger, vise à créer une meilleure coordination sécuritaire entre les pays de la bande sahélo-saharienne, notamment dans le partage des renseignements.
La circulation des armes libyennes, le développement très inquiétant du crime organisé et sa connexion avec les groupes terroristes affiliés à Al Qaïda au Maghreb, le retour massif des personnes fuyant les combats en Libye dans leurs pays d’origine, le refuge de la famille de Kaddafi en Algérie, ce sont autant de sujets «chauds» abordés hier par le ministre délégué des affaires africaines et maghrébines, Abdelkader Messahel, lors d’un point de presse animé à Alger. D’emblée, le conférencier avait parlé de la circulation massive des armes libyennes dans la bande sahélo-saharienne et dans ce sens, le ministre a dit : «La circulation des armes libyennes et autres que libyennes est devenue une source de grande inquiétude pour le Sahel. Je dirais plus que le trafic d’armes dans la sous-région est devenu massif, vu la situation en Libye et ses répercussions sur la stabilité et la sécurité dans les pays du Sahel».
Ce dernier ajoute : «Les pays du Sahel font face, aujourd’hui, à une nouvelle situation créée par la Libye, du fait de la circulation des arsenaux de guerre. Cette crise peut avoir des répercussions graves sur l’ensemble des pays de la région et même extrarégionales. Cela devient une source de grande préoccupation pour certains pays de la région, je parle ici des pays qui n’ont pas de grands moyens pour agir face à ces menaces». Il a expliqué, dans ce cadre, que la prochaine conférence internationale d’Alger permettra à ces pays, dont l’Algérie, pays organisateur, et ses alliés, le Mali, la Mauritanie, et le Niger, lors de la réunion de leurs ministres des Affaires étrangères à la veille de la conférence, «de se partager les informations sur la circulation des armes et la manière dont nous pouvons y faire face». Il a également souligné, dans ce contexte, que les partenaires extrarégionaux peuvent apporter une contribution à ces pays pour faire face au retour des personnes de Libye. Pour cette raison, la conférence internationale sur le terrorisme au Sahel qui se tiendra dans trois jours, à Alger, vise à créer une meilleure coordination sécuritaire entre les pays de la bande sahélo-saharienne, notamment dans le partage des renseignements, et même au-delà de cette région, voire avec les pays de l’autre rive de la Méditerranée, les Etats-Unis, les Nations unies et les organisations antiterrorismes. Parlant de cette conférence internationale d’Alger, le ministre délégué a répondu que «la décision de l’organiser à Alger a été prévue il y a plusieurs mois, voire après la rencontre de Bamako. Donc, cette conférence internationale n’a pas été inscrite dans le calendrier spécial Libye», dira M. Messahel. Par ailleurs, le ministre a tenu à rappeler que le phénomène du terrorisme au Sahel constitue une véritable menace qui guette les pays de la région, d’autant que les terroristes d’Al Qaïda au Maghreb semblent entrés en connexion avec le crime transnational organisé.
«La Libye a sa place dans la lutte contre Al Qaïda»
Lors de son intervention, Abdelkader Messahel a indiqué, en outre, que les questions sécuritaires, notamment concernant la Libye, «relèvent des autorités libyennes», tout en ajoutant que «la sécurité dans la région est l’affaire de tous». Le ministre indique également : «Nous suivons avec intérêt l’évolution de la situation en Libye et espérons que ce pays se normalise. Nous avons besoin d’un Etat en Libye qui sera doté d’une architecture qui répond aux standards internationaux» a indiqué, M. Messahel, à propos de la crise libyenne. «La Libye a sa place dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Elle est une partie intégrante des forces de la coalition présidée par l’Algérie», a-t-il enchaîné. Interrogé sur l’accueil par l’Algérie de quelques membres de la famille du colonel Kaddafi, M. Messahel a répondu que le ministre des Affaires étrangères algérien, Mourad Medelci, s’est déjà exprimé sur cette question, réaffirmant encore que ces personnes ont été admises dans un cadre strictement humanitaire, et que leur séjour en Algérie n’a pas été encore tranché.
La lutte contre Al Qaïda est à sa troisième étape
Dans le cadre de la lutte contre la nébuleuse organisation terroriste, Al Qaïda au Maghreb islamique, nous sommes passés par deux étapes jusqu’à présent, et actuellement nous sommes à la troisième et dernière, qui consiste à déterminer le rôle de nos partenaires étrangers. Cela dit, les pays étrangers qui sont en coordination avec les pays du Sahel dans le cadre de la lutte contre le terrorisme doivent apporter un plus pour une meilleure lutte. Par exemple, d’assurer une formation de lutte antiterroriste au profit des pays de la région, échanger des informations concernant les groupes terroristes, et surtout équiper les pays les plus fragiles de moyens sophistiqués pour faire face au terrorisme, et au final aider financièrement ces pays pour faire face à leurs besoins économiques. Telles sont les propositions de l’Algérie.
Par Sofiane Abi