Avaloirs obstrués, absence de curage, manque d’entretien et d’aménagem, Les chutes de pluie font peur !

Avaloirs obstrués, absence de curage, manque d’entretien et d’aménagem, Les chutes de pluie font peur !

Il y a exactement 13 ans, des pluies diluviennes se sont abattues sur Bab El Oued, à Alger, faisant de grands dégâts. En quelques heures seulement, le vieux quartier populaire s’est transformé, transfiguré.

Des bâtisses entières se sont retrouvées inondées par les eaux de pluie. Elles se sont écroulées. 757 personnes ont péri. Les blessés se comptaient par milliers. Un cauchemar en plein jour. La catastrophe du 10 novembre 2001 était d’une grande ampleur. Malgré toutes les opérations de réfection et de rénovation effectuées depuis, les images de la terrible hécatombe marquent encore les esprits. Ce qui s’est passé ne pourrait être oublié du fait qu’à l’origine des pertes en vies humaines et matérielles, il n’y avait pas que «la nature», mais aussi l’homme.

La bêtise humaine qui s’est manifestée par le manque flagrant d’entretien des réseaux d’assainissement, l’absence de curage et de tout contrôle qui serait à même de prévenir ce qui s’est passé. Les avaloirs obstrués par les déchets et toutes sortes d’ordures et de décombres, abandonnés par les citoyens eux-mêmes ou par les entreprises chargées des différents travaux, étaient, en fait, à l’origine de la catastrophe. Plus d’une dizaine d’années depuis les inondations de Bab El Oued, les comportements irresponsables persistent. Ceux des citoyens et ceux des élus locaux sensés assurer la sécurité et le bien être du citoyen.

Depuis au moins une semaine, des chutes de pluie ont été enregistrées dans différentes régions du pays. Elles n’étaient pas abondantes, mais les dégâts occasionnés sur la route, dans les villes et les villages, dans les lieux de travail, voire dans les foyers, étaient assez sérieux. Les pluies en Algérie font penser aux inondations, c’est une règle. Les images reprises par certains médias et par les réseaux sociaux, durant ces jours d’intempéries, cette année et les années précédentes, témoignent de l’ampleur du désastre.

À Hussein Dey, dans la capitale, plus précisément à la rue Tripoli qui abrite le tramway, c’est simplement la désolation. Toute la voie ferrée inondée est menacée par la pluie, de même que les automobilistes qui se hasardent à emprunter cette ligne. Parfois, ils sont obligés faute d’autres passages routiers. Depuis la réalisation et la mise en service du tramway, la rue Tripoli offre la même scène de désarroi comme pour réitérer chaque fois son appel à la sauver de ce grand monstre que sont les inondations. Peut être qu’elle ne veut plus de ce tramway qui l’a complètement transfigurée.

Le grand problème sur cette rue, O combien jolie autrefois, réside dans son réseau d’assainissement. Avaloirs constamment obstrués par la faute même des habitants, comme c’est le cas partout ailleurs, jusqu’à menacer de véritables catastrophes, comme celle survenue le 10 novembre 2001 à Bab El Oued, entraînent de nombreux morts, blessés, effondrements de bâtisses et autres pertes matérielles très importantes.

La menace est toujours là, omniprésente, mais des citoyens continuent dans la même erreur et avec eux les responsables locaux qui accordent peu d’attention à ce genre de problèmes jusqu’à ce qu’ils agissent sous la pression. La pression des inondations et celle des citoyens qui lancent des cris de détresse de l’intérieur de leurs maisons.

Les propriétaires des commerces qui se trouvent aux abords n’en sont pas moins pénalisés. La situation est la même partout ailleurs. Dans les grandes villes plus que dans les régions enclavées. Alger, Tizi Ouzou, Béjaïa, Jijel, Tlemcen, Ghardaïa et plusieurs autres wilayas, les chutes de pluie transforment les villes, de manière inquiétante, en quelques heures seulement pour ne pas dire des minutes. Tout cela parce qu’il n’y a pas d’entretien.

Les programmes de vérification de l’état des avaloirs ne se fait pas régulièrement. La société civile ne s’y implique pas. Les deux partenaires auraient pu s’investir, de manière continue, dans des campagnes et des actions concrètes ayant pour objectif d’assurer l’hygiène permanente des quartiers, l’entretien des réseaux d’assainissement, le maintien du bon état des routes… tout un ensemble de mesures pour réduire au maximum les dégâts qui pourraient être causés par les intempéries. Même du côté des stations de métro, les usagers ne sont pas au bout de leur peine. Il est vrai que les pluies n’atteignent pas le quai, mais combien de fois elles se sont infiltrées dans la station, celle de Hussein Dey.

Dans leurs communiqués, les services de la Gendarmerie nationale et ceux de la Protection civile font état d’une augmentation considérable des cas d’accidents de la circulation pour cause d’intempéries. Chaque fois d’ailleurs que les pluies sont annoncées dans une ville ou autre, ces mêmes services se mettent en état d’alerte et mobilisent tous leurs moyens pour faire face à la situation. Non sans réitérer leurs appels aux citoyens, particulièrement les automobilistes, pour faire montre de prudence.

Les deux corps font un travail remarquable. Ce n’est pas le cas des autorités communales qui, malgré les accidents pour ne pas dire les catastrophes à répétition, continuent de faire montre de laisser-aller et de négligence. Les entreprises Asrout et l’Office national d’assainissement interviennent lorsqu’elles sont sollicitées par les citoyens et les représentants locaux. Elles aussi se plaignent toutefois du fait qu’elles ne peuvent résoudre tous les problèmes du moment que la prévention incombe justement aux responsables locaux et aux citoyens. Les différentes parties se rejettent la responsabilité et c’est donc le même scénario qui se répète chaque année, à la moindre chute de pluie.

Ces pluies, pourtant bénéfiques pour l’agriculture, pour les barrages et pour la vie du citoyen, de façon générale, deviennent une malédiction tant que ce genre de comportements persiste. Hier, à la rue Bouzerina (ex-rue de la Lyre), à Alger-centre, un vieil homme est décédé et quatre autres personnes ont été blessées suite à l’effondrement partiel d’un immeuble. Ce dernier, un dortoir en restauration, a perdu son plancher. Un grand mouvement de panique s’en est suivi à la rue de la Lyre et une véritable catastrophe a été évitée de justesse.

En effet, la rue est connue pour être très fréquentée, notamment par la gent féminine. «Imaginons que cela se soit produit à midi ! Ce serait une véritable catastrophe», relève une jeune femme, la trentaine, habituée à se rendre dans ses marchés. L’effondrement partiel de l’immeuble s’est produit aux environs de 8h30.

Un jeune du quartier, vraisemblablement très en colère contre le propriétaire du dortoir, parle du mauvais état du plancher, aggravé davantage suite aux dernières chutes de pluie. La pluie, encore une fois, mise en cause dans une catastrophe. Cet immeuble n’est pas le seul à être dans ce cas. La plupart des vielles bâtisses d’Alger et d’autres villes du pays, et même certaines construites récemment, le sont également.

K. M.