Après les cas espagnols et américains, la France vit dans la crainte que l’épidémie du virus se propage sur son territoire. Ce risque est pourtant nul selon les autorités sanitaires. Et au quotidien, les risques d’attraper Ebola sont faibles. Explications.
Malgré les multiples alertes de ces derniers jours, aucun cas d’Ebola n’a encore été détecté sur le territoire français. Seule une infirmière contaminée au Liberia a été soignée puis guérie dans un hôpital francilien. La ministre de la Santé Marisol Touraine a promis vendredi la transparence sur ce sujet. Elle a ajouté que toutes les mesures sont mises en place pour contrer une éventuelle épidémie. Même si le risque « est nul », selon Christophe Rapp, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital de Saint-Mandé (Val-de-Marne), cité par Le Monde.
Mais l’inquiétude demeure, notamment du côté des infirmiers, en première ligne si des malades arrivent en France. D’autant que des premiers cas de contamination hors-Afrique sont apparus en Espagne et aux Etats-Unis. Si le virus ne se transmet pas par l’air, contrairement à la grippe, il reste redoutablement contagieux. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a d’ailleurs revu ce mardi à la hausse le bilan (4447 morts) et le taux de mortalité de la maladie (70%).
Est-ce que je peux attraper Ebola en prenant le métro?
C’est très peu probable. Sur son site dédié, le ministère de la Santé rappelle que le virus ne se transmet pas « par contact ordinaire dans des lieux publics et les transports en commun avec des personnes qui ne semblent pas malades. » Car déjà pour être contagieux, il faut présenter des symptômes: fièvres brutales, diarrhées, vomissements… Et plus les symptômes sont forts, plus la personne est contagieuse et moins susceptible de sortir. Il n’y a pas de contamination possible en période d’incubation. Et le risque est faible lors des premières phases de la maladie.
Ensuite, le virus se transmet uniquement par les fluides humains tels que le sang ou les vomissures (liste complète sur le site de l’OMS). Mais ces derniers doivent être au contact soit de votre peau si elle présente une liaison –une « micro-égratignure suffit », note Rue 89– soit par les muqueuses, comme l’oeil ou le nez. De plus, le virus entier vivant n’a jamais été isolé dans la sueur, précise l’OMS, ce qui réduit grandement les risques d’être contaminé par un malade qui transpire.
Concrètement, il faut réunir un certain nombre de facteurs pour attraper Ebola en touchant une barre de métro. Il faudrait par exemple que votre main présente une coupure et que la main du malade qui l’a touchée avant vous saignait. Ou encore que votre main est saine mais que vous vous frottez l’oeil juste après avoir touché la barre contaminée. De même, le risque est faible mais existant de contracter le virus si quelqu’un vous tousse ou éternue à la figure de très près en vous envoyant un postillon dans une muqueuse.
Le Guardian précise néanmoins que le virus est fragile et ne survit pas longtemps, ce qui réduit encore plus les risques. Il peut être facilement détruit par « la lumière du soleil, la température, l’eau tiède ou encore les désinfectants. » Le quotidien britannique rappelle en outre que les personnes les plus à risque en cas de contamination sont le personnel soignant, qui porte normalement les équipements de protection nécessaires.
Est-ce que je peux attraper Ebola en allant aux toilettes publiques?
Comme pour le métro, le risque est très faible. Ne serait-ce que parce qu’un malade très contagieux utiliserait plutôt les toilettes de l’hôpital où il est soigné et pris en charge que les toilettes publiques. Un lieu qu’il n’est pas censé fréquenter au vu de son état de santé. Mais les selles, le vomi -et l’urine dans une moindre mesure- font partie des fluides qui peuvent transporter le virus. Être en contact avec, c’est prendre le risque d’être contaminé. Le Guardian précise même qu’il s’agit des secrétions les plus dangereuses car dites « biologiques. »
C’est notamment pour cela que le personnel de l’hôpital de Saint-Mandé, où était traitée l’infirmière française contaminée au Liberia, solidifiait « les selles et l’urine après les avoir traités à la javel », expliquait le chef du service des maladies infectieuses au Monde.
Est-ce que je peux attraper Ebola en faisant l’amour?
Oui, le virus peut se transmettre par le sperme. L’OMS indique même que la semence masculine peut contenir une charge virale jusqu’à sept semaines après la guérison du malade. La protection lors des rapports sexuels est donc évidemment recommandée par le ministère de la Santé. La Croix rappelle que le sexe féminin possède une grande surface de muqueuses susceptibles d’être au contact de sécrétions ou de présenter des petites lésions.
Embrasser quelqu’un atteint de la maladie et contagieux -donc présentant des symptômes- est aussi risqué, notamment en cas de micro-lésions dans la bouche, comme un aphte.
Est-ce que je peux attraper Ebola en me faisant piquer par un moustique?
Pour l’heure, rien ne montre que le virus se transmet par les moustiques, contrairement à la dengue par exemple, ou par un quelconque insecte. « Il n’y a que les mammifères, comme les chauves-souris et les singes, qui ont montré une capacité à transmettre Ebola et a en être infectés », notent les Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) sur leur site.
C’est pour cela que l’Agence américaine pour le développement international (l’USAID) a insisté fin août sur le fait qu’Ebola est une maladie bien plus facile à éviter que le paludisme. Une pathologie parfois mortelle, qui sévit en Afrique et qui s’attrape justement par une piqure de moustique tigre.
Est-ce que je peux attraper Ebola en mangeant?
Si les aliments sont préparés et cuisinés de façon hygiénique, le risque de contamination est nul. Car le virus meurt avec la chaleur. L’OMS recommande néanmoins de ne jamais toucher ou consommer d’animaux susceptibles d’avoir attrapé la maladie. La chair d’un animal infecté peut transmettre le virus.
La viande dite « de brousse », comme celle des antilopes ou des éléphants, est particulièrement proscrite. On sait qu’en Afrique, un certain nombre de cas proviennent de la chasse de ces animaux et de la consommation de leur viande, soit crue soit pas assez cuite. Si ces bêtes ne courent pas les rues en France, le site Atlantico met en garde contre l’importation illégale de viande de brousse. Ainsi, chaque année, les douanes de l’aéroport Charles-de-Gaulle saisiraient 270 tonnes de ce produit.
A noter que le virus ne se transmet pas par l’eau. Même si les autorités sanitaires recommandent de ne pas se laver les mains dans la même eau que des malades, rapporte Rue 89.