Ces parents qui manifestent en compagnie de leurs enfants qui ont triché au bac, quelle couleuvre veulentils obliger la société à avaler ? Et, surtout, que veulent-ils nous transmettre comme message ?
Ces parents qui montent au créneau pour défendre, toute honte bue, leurs enfants qui ont fraudé, veulent-ils nous dire que dans ce pays tout est permis. Ou que le mensonge et la triche sont des valeurs nouvelles ? Les élèves mis en cause ont, certes, des droits, mais encore faut-il qu’ils puissent prouver que ces droits sont légitimes.
D’autre part, et c’est ce qui est le plus grave, l’attitude de leurs parents est particulièrement immorale. Elle démontre que notre société est en proie à une vraie déchéance morale. Le Baccalauréat est l’une des choses dont la valeur est, jusque- là, restée intacte.
Mais, désormais, ce diplôme qui ouvre les portes de l’université, est sur le point d’être dénaturé. Par des enfants qui ont triché. Et par leurs parents qui les soutiennent. C’est très grave. Et cela mérite qu’on y mette le holà.

Pour que les choses ne suivent pas les mêmes sentiers que ceux empruntés dans de nombreux autres domaines où des parents et leurs proches se solidarisent pour voler, pour détourner l’argent public, voire pour trafiquer des élections. Dans cette société qui, depuis des lustres, se cherche vainement la queue en y courant après, que nous reste-t-il encore à travestir pour revenir aux temps de la préhistoire.
Les renversements de valeurs ont atteint de telles proportions, qu’il est devenu désormais difficile de distinguer la vertu du vice. Tricher au bac, est grave. Soutenir les tricheurs, ou les comprendre, comme essaye de le faire le Premier ministre, est encore plus grave.
C’est la porte ouverte à toutes les dérives. Car alors même que les syndicats des enseignants ont appuyé le ministère pour faire bloc contre les tricheurs et pour défendre la crédibilité de l’examen, M Sellal a désavoué le ministre de l’Education en laissant entendre que le gouvernement pouvait lever les sanctions cette année.
C’est là où demeure l’autre gravité qui entoure ce problème. Car pardonner aux tricheurs, c’est justifier la fraude massive de l’année prochaine, puisque les élèves seront enclins à penser qu’il n’y aura pas de sanctions.
Autant pour M. Sellal que pour les parents qui demandent la reconnaissance du droit à la fraude, la faute équivaut à installer une nouvelle règle qui consiste à généraliser, ou même légitimer, la triche et le mensonge.
En inculquant à leurs propres enfants des valeurs aussi dégradantes, le Premier ministre comme les parents d’élèves, savent-ils dans quelle fourmilière ils mettent les pieds. Et savent-ils quels monstres ils risquent de soulever ?
Par parenthèses, l’école algérienne a appris à souffrir de la dévalorisation depuis une vingtaine d’années. Par touches successives, le populisme, à l’origine des résultats politiques a remplacé la pédagogie.
Face à la volonté politique de préserver la paix sociale, l’école a été transformée en réservoir des médiocres pour déboucher sur une fac faiseuse de chômeurs. Pour ne pas déroger à la règle en cours depuis vingt ans, M. Sellal qui a laissé entendre que les sanctions contre les tricheurs pouvaient être révisées, fait lui aussi dans le populisme ambiant. Ce laxisme censé contribuer à la paix sociale est improductif. A long terme, il peut être suicidaire.
R.H.