Aux concours d’enseignant du secondaire, la licence gestion est indésirable, Le piège se referme pour certains diplômes

Aux concours d’enseignant du secondaire, la licence gestion est indésirable, Le piège se referme pour certains diplômes
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Tous les pays assurent la formation de leurs citoyens pour leur permettre de vivre correctement

Ils ont géré l’enseignement supérieur comme on gère un cageot de navets qu’on étale à la sauvette sur le trottoir, le vendredi, à la sortie des stades ou des mosquées.

En Algérie, le problème de l’emploi des jeunes diplômés est une réelle catastrophe dont portent l’entière responsabilité certains hommes politiques au parcours quelconque à la tête de secteurs stratégiques. L’éducation nationale et l’enseignement supérieur – mais pas seulement – font partie de ces secteurs qui ont été menés, à un moment de leur existence, n’importe comment, par des responsables peu conscients, inaptes et peu soucieux des conséquences de leur incompétence.

Les fuites massives du pays par ces jeunes, dont la harga n’est que la partie visible du phénomène, et en plus d’être une saignée, représentent la conséquence de cette mauvaise gestion dont les préoccupations de la jeunesse ont fait l’objet. Dans notre chère Algérie, les jeunes diplômés ont fait les frais de tout un ensemble d’aberrations et, au niveau des sociétés, ces choses-là se paient sur le long terme.

LG Algérie

Les incapacités du système conjuguées aux mauvaises pratiques des hommes et à l’irresponsabilité de certains d’entre eux ont fini par achever tout un pan de cette jeunesse dont le premier tort a été d’avoir étudié et le second d’avoir cru en leur pays. Ceux qui avaient compris le comportement sournois du système avaient levé les voiles bien avant ce jour, les autres avaient pensé se réchauffer au soleil de l’Algérie en attendant l’arrivée des jours meilleurs. Belle attitude sauf que, il y a longtemps déjà, il n’y a pas de jours meilleurs chez nous. Il n’y a plus de jours meilleurs pour ces jeunes, devenus vieux sans pour autant avoir profité ou fait profiter le pays des forces, de l’enthousiasme et de la vitalité de leur jeunesse.

Tous les pays assurent la formation de leurs citoyens pour leur permettre de vivre correctement tout en étant utiles à leur pays et à leur société. Ceci implique que cette formation doit être en adéquation avec les besoins réels du pays et qu’elle évolue avec. Autrement dit, le système d’éducation doit s’adapter à l’évolution de l’environnement qui est le sien et l’anticiper en cas de nécessité. C’est cette capacité d’adaptation et d’anticipation qui lui confère d’ailleurs son intelligence, son sérieux et sa performance.

Chez nous, malheureusement, certains responsables de l’enseignement supérieur, parce que nommés non pas sur la base des critères de compétence mais au regard de ceux de la soumission, de l’applaudissement et de la puissance des louanges, ont été incapables de comprendre ces choses si basiques pourtant. Ils ont géré l’enseignement supérieur comme on gère un cageot de navets qu’on étale à la sauvette sur le trottoir, le vendredi, à la sortie des stades ou des mosquées.

Ils n’ont rien compris au besoin de faire évoluer l’enseignement supérieur chez nous. Ils n’ont rien compris au besoin de l’adapter aux réalités sociales algériennes. Ils se sont penchés sur le futile et l’insignifiant pour finir en piètres comptables du nombre de murs et de réfectoires construits alors que, ailleurs, on parle de la qualité de la formation, de l’accréditation de l’université, de l’assurance qualité… Soucieux de plaire, uniquement, ils gardaient les yeux levés vers le haut sans jamais se rendre compte qu’ils menaient l’université vers l’abîme de la décadence! Du bas de leur incompétence, ils ont cru que la meilleure façon d’évoluer c’était de faire ce que font les autres, sous d’autres cieux. Et comme ces autres-là venaient d’introduire le LMD, ils s’en sont accaparés, tout heureux d’avoir pu copier, tout chaud, ce qui n’est pourtant pas fait pour nous, ni pour notre université, ni pour nos conditions ni même pour notre réalité qu’ils avaient veillé, eux-mêmes, à détruire.

Comme ces responsables insistaient sur l’application immédiate du système LMD, certaines voix s’étaient élevées de plusieurs universités, à l’époque, pour attirer l’attention sur les conséquences qui se profilaient déjà à l’horizon. Rien à faire parce que, moins on comprend plus on fonce. Et ils ont foncé. La logique du LMD fut vite répandue et, remplacé par le master, le magister disparut aussitôt, comme par enchantement. Conséquence:les étudiants qui avaient fait le cycle classique se retrouvaient sans aucune possibilité d’accéder à des études de post-graduation. On connaît le reste, les réclamations, la sourde oreille, la marche arrière, les replâtrages grossiers, les dérogations et, bien plus que tout cela, les mensonges.

On se retrouve, en fin de compte, avec une ridicule «faveur» du ministère qui consiste à accorder un pourcentage de postes aux étudiants du classique, 10% généralement, et tout le monde sait comment s’obtiennent ces postes. On en est encore à se demander aujourd’hui pourquoi un étudiant qui a fait quatre ans ne peut pas prétendre au master de cette sorte alors que celui qui n’en a fait que trois, dans la même spécialité, garde toutes ses chances de faire le master? Une aberration, une idiotie, une bêtise que l’on ne trouvera nulle part ailleurs sur ce globe!

Certains de ces étudiants, parce qu’ils tiennent trop à leur avenir, ont décidé de partir ailleurs poursuivre leurs études. Quelques années, quelques rides et beaucoup de souffrances plus tard, ils sont revenus avec leur diplôme étranger qu’ils doivent soumettre au ministère pour l’équivalence. Une autre aberration lorsqu’on sait qu’aujourd’hui, dans d’autres pays, pour éviter les lenteurs bureaucratiques dont sont réputés les ministères, les équivalences sont devenues une affaire d’université ou de quelque organisme tout simplement. Peu importe mais la réalité est que, revenus pour avoir leur équivalence, ces jeunes doivent attendre… des années. Sans jamais prendre la peine de répondre aux sollicitations des gens, le service des équivalences du ministère de l’Enseignement supérieur accepte les demandes d’équivalence par Internet et puis… plus rien! Ni oui, ni non. Et allez donc comprendre ce qu’ils font. Comme si une équivalence d’un master demandait trois ou quatre années d’examen minutieux du diplôme pour s’assurer qu’il n’est pas contrefait, du contenu de la formation comme pour la comparer avec on ne sait quoi, du nom des enseignants comme pour s’assurer que la formation n’a pas été délivrée par des chauffeurs de taxis, de la qualité du quartier dans lequel se situe l’établissement…la bêtise! La bêtise! La bêtise!

Pendant ce temps, les jours passent. Le jeune attend chaque jour et regarde passer sa vie. Et si un concours de la Fonction publique se pointe, par hasard, tant que ce jeune-là n’a pas d’équivalence, il ne peut postuler qu’avec la licence. Tant pis! Mieux vaut cela que rien, en fin de compte.

Parmi les étudiants qui se sont présentés pour déposer leur dossier de candidature, certains ont été refoulés comme des véreux! Dans certaines spécialités, comme l’économie, la gestion et les sciences commerciales, il faut le master pour faire candidature!!! Le ministère de l’Education nationale, et malgré les moult déclarations de Mme Benghebrit, ne permet pas aux licenciés dans ces spécialités de se présenter aux concours d’enseignants de l’enseignement secondaire. C’est le piège qui se referme sur ces étudiants. Un piège ouvert par un ex-ministre de l’Enseignement supérieur, un piège cadenassé par ses services de l’équivalence incapables de donner d’équivalence avant des années et un piège qui est en train de se refermer par les exigences injustifiées et contraires aux déclarations de la ministre de l’Education nationale. Il s’agit pourtant, de jeunes Algériens qui ont passé leur vie à étudier. Des jeunes auxquels on demande d’être fiers d’appartenir à ce peuple, de vivre dans ce pays! Vous parlez!