Aux commandes de l’exécutif depuis quatre ans: La face cachée de Sellal

Aux commandes de l’exécutif depuis quatre ans: La face cachée de Sellal
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Le Premier ministre qui bénéficie d’un préjugé positif auprès de l’opinion nationale pourrait justement être «l’oiseau rare», dont le pays a besoin pour gérer la crise.

Les finances du pays ne sont guère rassurantes. Les signaux virent au rouge, dans un contexte économique encore fragile. On voit mal le système national de production prendre la relève des hydrocarbures en un laps de temps assez court. En fait, l’Algérie n’a pas le temps d’attendre une hypothétique maturité de son industrie hors hydrocarbures au moment où ses réserves de changes ont amorcé une baisse de plus en plus inquiétante.



Bien malgré lui, l’Etat est bien obligé de souhaiter une remontée rapide des prix du pétrole, ou alors aller chercher au fond de chaque Algérien l’énergie et la patience qu’il faut déployer pour donner toutes ses chances au pays de s’en sortir. En effet, en l’absence d’une «bonne surprise» du marché pétrolier, le risque d’un effondrement socioéconomique est à craindre, en l’absence d’une prise de conscience collective quant à la nécessité de prendre sur soi et encourager la nouvelle dynamique économique jusqu’à sa maturité. C’est sans doute plus facile à faire qu’à dire, mais c’est la seule option qui reste pour les Algériens, estiment de nombreux observateurs avertis.

Cette voie obligatoire amènera le gouvernement à sonner le rassemblement de toute la nation autour d’un seul objectif, celui de tenir bon. Le Premier ministre qui a déjà fait plusieurs fois le tour des 48 wilayas, doit trouver les mots, soulignent les mêmes observateurs, pour rassurer les Algériens sur les capacités du pays à traverser la phase difficile qui s’annonce, avec un minimum de dégâts, mais avec des dégâts quand même.

Abdelmalek Sellal qui bénéficie d’un préjugé positif auprès de l’opinion nationale pourrait justement être «l’oiseau rare», dont le pays a besoin pour gérer la crise et amener les Algériens à ne pas céder aux discours catastrophistes de certains cercles qui prédisent l’enfer en Algérie. Crédible, sincère et proche des préoccupations des citoyens au vu de sa longue carrière passée dans l’administration locale, le Premier ministre aura la lourde mission de convaincre les Algériens sur la capacité de leur pays de passer le cap de la «disette». Au plan opérationnel, l’ensemble des départements ministériels s’affairent à rattraper la crise.

Dans l’industrie et les mines, dans l’agriculture, le tourisme et ailleurs, les projets naissent, les chantiers sont lancés et les prévisions, mêmes si elles semblent, à court terme, en deçà des défis, sont encourageantes. L’Etat est bien présent pour l’heure. Dans le secteur de l’habitat, le gouvernement tient ses promesses, signe que la préoccupation majeure demeure toujours le bien-être de tous les Algériens. Cela est un point positif dont les citoyens sauront s’en souvenir, lorsque la «tempête» financière frappera le pays de plein fouet.

Tant qu’il reste des moyens, l’Algérie n’abandonnera pas sa politique sociale. Ce discours a été tenu par Abdelmalek Sellal aux premiers jours du choc pétrolier et deux années plus tard, il faut bien reconnaître que la promesse est tenue. Tenant sa conviction de celle du président de la République que la finalité c’est l’Algérien et pas l’argent, le Premier ministre tiendra jusqu’au bout la «barricade» face à l’adversité de la crise et les appels des milieux capitalistes qui voudraient que le gouvernement lâche le peuple pour les servir prioritairement.

A voir l’attitude de l’Exécutif face à la crise, il est clair qu’à ses yeux, la solution ne sera pas sur le dos de la société. Les Algériens apprécieront sans doute cette manière de faire de la politique, eux qui n’ont pas encore senti les «contrecoups» du choc pétrolier, alors que d’autres peuples vivent déjà un calvaire.

Ce que certains qualifient de paralysie de l’Algérie devant l’imminence de la crise, est en réalité une preuve éclatante du souci d’une justice sociale à laquelle le Premier ministre semble tenir par-dessus tout. Et pour cause, suivre les conseils du FMI reviendrait à paupériser instantanément la société, sans que les nantis ne sentent les effets de la crise. Casser les équilibres sociaux que l’Algérie a mis près de 20 années à reconstruire, plongerait les couches moyennes dans une déprime de longue durée. Sauver l’économie en sacrifiant une partie du peuple n’est manifestement pas une option dans l’esprit de Sellal.

Il faut dire que le Premier ministre tient cette tendance «socialisante» de sa proximité permanente avec le peuple.

Enarque, fils d’une famille de boulangers, qui, dès sa jeunesse, voyait les Algériens d’en bas peiner pour s’offrir un pain, il a débuté sa carrière comme commis de l’Etat au sud du pays. Il a côtoyé les plus démunis parmi les Algériens et connaît très bien les effets de la pauvreté et surtout les conséquences d’un plan de réajustement structurel. Au plus fort de la crise multidimensionnelle qu’a traversée l’Algérie, Sellal était sur le terrain et avait certainement saisi qu’il n’y avait pas de salut dans les solutions strictement financières du FMI. Celles-ci ne font pas cas de la dignité humaine. Et celle-ci justement est un facteur prépondérant dans l’action du gouvernement et de la vision qu’a Sellal de la justice sociale.

Le président de la République l’a sans doute installé à la tête du gouvernement pour ses compétences. Mais avec la crise qui s’annonce, ses qualités humaines que tout un chacun peut deviner à travers son parcours professionnel, seront un autre atout pour le gouvernement et le pays pour passer le cap qui s’annonce difficile.