La FAO avait estimé dans son dernier bulletin repris par l’agence d’information financière Bloomberg que la saison 2011-2012 risquait de ne pas être favorable pour la céréaliculture algérienne. Une inquiétude qui découlerait du fait que les températures anormalement basses et les chutes de neige ayant marqué le mois de février dernier à travers le pays avaient réduit le potentiel de rendement céréalier.
Alors que les prévisions de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) sont inquiétantes, les déclarations récentes faites par le premier responsable du secteur de l’agriculture indiquent que l’Algérie aurait atteint le top de production et serait donc à l’abri de tout besoin en matière de céréales.
La FAO précise que la production de blé a déjà chuté l’année dernière de 11 %, à 2,75 millions de tonnes métriques, tandis que la récolte d’orge a chuté de 10 %, à 1,35 million de tonnes.
La FAO prévoit donc une hausse des importations de céréales et les prévisions tablent sur des achats de l’ordre de 9,15 millions de tonnes à juin 2012, contre 8,65 millions de tonnes une année auparavant.
Rien que pour le blé, les importations devraient atteindre un volume de 6 millions de tonnes durant la saison 2011-12, soit environ 15 % de plus que l’année précédente. Contrairement à ce qui a été annoncé par l’Algérie où un record du taux de production a été enregistré atteignant même quelque 6 millions de tonnes.
De son côté, le directeur général de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) a estimé, dernièrement, que «l’Algérie a réussi à atteindre l’autosuffisance en céréales, avec plus de 6 millions de tonnes produites cette année et autant l’année dernière, n’ayant plus besoin de recourir à l’importation de cette matière première de large consommation».
Parallèlement à cela, une source proche du secteur de l’agriculture a indiqué «qu’il y aurait «d’importantes quantités de blé d’importation en circulation dans plusieurs wilayas de l’Est» notamment. Selon notre source, «un volume considérable de ce blé d’importation aurait été mélangé au blé local pour gonfler la production locale».
C’est une pratique qui va à contre-courant de la politique du gouvernement dans le cadre du soutien à la production céréalière, explique notre source. Le ministre de l’Agriculture et du Développement local, Rachid Benaïssa, a toujours appelé les services concernés à faire preuve de vigilance contre les importateurs véreux et les faux agriculteurs qui profitent des soutiens de l’Etat pour en faire un fonds de commerce.
En tout cas, des informations à ce sujet auraient été communiquées à d’autres instances concernées dans le but d’engager des recherches et de récolter des données. Si ces volumes d’importation de blé sont réellement mélangés à ceux de la production nationale, les chiffres annoncés pourraient ne pas correspondre à la réalité.
C’est pourquoi il serait judicieux que le ministère de l’Agriculture, en collaboration avec les services de sécurité, engage une enquête approfondie sur la situation afin de débusquer les personnes impliquées dans ces pratiques.
Les données publiées par la FAO peuvent donc s’avérer justes, cette dernière soulignant que «les perspectives de production céréalière sont «mitigées» et ce suite à «l’arrêt précoce des précipitations au cours du mois de décembre dans les régions Ouest, après l’apparition en temps voulu des pluies saisonnières en novembre»
Et d’expliquer que «les pluies d’avril sont importantes pour les étapes ultérieures du cycle de culture». Faut-il noter que la FAO base ses analyses sur des données scientifiques et non sur des propos recueillis auprès d’agriculteurs sans expérience. Les observations des images satellite indiquent que les conditions de végétation sont pauvres à l’Ouest et sont insuffisantes depuis fin mars.
A contrario, les régions Centre et Est disposent de taux d’humidité suffisants pour maintenir les cultures pour l’ensemble de la saison. Et le taux de pluviométrie dans ces régions est largement supérieur à la moyenne. Ces facteurs peuvent grever la production en Algérie, où la céréaliculture reste soumise aux aléas des précipitations.
A. Timizar