Autosuffisance alimentaire : L’Algérie mise sur le Sahara

Autosuffisance alimentaire : L’Algérie mise sur le Sahara

L’autosuffisance al imentaire a constitué l’un des principaux objectifs de la pol itique agricole prônée par l’Algérie dès les premières années de l’indépendance, et, 50 ans après, elle a commencé avec succès à exploiter les énormes gisements de l’agriculture saharienne.

Plusieurs réformes et réorganisations du secteur de l’agriculture depuis 1962 ont fait qu’aujourd’hui, ce secteur participe activement à la croissance économique et à la satisfaction de la demande nationale en produits agricoles de base.

Les politiques agricoles (ou agraires) successives menées dès les premières années de l’indépendance nationale ont fait que cinquante années après, l’Algérie a réussi à mettre en place une agriculture performante. Et, surtout, misé sur les énormes potentialités de l’agriculture dans les régions sud du pays, où les rendements sont de deux à quatre fois supérieurs à ceux des régions nord et du littoral.

Le sud de l’Algérie, réputé plutôt pour ses champs pétroliers ou encore ses palmiers-datiers, réunit toutes les conditions pour garantir une agriculture performante: il y a la terre, immense, l’eau et la lumière, trois éléments essentiels pour l’agriculture. Après l’expérience réussie de la wilaya d’Adrar d’où partaient vers l’Espagne et les marchés européens des concombres, des tomates et des produits maraîchers et fruits divers, presque toutes les wilayas du sud se sont mis à…l’agriculture.

Actuellement plusieurs régions du pays sont approvisionnées en fruits et légumes à partir de Biskra, d’El-Oued, Ouargla, Adrar, Ghardaïa et Laghouat entre autres, notamment en hiver. L’agriculture saharienne connaîtra dans les années à venir ‘’un bond qualitatif au regard des efforts consentis par l’Etat dans ce cadre’’, avait affirmé le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, M, Rachid Benaissa, à El Oued en mai 2010.

Il a affirmé que 300.000 hectares de terres agricoles dans le Sud du pays seront consacrées à la céréaliculture. ‘’C’est l’un des objectifs que nous nous sommes fixé ‘’, avait-il ajouté. Les efforts déployés pour promouvoir l’activité agricole dans les régions du sud du pays ont donné lieu à la diversification des filières par l’introduction de nouvelles expériences, qui ont donné des résultats probants.

On y recense diverses cultures réussies, des dattes à la pomme de terre, en passant par la céréaliculture, les légumes, les olives, les cacahuètes et les pistaches. Dés lors, on ne peut parler d’agriculture saharienne sans évoquer ces vergers qui ont fait leur apparition à Biskra, El-Oued, Laghouat, Djelfa et Ouargla. En quelques années, ces régions sont devenues de véritables ‘’paradis verts’’, où l’on cultive toutes sortes de fruits et légumes, estiment des agronomes.

Pourtant, à l’indépendance de l’Algérie, les faibles rendements agricoles ne permettaient pas au pays d’atteindre l’indépendance alimentaire, et le problème était d’autant insurmontable que la croissance démographique très rapide avait aggravé le phénomène.

Et, au milieu des années 1980, l’Algérie importait jusqu’à 80% de sa consommation alimentaire. En 2000, le lancement du plan national de développement agricole (PNDA), rebaptisé en PNDAR avec une dimension rurale, réussit à susciter l’engouement chez les différents acteurs du secteur agricole.

L’enjeu de cette politique était de mettre fin à des décennies de tatonnements et d’échecs, et protéger les ressources qui permettent d’assurer la sécurité alimentaire du pays. Avant donc de mettre en oeuvre le PNDAR, un diagnostic de la situation de l’agriculture algérienne, de 1962 à 1999, a été réalisé pour identifier ce qui freinait son développement. Il en est ressorti que le ‘’désinvestissementdanscesecteurétait essentiellement dû à un problème de financement’’.

L’Etat décide alors de mettre en place le crédit lié, un montage financier dans lequel sont mises à contribution les banques en plus de subventions accordées par l’Etat. Bien que le PNDAR ait réussi à améliorer les rendements de nombreuses filières, les crises à répétition de la pomme de terre, du lait et des céréales ont démontré que la maîtrise de la production restait toujours à parfaire. Le Sud algérien regorge de surfaces agricoles riches en oligoéléments, en ressources hydrauliques sans compter l’énergie solaire dont le potentiel est énorme.

A ces atouts naturels viennent s’ajouter les avantages accordés par l’Etat aux investisseurs dans le cadre des différents programmes de développement en vue d’endiguer les disparités régionales. D’importantes enveloppes financières ont été ainsi allouées aux agriculteurs dans le cadre du crédit sans intérêt Rfig, lancé en 2008, crédit initialement conçu pour les céréaliculteurs, puis élargi dans une seconde étape à d’autres filières agricoles.

Apprécié par les emprunteurs du secteur de l’agriculture, ce nouveau prêt à taux zéro est manifestement un succès. Toujours dans un souci d’améliorer la production nationale agricole, l’Algérie s’est orientée vers l’expérience coréenne dans le domaine. A ce titre, un centre international de recherche agricole, Kopia Algérie, a été inauguré le 4 décembre 2011 à Alger, au niveau de l’Institut national de recherche agronomique d’Algérie (Inraa), par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa.

Ce centre aura pour première mission de réaliser trois projets : augmentation de la productivité des blés et orges, installation d’une serre multichapelle dotée d’énergie solaire et destinée à la recherche et au développement des cultures hors sol dites hydroponiques, et la mise en place d’une unité pilote de démonstration pour la production industrielle de semences maraîchères. «Une occasion pour l’Algérie de réduire graduellement sa dépendance vis-à-vis de l’étranger», avait indiqué le directeur de l’Inraa, Fouad Chehat, en décembre dernier.

Pour autant, le développement de l’agriculture saharienne est principalement confronté au problème de l’eau. L’agriculture dans le sud est exclusivement irriguée à partir de nappes souterraines dont le potentiel est estimé certes à 5 milliards de m3, mais peu renouvelable.

L’exploitation excessive des nappes souterraines au cours de ces dernières années a d’ailleurs entraîné une remontée des nappes phréatiques et une salinisation des sols. L’absence ou la faiblesse des réseaux de distribution et de transports en raison de l’éloignement des régions de production des marchés fait inévitablement grimper le prix de revient des produits agricoles et les rendent peu compétitifs par rapport à ceux du nord du pays.

Mais ces problèmes ne sont pas insurmontables, des solutions existent pour que l’agriculture du sud du pays puisse contribuer à l’amélioration de la production agricole nationale, et, surtout, parvenir à l’autosuffisance alimentaire, avec également un surplus assez important pour ouvrir l’ère des exportations.