Autoroute Est-Ouest,Cela nous ressemble tellement

Autoroute Est-Ouest,Cela nous ressemble tellement

Notre autoroute à nous ne ressemble en rien à celles des autres

Cela nous ressemble tellement

Avoir une autoroute ne diffère pas aujourd’hui, pour les pays, du fait d’avoir de l’électricité, de l’eau, des universités, une police ou un ministère du Commerce. Tous les pays du monde, ou presque, ont leurs autoroutes car cela est tombé, depuis longtemps, dans le domaine des faits divers…communs! Mais, rien à faire, notre autoroute à nous ne ressemble en rien à celles des autres. D’abord, il nous a fallu attendre cinquante ans d’Indépendance pour en avoir une, nous aussi; ensuite, elle a servi deux campagnes présidentielles comme nulle part ailleurs et, comme nous ne faisons jamais rien comme il faut, elle a tout d’une autoroute sans en être vraiment une. Cette semaine j’ai fait le voyage Constantine-Alger-Constantine et, sincèrement, bien que le temps du parcours ait sensiblement baissé, il n’y a pas de quoi être réjoui…

Chaussée: un état qui laisse à désirer

Lorsqu’on regarde l’état de la route, côté Est, on constate un grand nombre de tronçons à la qualité bien en deçà du niveau requis. Il est des endroits où l’on ne peut circuler correctement et de manière sécurisée qu’en réduisant la vitesse à moins de 60 à l’heure. Il en est d’autres où l’on a carrément peur car la route est fissurée sérieusement (sur le pont précédant l’ancien tunnel près de Bouira). A d’autres endroits, on doit circuler seulement à gauche car le côté droit de la chaussée est complètement déformé et cela entraine, bien entendu, une certaine gêne surtout lorsque vous avez une ou plusieurs semi-remorques qui vous précèdent et dont le ou les chauffeurs ne veulent pas rabattre à droite. Par ailleurs, à chaque pont, il vous faut bien vous agripper au volant car, à cause du dénivellement, c’est un véritable décollage que vous faites à l’entrée du pont et un réel atterrissage à la sortie. Bien qu’ils existent, ils sont très rares, en effet, les ponts que l’on traverse sans avoir l’impression d’être aux commandes d’un avion et que l’on traverse comme se traversent les ponts. Tout simplement.

Plaques de signalisation et aires: beaucoup est à refaire

Par endroits (entre Palestro et Bouira, par exemple), des plaques vous obligent à réduire la vitesse à 80 puis à 60 puis à 40 puis à 30 et, du coup, vous vous attendez à trouver des travaux ou une déviation etc., mais rien de tout cela, il s’agit simplement de plaques oubliées. Elles étaient certainement là au moment des travaux et l’on a oublié de les retirer. En tout cas, c’est la seule explication sensée que j’ai pu trouver à l’existence de ces plaques.

Par ailleurs, il est des endroits où l’on vous demande de réduire considérablement la vitesse (allant jusqu’à 50 comme à la sortie de l’ancien tunnel près de Bouira) à cause de la déformation de la chaussée. Il n’y a que chez nous que, au lieu de réparer la chaussée de l’autoroute, on limite la vitesse. Comme s’il s’agissait d’une ruelle de campagne.

Sur le tronçon Constantine-Alger, une seule station-service est en activité (aire des Babors) et une deuxième est en construction un peu plus loin (vers El Bordj). Autrement dit, sur les quatre cents kilomètres de route, on ne trouve que deux aires pour se reposer ou s’approvisionner en carburant ou autre, ce qui est très insuffisant, bien sûr, et très dérangeant car un véhicule qui ne peut pas prendre du carburant sur sa route est un véhicule qui risque de tomber en panne sèche avec tous les désagréments que cela entraîne. Mais là où on ne comprend plus rien, c’est que, en face de l’«aire des Babors», c’est-à-dire sur l’autre côté de la route, il y a une autre… «Aire des Babors». Manque de noms? Insuffisance d’imagination? ou autre chose que nous ne pouvons pas comprendre? D’abord, pourquoi une aire de service doit-elle être exactement en face d’une autre? Et ensuite, pourquoi doit-elle avoir le même nom? Il faudrait bien que l’on comprenne un jour pour ne pas mourir idiots!

Surveillance insuffisante

Le long du parcours, on remarque bien des équipes de gendarmes (qui, soit dit en passant, ont été très rapides à intervenir sur les deux accidents qui ont eu lieu le mercredi 25/07/2012 sur les deux voies, entre Sétif et El Bordj) qui essaient de surveiller et de sécuriser la route, mais la surveillance humaine est trop limitée dans ce genre d’entreprise. Pourquoi n’y a-t-il pas de caméras de surveillance comme dans beaucoup de pays? Ces caméras sont nécessaires chez nous plus qu’ailleurs car, chez nous, malheureusement, une majorité de conducteurs ne respectent pas la signalisation routière, une bonne partie d’entre eux n’ont pas la culture de la conduite et une autre partie est faite d’individus carrément dangereux au volant. Je citerais, par exemple, ces chauffeurs de poids lourds qui ne se gênent pas à utiliser la troisième voie, dépassant de très loin la limitation de vitesse, alors que rien ne les y oblige et que la plaque le leur interdit, ces chauffeurs peuvent être source de dangers et de dégâts, mais sans caméras de surveillance il est impossible de les prendre en flagrant délit et ni les radars occasionnels ni les quelques barrages de gendarmes ne pourront mettre fin à ces agissements qui peuvent devenir criminels. Les caméras de surveillance peuvent aider aussi à une meilleure prise en charge des flux sur l’autoroute.

Sur un autre plan, l’autoroute, dont certains veulent faire la fierté algérienne comme s’il s’agissait d’une exclusivité ou comme si nous l’avions construite de nos propres bras comme cela se fait généralement chez d’autres, porte notre marque. La vraie, celle-là! Il s’agit de l’envahissement puis de l’appropriation des espaces publics par des individus que rien ni personne ne semble capable d’inquiéter.

Par endroits, entre Palestro et El Bordj, certains n’ont pas raté l’occasion d’ériger des étals pour exposer ce qu’ils veulent vendre. Jusqu’à présent, il y a ceux qui proposent des fruits (figues, et «hendi» ou figues de Barbarie) ou des légumes (pommes de terre) et il y a ceux qui proposent des animaux (en date du 25/07/2012 c’étaient des cailles). Ce commerce de l’anarchie, on connaît bien ici. Il n’y a qu’à se rappeler comment la belle vue des gorges de Palestro était défigurée par ces mêmes commerçants de l’opportunité qui s’étaient mis à plusieurs pour salir l’endroit qui n’a pas tardé à être rempli de plumes, de sang, de salissures diverses, de pain rassis, d’ordures là où ces mêmes vendeurs sans registre du commerce proposaient, pratiquement sur la route, et à côté des cailles au barbecue et des brochettes, des animaux vivants comme le paon, le lièvre, la tortue, etc. Que les gens tentent de gagner leur vie, là n’est pas le problème! Qu’ils vendent des cailles ou des boeufs, là non plus n’est pas le problème. Le problème est ailleurs et il est multiple. Tout d’abord, la saleté qu’ils produisent sur la route est inacceptable. Ensuite, que ce comportement anarchique s’empare de l’autoroute, ceci est inadmissible. La bande d’urgence est, par endroits, occupée par ces vendeurs que rien n’autorise mais que personne n’inquiète!!! Alors que les risques d’accidents sont énormes dans ces endroits, on remarque que leur nombre ne cesse d’augmenter. Où a-t-on donc vu, dans ce monde, des vendeurs sur la bande d’urgence de l’autoroute? Existe-t-il un seul endroit sur cette planète où l’on permet de tels agissements? Je ne crois pas, sincèrement! Alors, pourquoi sont-ils tolérés chez nous? Pourquoi la Gendarmerie nationale ne chasse-t-elle pas ces individus qui, non seulement n’ont pas de permis d’activité mais qui, en plus, présentent un danger certain pour les autres?

Attendre cinquante ans pour une autoroute où l’on a l’impression que rien n’est réellement fini, où de larges tronçons nécessitent de grands travaux, où quiconque peut devenir vendeur sur la bande d’urgence et où personne ou presque ne respecte le code de conduite et encore moins le Code de la route… c’est peu. Trop peu! D’autant plus que beaucoup d’encre a coulé à propos de ce «chef-d’oeuvre», beaucoup de publicité a été faite et beaucoup de rumeurs ont circulé. Notre autoroute à nous n’a certainement pas sa pareille. Cela nous ressemble bien, c’est comme pour le reste. Si seulement on pouvait nous rembourser les milliards que cela a coûté parce que nous ne sommes pas satisfaits!