Autoroute Est-Ouest, Un procès en dents de scie

Autoroute Est-Ouest,  Un procès en dents de scie

Le procès de l’autoroute aura laissé tout le monde sur sa faim

Les verdicts tombent aujourd’hui. Quelles sentences seront prononcées par le tribunal, après plusieurs jours de «révélations» et de (re) mises en cause?

Sitôt la mise en délibéré du jugement dans le procès de l’autoroute Est-Ouest, tous les regards se sont braqués sur Blida où s’est ouvert un autre procès, celui de l’affaire Khalifa Bank, rapidement conjuguée à l’autre affaire précédemment instruite pour ne plus avoir à instruire qu’une seule et même affaire.

Pourtant, les débats du procès Est-Ouest ont tenu en haleine pendant plusieurs jours tous les protagonistes, et la défense s’est défoncée pour disculper les mis en cause en usant de tous les subterfuges, allant de la mise en cause des vices de procédure à la dénonciation pure et simple des conditions dans lesquelles l’instruction de leurs clients se serait déroulée.

En tout état de cause, le verdict va tomber aujourd’hui, après que toutes les plaidoiries aient été épuisées en guise de réponse à un réquisitoire, somme toute mesuré si l’on considère la nature et l’importance des faits reprochés.

Qu’a demandé le ministère public dans son intervention que d’aucuns ont jugée sévère, après huit jours de grands déballages des préjudices subis par le pays?

Concernant le principal accusé, tout d’abord, Chani Medjdoub, conseiller de Citic Crcc Chine, une peine de 20 ans de réclusion criminelle assortie d’une amende de 8 millions de DA pour commandement d’une association de malfaiteurs, trafic d’influence, corruption et blanchiment d’argent.

Contre Khelladi Mohamed, ex-directeur des nouveaux programmes de l’Agence nationale des autoroutes (ANA) une même peine de 20 ans assortie d’une amende de 5 millions de DA pour organisation d’une association de malfaiteurs, perception de présents injustifiés, dilapidation de deniers publics, abus de fonction et corruption.

Une peine de 15 ans de réclusion assortie d’une amende de huit millions de DA a été requise contre Hamdane Salim (directeur de la planification au ministère des transports) pour organisation d’une association de malfaiteurs, trafic d’influence, corruption, blanchiment d’argent, abus de fonction et perception de présents injustifiés.

La même peine contre Adou Tadj Eddine, homme d’affaires, pour organisation d’une association de malfaiteurs, trafic d’influence, corruption et blanchiment d’argent.

Le procureur général a, également, requis huit ans de prison contre Adou Sid Ahmed, homme d’affaires, Ghellab El Khayar, investisseur, pour organisation d’une association de malfaiteurs, corruption, trafic d’influence et dilapidation de deniers. avec des amendes de 8 et 1 million de DA chacun.

Trois ans de réclusion assortie d’une amende d’un million de DA ont été requis contre Ouazane Mohamed dit Colonel Khaled, fonctionnaire au ministère de la Justice pour trafic d’influence, corruption, abus de fonction et perception de présents injustifiés.

Deux années de réclusion ont été requises contre Bouchama Mohamed, secrétaire général du ministère des Travaux publics pour trafic d’influence, perception de présents injustifiés et abus de fonction, Ghazali Ahmed Rafik, directeur des études à l’Agence nationale des autoroutes (ANA) pour corruption, trafic d’influence et perception de présents injustifiés) et Farachi Belkacem, cadre au ministère des Travaux publics pour corruption, trafic d’influence et perception de présents injustifiés.

Une amende de cinq millions de dinars pèse sur les entreprises étrangères (Citic Crcc-Chine, Cojaal-Japon, Pizarroti-suisse, Garaventa- Suisse, Iso Lux/Corsan-Espagne, Sminc-Canada, et Coba Portugal).

Il convient de noter que le représentant du ministère public n’a pas évoqué dans son réquisitoire le 16eme accusé en fuite, Kouidri Tayeb, poursuivi notamment pour trafic d’influence, et désigné par les mis en cause comme ayant servi d’intermédiaire au profit de Amar Ghoul, alors en charge du secteur des travaux publics.

La mise en délibéré depuis le 4 mai dernier, sitôt entendues les différentes plaidoiries unanimes à demander l’annulation de la procédure et la relaxe pure et simple de leurs clients, sera achevée aujourd’hui même.

Quels verdicts seront-ils prononcés par le tribunal, après plusieurs jours de «révélations» et de (re) mises en cause qui, fait important à relever, n’ont, à aucun moment, troublé la sérénité du président et de ses assesseurs, malgré les tentatives initiales des avocats français de Chani Madjdoub de «politiser» les débats en tentant une escarmouche sur d’autres terrains que l’affaire elle-même?

Au bout du compte, le procès de l’autoroute aura laissé tout le monde sur sa faim car la montagne a accouché d’une souris, les dégâts causés au Trésor public n’ayant été en réalité qu’effleurés et les soubassements des malversations révélées à peine entrevus. Quant à la partie immergée de l’iceberg…