Qu’est-ce que le péage ?
Le péage est un droit que l’on doit acquitter pour franchir un passage ou emprunter un ouvrage d’art. Il peut s’appliquer aux personnes, aux véhicules, ou aux marchandises transportées.
Le terme désigne aussi dans le langage courant le poste de péage (ou barrière de péage) dans lequel ce droit est perçu. Le mot « péage » est étymologiquement relié au latin pes, pedis, le pied, car il s’appliquait originellement au piéton, et non au verbe « payer ».
Le prix du péage est fixé en fonction du coût de construction de l’autoroute, des frais d’entretien du réseau, de son exploitation, des réparations éventuelles. Les fonds perçus servent à l’entretien des autoroutes et la préservation d’un réseau en très bon état, à l’amélioration du réseau, et au développement de services complémentaires pour les clients.
Tout ce que vous devez savoir sur le péage, qui sera bientôt appliqué sur l’autoroute Est-Ouest, est en effet mentionné dans ce que vous allez lire… Tout sauf le prix du kilomètre ! Vous me direz que c’est l’information la plus attendue par les lecteurs.
Certes, c’est vrai, mais c’est également une décision qui émanera du gouvernement et relève, exclusivement, du domaine des plus hautes autorités du pays. Le ministère des Travaux publics a, certes, engagé des études pour arrêter une liste de propositions, mais la décision finale ne dépend point de sa compétence. C’est ce que nous affirme à chaque fois M. Amar Ghoul, ministre des Travaux publics qui, depuis l’engagement même du projet de l’autoroute, est « harcelé » par les interminables questions de journalistes : «Je ne peux vous dire le coût exact… Je peux juste dire qu’il sera à la portée des citoyens», affirme-t-il à chaque occasion.
El Moudjahid a décidé de «harceler» le directeur des routes pour de plus amples précisions sur la question. Joint hier par téléphone, M. Hocine Necib atteste que toutes les études nécessaires pour l’application du système de péage sont prêtes. Des études inédites étant donné que c’est une première en Algérie
«il a fallu d’abord adapter cette autoroute au système de péage avant de déterminer le type de péage le mieux recommandé à cette ceinture de 1.300 km», dit-il. Le défi est loin d’être une mince affaire sachant que ce chantier renferme plus de 3.000 ouvrages en tous genres dont des viaducs, des ponts, des échangeurs, et des passages intérieurs et supérieurs.
On préfère le péage fermé
Menées par des bureaux d’études de réputation internationale, ces études favorisent l’application du péage fermé. L’usager s’acquitte d’un montant proportionnel à la distance effectuée sur la section payante de l’autoroute. La prise du ticket se fait dans la première gare de péage qu’il rencontre en entrée d’autoroute ou sur l’autoroute elle-même par une barrière dite de pleine voie.
La seconde barrière de péage correspond au paiement du péage. Elle est rencontrée en sortie d’autoroute : « L’usager ne payera que la distance parcourue ni plus ni moins… C’est pourquoi nous avons choisi ce système au lieu d’opter pour le péage ouvert », atteste le représentant du ministère des Travaux publics.
La réalisation des équipements d’exploitation ainsi que les 42 stations-service Naftal, se profile. Les appels d’offres seront lancés avant la fin de cette année, précise-t-on. A terme, il sera procédé à l’installation de 48 gares de péage sur les échangeurs et 7 gares dites en pleine voie. Deux d’entre elles seront érigées non loin des frontières Est et Ouest «mais nous laisserons le choix aux usagers de prendre l’ancienne autoroute», explique M. Necib qui précisera au passage qu’il existe des sections dites «hors péage». En effet, 103 km de l’autoroute seront gratuites et ce, au niveau des grandes villes. «L’installation du péage aux alentours d’agglomérations telles qu’Alger, Oran et Constantine est loin d’être rentable.
Il ne fera que créer d’interminables bouchons». Pour ce qui est des services autoroutiers, le directeur des routes annonce l’ouverture de 42 aires de services « une structure chaque 60 km », précise-t-il. Aussi, 38 couples (au niveau des deux abords de la route) d’aires de repos et 57 couples d’accès de services et de secours seront également érigés.
Pour sa part, l’ANA prévoit de réaliser 22 centres d’exploitation tout au long de l’autoroute (tous les 50 km). Ils seront composés de bâtiments administratifs pour la gestion de l’exploitation, de structures pour l’entretien, et d’installations de postes de gendarmerie nationale et la protection civile pour l’intervention rapide.
Tu dégrades… tu payes !
«Nous avons accordé toute la priorité au respect des normes de sécurité et à l’application des standards internationaux», explique notre source. Ces standards s’articulent sur, entre autres, le principe du «pollueur-payeur». Plus tu dégrades et tu pollues plus tu payes…
Un principe qui fait payer aux conducteurs des poids lourds et les véhicules de transports de marchandises une taxe plus importante que celle infligée aux véhicules légers et aux motocyclistes. Le coût du péage ne sera pas le même pour tous les usagers. Selon M. Necib, c’est par souci d’équité que cette décision a été prise.
« Il serait injuste que les propriétaires de véhicules légers payent pour la réparation des dégâts provoqués par des engins et autres véhicules de transport en commun », dira-t-il en focalisant sur le fait qu’une bonne partie des fonds collectés du péage seront versés dans l’entretien et la réhabilitation de l’autoroute.
Les véhicules seront de ce fait scindés en quatre catégories en fonction, dira-t-il, du nombre d’essieux et de la hauteur hors chargement. « C’est ce qui se fait dans tous les pays qui appliquent le système du péage sur les autoroutes », déclare M. Necib. Les usagers ont cependant le choix d’emprunter l’ancienne route et de ne dépenser donc aucun sou !
Entre exigences d’une gestion moderne et attentes des citoyens
En tout cas, l’autoroute Est-Ouest sera certainement rentable étant donné qu’elle pourra absorber 85% du trafic national, dont 50% du trafic de poids lourds.
Un camion qui transporte une marchandise d’une valeur de 10 millions de dinars pourra bien payer un ticket pour ramener sa marchandise à bon port surtout que le prix du kilomètre sera, d’après les prévisions du ministre, très raisonnable.
A ce propos, le directeur des routes rappellera qu’un juste équilibre entre les exigences d’une gestion moderne de l’autoroute et le pouvoir d’achat des usagers sera certainement pris en compte dans la fixation des tarifs.
Et pour cause, l’AGA à laquelle incombe l’exploitation de cette autoroute est appelée à respecter un niveau de service à la hauteur de l’importance de l’autoroute. «C’est le ministère qui établira, pour exemple, les indicateurs du lit de chaussée que l’exploitant doit impérativement appliquer tout au long de l’autoroute.»
Le ministère intervient, entre autres, aussi, pour veiller continuellement sur la qualité de l’autoroute à travers des indications liées à l’éclairage, aux espaces verts, au marquage rétroactif, à la signalisation et l’information à messages variés. «On veillera à la pérennité de toutes les installations modernes tout en tenant compte du pouvoir d’achat du citoyen», atteste le responsable.
L’abonnement, en attendant le télépéage
Aujourd’hui, Il est clair que l’autoroute Est-Ouest avec ses équipements et ses structures de gestion n’est plus une chimère. Le projet se profile et l’on prévoit même de le moderniser avec le temps. Selon M. Necib, directeur des routes, plusieurs formules de péage seront, graduellement, adoptées. Il sera au début question d’instaurer le péage avec abonnement en attendant le prépayé et le télépéage qui sera lui aussi appliqué.
«Nous commencerons avec le péage avec tickets qui sera certainement la formule la plus répandue», explique-t-on. Un avis d’appel d’offres va être bientôt lancé pour la fourniture et l’installation des équipements hardware et software du système de péage. «Nous veillerons à ce que ce système soit inspiré d’une technologie de pointe et des dernières innovations en matière des TIC».
Pas moins de 3.000 agents seront, par ailleurs, formés et initiés à la gestion moderne avant d’être mobilisés dans les différentes installations et structures de gestion de cette autoroute. Rappelons, enfin, que l’autoroute est un maillage routier de 1.720 km avec 868 km d’Alger à Tlemcen (totalement achevés) et 852 km d’Alger à Taref dont 552 ont été ouverts à la circulation. Sur les 1.720 km, 1.400 km ont été ouverts à la circulation et 300 km le seront avant la fin de l’année en cours.
A. Fadila