Le dossier de l’affaire dite «autoroute Est-Ouest» est de nouveau devant le tribunal criminel, avec cette fois-ci, la possibilité pour les avocats des sociétés étrangères et des dix-huit inculpés de porter l’affaire devant la Cour suprême.
Selon notre source, Me B.M. «le dossier a été fractionné en deux, avec une partie qui relève du tribunal criminel et qui concerne des personnes, en l’occurrence l’homme d’affaires Mejdoub Chani, les deux frères Addou, l’ancien directeur des nouveaux projets au ministère des Transports, Salim Hamdane et Mohamed Khelladi, le directeur des nouveaux projets au niveau de l’Agence nationale des autoroutes. Et puis une seconde partie, qui traite, elle, des personnes morales, c’est-à-dire les cinq sociétés étrangères poursuivies dans le cadre de cette affaire pour «blanchiment d’argent, trafic d’influence et corruption».
Ces sociétés sont la chinoise CRCC-Citic, la japonaise Cojaal, l’italienne Pizzarotti, la suisse Garaventa et la française Alstom, qui avait bénéficié des marchés du métro et du tramway.
Toutefois, à la source des marchés contractés en Algérie par les Chinois, on retrouve Pierre Falcone, dont le nom n’apparaît pas avec précision, mais qui demeure un des acteurs originels de la corruption mise à jour dans les premiers mois du démarrage du méga-projet algérien, dont les contours et les entourloupes furent à la démesure de son gigantisme.
Au moment même où les Chinois peuvent encore le citer comme maître d’oeuvre de leurs contrats en Algérie. Paradoxalement, le même Falcone a été cité cette semaine par des juges angolais dans le cadre d’affaires qui ont coûté au Trésor public plusieurs milliards de dollars.
Pierre Falcone, un trafiquant d’armes français, est ce Français, natif d’Alger, qui avait introduit le premier, les Chinois en Algérie, avant que Chani ne reprenne le relais. Homme d’affaires rompu aux activités suspectes avec ses entrées privilégiées dans le monde du business du pétrole et des armes, il avait quitté la prison, en France, le 29 avril dernier, la cour d’appel de Paris ayant contredit le jugement prononcé en première instance dans l’Angolagate, estimant qu’il n’y avait pas eu trafic d’armes, relaxant aussi Charles Pasqua et prononçant contre Pierre Falcone une peine qui lui a permis de sortir de prison.
Le dossier qui l’avait fait chuter en France portait essentiellement sur une vente d’armes à l’Angola dans les années 1990, pour un montant 790 millions de dollars, gagés sur les recettes futures du pétrole de ce pays d’Afrique australe alors en guerre civile. Pierre Falcone ainsi que son partenaire, le Franco-israélien d’origine russe Arcadi Gaydamak, 59 ans, avaient été condamnés à six ans ferme le 27 octobre 2009. En fuite, Gaydamak avait échappé à la prison, mais Falcone était immédiatement écroué.
Son problème avec l’Algérie remonte à 2006, lorsqu’il avait pu arracher -en tant qu’intermédiaire influent- un gros marché en Algérie pour le compte de la société française Citic. Ses entrées privilégiées avaient démontré en fait, la mainmise du lobby français sur le marché algérien et ses importantes entrées privilégiées dans les centres décisionnels. Pierre Falcone, né le 19 mars 1954 à Alger, a été notamment négociant en contrats pétroliers, et homme d’influence dans les affaires liées à l’armement et aux influences politiques.
Selon les Chinois de Citic, c’est à Pékin qu’ils apprennent que Pierre Falcone, un trafiquant d’armes détenteur de trois nationalités, française, angolaise et brésilienne, est à la tête d’un puissant groupe de pression français qui détient la clé des affaires en Algérie, grâce à ses contacts avec les plus hauts responsables civils et militaires algériens. Natif d’Algérie, Falcone a assuré le rôle d’intermédiaire pour faire obtenir à la société chinoise Citic le marché de l’autoroute et l’introduire dans les affaires en Algérie, et ce, grâce à ses connaissances et ses entrées privilégiées.
Aujourd’hui, l’Algérie est en droit de le poursuivre en justice pour trafic d’influence et concussion, bien que, pour Pierre Falcone, selon des sources françaises très au fait des affaires, le danger pointe plutôt du côté des milieux chinois en France, dont les réseaux maffieux restent très dangereux. Et ceux-ci l’avaient menacé de mort en 2009 après avoir eu vent de tout l’argent qu’il avait soustrait à Citic…
Fayçal Oukaci