Autoroute Est-Ouest, A quand le bout du tunnel?

Autoroute Est-Ouest,  A quand le bout du tunnel?
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Les tronçons achevés depuis des années, sont assombris par des malfaçons multiples

Le problème de djebel Ouahch est devenu celui de Cojaal, l’entreprise nippone dont on annonçait tantôt que son contrat était résilié, tantôt qu’il est toujours valide.

Comme l’Egypte et ses sept plaies, comme le monde et ses sept merveilles, l’Algérie a ses sept projets du siècle parmi lesquels celui de l’autoroute Est-Ouest se taille, sans conteste, la part du lion. Et quel lion! Livrable selon les termes initiaux du contrat de réalisation en décembre 2009, avec un coût qui ne devait pas excéder les 6 milliards de dollars, le monstre du Loch Ness qui étire ses tronçons sur 1200 km, de la frontière algéro-marocaine à la frontière algéro-tunisienne, est toujours en réfection.

D’abord, la question qui fâche: finira, finira pas? Nul n’est en mesure de répondre, car les ministres qui se sont succédé au niveau de ce secteur ont, à leur corps défendant, été pris en défaut, qui annonçant la livraison pour décembre 2010, puis 2011, puis 2012, qui clamant que les innombrables retards sont imputables aux entreprises chargées et de la réalisation et du suivi.

Le 1er janvier 2014, l’effondrement du tunnel de djebel Ouahch, près de Constantine, avait défrayé la chronique et deux années après, la commission d’enquête installée à l’époque par Farouk Chiali, éphémère ministre des Travaux publics, n’a toujours pas livré ses conclusions. Composée d’experts algériens et étrangers, elle avait pour mission d’inventorier tous les tenants et aboutissants de la catastrophe et de mener «un travail d’investigation pour déterminer l’ampleur des dégâts et les raisons de cet effondrement. Ils vont également définir les conditions de réouverture du tunnel au trafic routier.

La presse sera informée des conclusions de cette commission», avait-il déclaré en son temps.

Exit Chiali, le problème de djebel Ouahch est devenu celui de Cojaal, l’entreprise nippone dont on annonçait tantôt que son contrat était résilié, tantôt qu’il est toujours valide, à condition que les travaux confiés soient menés à terme.

Au final, un an et demi après, le feuilleton est toujours servi sans qu’on sache exactement combien de temps les usagers qui empruntent le tronçon entre Aïn Smara (Constantine) et Dréan (El Tarf) devront souffrir encore et encore, sans espoir de voir le bout du tunnel de sitôt.

Mais soyons justes, ils ne sont pas seuls à pâtir de ces dérapages. Les automobilistes du centre du pays et ceux de l’Ouest sont logés à la même enseigne, les tronçons achevés qu’ils empruntent, depuis des années, sont assombris par des malfaçons multiples, ici et là des gondolements de la chaussée, des effondrements de pans latéraux sur 20 km et parfois plus, comme c’est le cas du côté de Lakhdaria, Bouira, Aïn Achir, Chlef, Tlemcen etc.

Quand on apprend que l’entretien des différents axes du réseau routier national dont l’autoroute est un maillon essentiel, se chiffre à 90 milliards de dinars annuellement, on est pleinement rassuré et on comprend la sérénité du ministre actuel des Travaux publics qui estime «normale» la situation des tronçons dégradés, la justifiant par l’usure des trafics depuis bientôt sept ans… Comme on est tranquillisé par la nouvelle selon laquelle les pourparlers avec Cojaal se poursuivent encore, avec la ferme volonté d’aboutir à un consensus sur la nécessité de parachever le tunnel de djebel Ouahch et le tronçon inachevé de Constantine à la frontière algéro-tunisienne.

Dans sa déclaration du 19 mars dernier devant les députés de l’APN, Abdelkader Kadi avait annoncé que le processus de résiliation du contrat avec Cojaal, entamé en juin 2014, «était à sa phase finale après l’expiration des délais» accordés à cette entreprise.

Le ministre des Travaux publics devait même «soumettre le dossier au gouvernement dans les plus brefs délais pour trancher définitivement la question». Hier, on apprend que les négociations perdurent avec Cojaal pour «une solution amiable» et «semblent prendre une tournure positive, s’agissant de l’achèvement du projet par le même partenaire, ce que souhaite la partie algérienne».

Saison 2 de la série noire pour laquelle il faudra faire preuve d’une infinie patience avant la livraison des 399km qui ont donc fait l’objet d’âpres «tractations entre les Etats algérien et japonais», pour permettre à l’entreprise nippone de reprendre son travail là où elle l’avait laissé.

Entre-temps, une bonne nouvelle est tombée qui mettra du baume au coeur des automobilistes, ultimes bénéficiaires du chantier du siècle: le programme des équipements de l’autoroute (48 gares de péage sur échangeurs, sept gares de péage en pleine voie, 22 centres d’entretien et d’exploitation, 76 aires de repos (38 paires) et 42 stations de services) est d’ores et déjà lancé par l’Agence nationale des autoroutes (ANA) qui compte bien obtenir les premiers dividendes, dès la fin de cette année…