Les citoyens se mobilisent contre l’insécurité, bloquent les routes, ferment les APC et ont recours aux émeutes pour se faire entendre. La politique a fait son deuil.
Affirmer aujourd’hui que la classe politique algérienne ne se porte pas bien, c’est ressasser une évidence. C’est d’ailleurs, le constat que fait le commun des citoyens. Le contexte que vit le pays a fait que les activités des formations politiques, toutes tendances confondues, sont réduites à leur plus simple expression.
A l’exception des périodes préélectorales, c’est le calme plat qui caractérise la scène politique, les partis n’ont droit de cité que sporadiquement pour laisser apparaître les graves crises qui les déchirent.
Dans le contexte actuel et à quelques mois des échéances de 2012, la scène ne s’emballe toujours pas. Pourtant, ne sont pas les conditions qui manquent, notamment depuis l’adoption du plan quinquennal 2010-2014, le 24 mai 2010 en Conseil des ministres et le remaniement ministériel qui est intervenu quatre jours plus tard. L’adoption par le même Conseil des ministres du nouveau Code communal, le 28 septembre 2010, a été également un rendez-vous raté par les partis politiques qui n’ont eu des réactions plutôt timides que par voie de communiqués. Cette démission politique inquiète.
Le Front national algérien (FNA) a considéré quelques jours après, par la voix de son président, que ce nouveau code était une rumeur. La confusion de la situation a fait que ceux qui ont adopté le texte en Conseil des ministres, veulent, aujourd’hui apporter des changements avant son adoption par les deux chambres du Parlement.
Cet immobilisme est imputé par les formations politiques, notamment celles de l’opposition, à l’absence des espaces d’expression et au manque des capacités de mobilisation. Mais le grand ratage, c’est d’avoir laissé la société se débattre seule, face à de gros problèmes quotidiens.
Les citoyens, en perte de confiance, se mobilisent pour libérer une victime de kidnapping, bloquent les routes, ferment les APC et les institutions publiques, ont recours à des émeutes pour se faire entendre loin de tout brouhaha partisan. Les partis, comprenant peut-être l’équation, ne réagissent que rarement à ces situations. Le président du FNA, Moussa Touati, explique ces faits en mettant en avant la situation de crise que vivent les partis eux-mêmes. Endossant la faute au pouvoir et aux élus locaux qui sont, selon lui, plus proches de l’administration que des citoyens qui les ont élus, M.Touati considère que «les partis politiques ne peuvent réagir ou accompagner la société dans ses mouvements de protestation, car ils n’ont pas la solution aux problèmes posés par la société». «On réagit une fois et on a la solution», a-t-il regretté avant d’ajouter que «l’absence de la culture des partis influe sur l’état des choses».
Pourquoi une telle situation?
Certains observateurs politiques estiment que «le pays traverse une crise politique multiforme». Pour d’autres, «il s’agit d’une situation de blocage politique total. Ce qui est plus compliqué qu’une crise», car, nous explique le président d’un parti politique que nous avons rencontré récemment au siège de son parti à Alger:
«Dans le cas d’une crise, des solutions peuvent être trouvées et cette crise se dissipe lorsque la solution est trouvée, mais dans le cas Algérie, la situation est beaucoup plus complexe qu’on ne l’imagine.» «De ce fait, ajoute-t-il, en l’absence de perspectives réelles, tout le monde se retrouve en position d’attente.»