La Foire Internationale d’Alger a refermé ses portes hier au Palais des Expositions. Tandis que le public déambulait parmi les stands bariolés, un va-et-vient a animé les coulisses. Celui des constructeurs allemands, avides de sonder un marché algérien en pleine mutation.
Volkswagen, Mercedes-Benz, BMW ou encore Opel multiplient les visites, rencontres et discussions, en quête d’un nouveau terrain industriel. L’Algérie, riche d’un potentiel encore largement sous-exploité, attise désormais les convoitises d’un secteur où la concurrence se joue autant sur la qualité que sur la rapidité d’implantation. Mais au-delà des annonces, un point d’interrogation subsiste, ces intentions se traduiront-elles en usines et emplois concrets ?
Un intérêt croissant des marques allemandes pour le marché algérien de l’automobile
Le marché algérien de l’automobile n’en finit plus d’éveiller les appétits européens. Oliver Blank, directeur de la Chambre algéro-allemande de commerce et d’industrie, l’a confirmé en marge de la 56ᵉ Foire internationale d’Alger. Il décrit une dynamique « d’intérêt continu des marques automobiles allemandes pour les opportunités d’investissement en Algérie, notamment dans le secteur des véhicules et des pièces détachées ».
Ces derniers mois, plusieurs délégations issues de grands constructeurs allemands ont foulé le sol algérien, explorant zones industrielles et infrastructures existantes.
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L’objectif est d’étudier la faisabilité de nouvelles implantations industrielles ou de réseaux de distribution plus étendus. Oliver Blank précise : « Le marché algérien de l’automobile et des pièces détachées suscite un intérêt marqué chez les entreprises allemandes et européennes. Nous avons observé la présence de l’opérateur Opel, et d’autres marques manifestent également leur volonté d’entrer sur le marché via de nouvelles formes de partenariats. »
Une industrie nationale en quête de relance et d’autosuffisance
Si l’Algérie séduit autant, c’est qu’elle offre un double avantage stratégique. D’une part, un marché interne où la demande en véhicules modernes et pièces détachées ne cesse de croître. D’autre part, une volonté politique assumée de relancer l’industrie nationale, avec en ligne de mire :
- La souveraineté industrielle, afin de réduire la dépendance aux importations
- Le transfert de technologies, essentiel pour moderniser l’outil de production
- La création d’emplois durables, notamment pour la jeunesse algérienne
- Le développement d’un tissu de sous-traitance local, synonyme de valeur ajoutée
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« Il est encore trop tôt pour parler de résultats concrets dans les prochains mois », tempère Oliver Blank. « Mais le marché algérien est prometteur, et il existe un besoin pressant de véhicules modernes, ce qui le rend particulièrement attractif pour les produits européens, notamment allemands, qui bénéficient déjà d’une grande acceptation. »
Les poids lourds allemands dans les starting-blocks
À la question de savoir quelles marques se positionnent, Oliver Blank ne laisse guère planer le doute. « Impossible d’évoquer l’industrie automobile allemande sans citer Volkswagen, BMW, Mercedes-Benz et Opel », souligne-t-il au média Echourouk. Ces constructeurs étudient plusieurs scénarios :
- L’installation d’unités d’assemblage ou de production locale
- Le développement de réseaux de distribution nationaux
- La mise en place de centres logistiques pour pièces détachées
- Des partenariats avec des entreprises algériennes existantes
Le secteur des pièces détachées, moins gourmand en investissements initiaux que l’assemblage complet de véhicules, pourrait représenter une première étape stratégique pour ces industriels. Sans oublier le potentiel d’exportation vers les marchés africains voisins.
Au-delà de l’automobile : un partenariat économique plus large
L’intérêt des entreprises allemandes pour l’Algérie ne se limite pas aux voitures. La Chambre algéro-allemande de commerce et d’industrie compte plus de 500 entreprises membres, actives dans des domaines variés tels que :
- Technologie et industrie mécanique
- Pharmaceutique et santé
- Électronique et électrotechnique
- Chimie et industries extractives
- Fourniture de solutions pour le secteur automobile
« De grandes entreprises allemandes opèrent déjà en Algérie depuis des décennies, à l’image de Henkel, qui illustre un modèle de partenariat réussi sur le long terme », rappelle Blank. « Les relations économiques algéro-allemandes se renforcent constamment grâce à une base de coopération solide et à des intérêts complémentaires dans plusieurs secteurs. »
Pour les industriels allemands, l’Algérie représente bien plus qu’un marché à conquérir. C’est une porte d’entrée vers une Afrique en plein essor, où la demande de biens industriels et de technologies se fait toujours plus pressante.
Investissements allemands en Algérie : une équation économique encore en chantier
Si les signaux sont au vert, quelques incertitudes subsistent. Les investisseurs allemands attendent davantage de stabilité réglementaire et de visibilité économique avant de concrétiser des implantations majeures. Oliver Blank insiste : « L’intérêt est réel, les capacités existent et la voie est ouverte vers une coopération industrielle et commerciale plus profonde dans un avenir proche. »
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Pour l’heure, le secteur automobile algérien se tient à la croisée des chemins. Entre déclarations d’intention et négociations en coulisses, l’Algérie joue une partie stratégique. Les prochains mois diront si ces marques prestigieuses, si présentes dans les salons internationaux, le seront bientôt dans les chaînes de montage algériennes.