L’Aïd s’achève sur un arrière-goût d’une nouvelle rentrée qui s’annonce difficile. Cette année diffère des précédentes par le volet politique qui se taillera la part du lion de l’actualité nationale, caractérisée par des réformes qui tiennent l’opinion publique en haleine, sans pour autant ombrager la rentrée sociale, tous secteurs confondus, que ménages et autorités appréhendent sérieusement. Cette dernière – la rentrée sociale – intervient après un mois de ramadhan et une fête de l’Aïd qui ont mis les ménages à rude épreuve.
La rentrée scolaire risque ainsi de laminer encore davantage les petits budgets déjà épuisés par un mois de dépenses et préparer le terrain à une grogne latente aggravée par la dureté de la vie. Cependant, il n’y a pas que les déboires induits par la dégradation du pouvoir d’achat qui pèsent sur le moral de plusieurs couches de la société. Le front social, avec ses multiples et différentes revendications en attente de satisfaction, n’est à son tour pas rassurant. Dans le secteur de l’éducation, plusieurs syndicats annoncent la couleur et menacent de recourir à la grève pour faire aboutir leurs revendications socioprofessionnelles. Idem pour les travailleurs communaux, certains corps de la santé et bien d’autres professions en ébullition depuis longtemps. Aussi, la rentrée universitaire risque d’être des plus difficiles, avec un nombre relativement important de nouveaux bacheliers et des infrastructures, certes en construction, mais dont la livraison risque d’enregistrer du retard. A cela il faut ajouter le grand espoir nourri par des milliers de jeunes devant bénéficier, dans des délais raisonnables, de l’aide de l’Etat pour lancer leurs propres projets et exaucer leur rêve. En fait, l’on craint une nouvelle montée au créneau des chômeurs qui réclament, depuis plusieurs mois, leur droit au travail et plus d’attention de la part des autorités publiques. Le gouvernement continuera certainement à mettre la main à la poche pour apaiser les coups de colère et les foyers de tension. Mais toute cette dynamique sera portée, voir récupérée, par la classe politique qui se trouve depuis plusieurs semaines en pré campagne électorale. Autrement dit, cette rentrée servira de véritable tremplin aux partis politiques pour bien aborder les prochaines échéances électorales, après une très longue absence, synonyme de défaillance, qui dure depuis 2007. La classe politique devrait se mettre également au bain des réformes annoncées par le président de la République, pour lesquelles une grande partie des formations ont exprimé des appréhensions quant à leur aboutissement. D’ailleurs, l’on s’attend à une bataille de communiqués et de déclarations médiatiques durant et sûrement à la fin du processus des réformes. Cela d’autant qu’une vraie polémique a gagné plusieurs formations qui se sont montrées à la fois exigeantes et pressées, tout en manifestant des doutes et des craintes quant au non-respect par l’administration des promesses du Président. Tout compte fait, la fraîcheur des prochains jours du mois de septembre sera enflammée par les effets et aléas de la rentrée.
Aomar Fekrache