Il était rare que les prisonniers interrogés la nuit se trouvent encore vivants au petit matin. Qu’ils aient parlé ou pas, ils étaient généralement neutralisés», avait admis Paul Aussaresses dans son livre-aveu, Services spéciaux, Algérie 1955-1957. Et «Je n’ai pas tout dit», précisait en 2008 celui qui posait pour les photos avec un pansement sur l’oeil gauche. «C’est efficace la torture, la majorité des gens craquent et parlent.
Est-ce que ça m’a posé des problèmes ? Je dois dire que non. Je m’étais habitué à tout cela», assurait-il. Aussares a toujours affirmé que ses actes avaient été commis avec l’aval de sa hiérarchie et de l’autorité politique : «Suis-je un criminel ? Un assassin ? Un monstre ? Non, rien qu’un soldat qui a fait son travail de soldat et qui l’a fait pour la France puisque la France le lui demandait.» Il dit avoir pratiqué la torture, «tolérée, sinon recommandée» par les politiques. L’ancien chef des services de renseignements à Alger est mort mardi dernier à l’âge de 95 ans. Né le 7 novembre 1918 au sud-ouest de la France, le général Aussaresses a été chargé en 1957 de «rétablir l’ordre à Alger». Il se retrouve à la tête de ce qu’il appelle lui-même «un escadron de la mort», chargé de procéder à des arrestations nocturnes, suivies de tortures, avec élimination de certaines personnes arrêtées.