Après une année au pouvoir, le président Morsi est face à son sort. L’Egypte est en ébullition ces derniers jours et le sera encore plus aujourd’hui. Des affrontements entre les opposants et les partisans de Morsi ont causé des dizaines de morts et des milliers de blessés. Une crise a divisé le pays le plus peuplé dans le monde arabe. Morsi devait tenir hier une réunion spéciale avec ses ministres de la Défense, le général Abdel Fattah al-Sissi, et de l’Intérieur Mohammed Ibrahim.
Un mouvement anti-Morsi, Tamarrod (rébellion), a appelé à un rassemblement massif devant le palais présidentiel et ailleurs dans le pays. Tamarrod, soutenu par de nombreux hommes politiques et mouvements d’opposition, assure avoir réuni au cours des dernières semaines 15 millions de signatures pour réclamer le départ de Morsi et la tenue d’une élection présidentielle anticipée.
En effet, des protestataires étaient encore présents hier matin sur les sites du Caire où des milliers de personnes s’étaient rassemblées depuis ven-dredi. A la place Tahrir, les anti-Morsi attendent le jour «J» pour réclamer son départ.
Sur Tahrir, où les opposants prônent une «deuxième révolution», des dizaines de tentes ont été dressées. Des militants islamistes ont eux aussi passé la nuit devant la mosquée Rabaa al-Adawiya où ils étaient venus par milliers vendredi pour soutenir Morsi. Sept personnes ont été tuées et 616 autres blessées dans des heurts vendredi entre partisans des Frères musulmans et opposants, lors des manifestations qui se sont déroulées dans plusieurs gouvernorats d’Egypte. Le ministère égyptien de la Santé a indiqué hier que le nombre le plus élevé de morts a été enregistré à Mansourah dans le Gouvernorat de Dakhalia où on dénombre trois morts, suivie d’Alexandrie deux morts, un manifestant a trouvé la mort à Zakazik (Charkia) et un autre dans l’explosion d’une bombe artisanale dans la nuit de vendredi dans une place à Port Saïd.
Ban Ki-moon appelle à manifester pacifiquement
Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a encouragé les partis en Egypte à respecter le droit de manifester de manière pacifique et appelé à «renforcer le processus démocratique», a indiqué vendredi à New York le porte-parole adjoint de l’ONU, Eduardo Del Buey. «Notant les nombreuses voix fortes et divergentes qui s’élèvent en Egypte, le Secrétaire général a vivement encouragé les Egyptiens à demeurer attachés aux principes universels du dialogue pacifique et de la non-violence», a indiqué le porte-parole adjoint lors du point de presse quotidien.
Ban Ki-moon souligne «le droit de manifester de manière pacifique et exhorte toutes les parties à respecter ce droit ainsi que la loi», a ajouté l’ONU, précisant que le Secrétaire général «reconnaît qu’il faut continuer à renforcer le processus démocratique et parvenir à créer un environnement inclusif au sein duquel le peuple égyptien peut discuter et résoudre ses divergences». La communauté internationale a «le devoir d’accompagner, de manière soutenue, cette transition en y apportant des contributions significatives dans l’intérêt de tous les Egyptiens», a conclu le Secrétaire général de l’ONU.
Evacuation des ressortissants américains
Le gouvernement américain a annoncé vendredi soir le départ d’une partie de ses agents diplomatiques et consulaires de l’Egypte, en raison des troubles politiques qui secouent le pays et après la mort d’un Américain rapportée par les médias officiels égyptiens. «Le 28 juin, le département d’Etat a autorisé un nombre limité d’employés gouvernementaux et leurs familles à quitter l’Egypte en raison des troubles politiques et sociaux qui s’y déroulent», selon un communiqué du ministère américain des Affaires étrangères. Le département d’Etat exhorte également les ressortissants américains se rendant en Egypte ou ceux qui y résident à reporter leurs voyages et à rester extrêmement vigilants pour leur propre sécurité.
Par Ahcene Hadjam