Augmenter la production du lait, Le comité interprofessionnel du lait dévoile sa feuille de route

Augmenter la production du lait, Le comité interprofessionnel du lait dévoile sa feuille de route

L’Algérie ne produit en moyenne qu’un tiers de la consommation annuelle de la population en lait. Quelque 2 milliards de litres par an proviennent de l’importation.

La production nationale de lait cru et ses dérivés n’arrivent toujours pas à répondre aux besoins de la population estimée à 5 milliards de litres de lait annuellement.

La capacité de production des éleveurs de ce produit à très large consommation demeure insuffisante. En effet, l’Algérien consomme une moyenne de 100 litres de lait par an et entre 50% à 70% proviennent de l’importation.

Afin de réduire la facture d’importation et trouver une solution radicale aux pénuries récurrentes du lait, le président du comité interprofessionnel du lait, Mahmoud Benchekour, a annoncé l’élaboration d’une stratégie visant l’augmentation de la production nationale de lait et de viande fraiche et la mise en place d’une plateforme de production des fourrages, une mission qui incombe aux ministères concernés avec les partenaires du secteur.

Dans une déclaration à la presse, M. Benchekour a estimé nécessaire le lancement, dans le courant de l’année, des bases pour l’application de cette stratégie visant la réalisation des objectifs tracés pour les 7 prochaines années. Celle-ci repose sur la production des fourrages et la réservation d’espaces et d’eau pour leur culture dans les régions sahariennes. Il a précisé à ce propos, que « la facture de l’importation des bovins et fourrages égale celle de l’importation du lait en poudre », soulignant que la production locale des fourrages confortera la gestion en cas de perturbation du marché mondial et garantira l’approvisionnement du marché en fourrages, lait et viande.

M. Benchekour a indiqué également que l’application de cette stratégie exige impérativement la disponibilité de l’eau destinée à l’irrigation quotidienne, faisant remarquer que la maîtrise des techniques d’irrigation comptait parmi les priorités.

Il a appelé le ministère de l’Agriculture et du Développement rural à faciliter la tâche des agriculteurs et investisseurs dans le domaine dans le Sud et les Hauts-Plateaux notamment en leur permettant de lancer des projets visant l’augmentation de la production des fourrages.

« Il y a une réelle volonté chez les investisseurs après le succès des expériences pilotes menées dans la daira de Ménéa, wilaya de Ghardaïa, et à Adrar où a été enregistrée une production de mais estimée entre 70 et 80 quintaux par hectare puis transformée et conservée selon la méthode de presse », a-t-il encore dit.

Il a affirmé qu’il était possible d’augmenter la production d’autres types de fourrages de 30 à 35 tonnes soit, 300 à 350 quintaux par hectare contre un besoin de la vache laitière qui donne 20 litres de lait/jour estimé à 25kg, soit la nourriture de 3 vaches laitières par an.

Il a estimé en outre que ces données sont encourageantes d’autant plus que les besoins nationaux en lait oscillent entre 3,5 à 4 milliards par an, chose qui peut être assurée soit par l’importation de 350 000 vaches laitières supplémentaires ou leur élevage dans les fermes à moyen et long termes.

« Si une vache donne 20 litres de lait/jour sur une durée d’un an, nous produirons 6 000 litres par an et, pour atteindre 3,5 milliards, nous devons disposer de 600 000 vaches laitières dans le parc national », a poursuivi M. Benchekour. Il a fait remarquer aussi que la stratégie vise également la production locale des fourrages pour un besoin national de 200 000 hectares des surfaces cultivées pour procurer les aliments de 600 000 vaches laitières en fourrages. Il s’agit d’un objectif réalisable en 7 à 10 ans si 10 000 hectares venaient à être consacrés à la culture des fourrages répartis à travers les différentes wilayas d’autant plus que le marché national repose uniquement sur les fourrages composés importés, a-t-il ajouté.

Cette stratégie, selon lui, permettra l’augmentation de la production nationale de viande fraiche sachant que 20% des vaches par an sont destinés à l’abattage à raison de 120 000 vaches sur un total de 600 000. Il a indiqué que cette opération permettra d’économiser un demi-milliard de dollars (500 millions de dollars) de la facture d’importation. La vache procure plus de 300 kg de viande soit 130 000 tonnes de viande. Le débat autour de la stratégie reste ouvert entre les experts du ministère de l’Agriculture et du Développement rural et du ministère des Ressources en eau. Pour rappel, les pouvoirs publics ont accordé à cette filière une subvention de l’ordre de 12 milliards de dinars.

Et cela s’est inscrit dans le plan national de développement agricole et rural (Pndra). Lancé par le gouvernement en 2000, ledit plan vise en général le développement du volume de la production laitière ainsi que l’élevage bovin. En effet, les pouvoirs publics ont accordé plusieurs facilités financières pour secourir le secteur qui était déjà en souffrance en octroyant des primes d’incitation à la production fixées à 7 DA le litre et une prime à la collecte de lait cru de 4 DA par litre.

Des résultats encourageants ont été enregistrés dans nombre d’unités de transformation, mais la facture des importations reste tout de même élevée. Mais pour les professionnels en la matière, élever la capacité de production va de la conjugaison des efforts de tous les intervenants du secteur.

Hedjeress Houria