Augmentations des salaires et défense du pouvoir d’achat,L’UGTA doit jouer serré

Augmentations des salaires et défense du pouvoir d’achat,L’UGTA doit jouer serré
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Le siège de la Centrale syndicale

La prochaine tripartite sera minée par la chute des exportations de pétrole, une conjoncture qui complique la mission du secrétaire général de l’Ugta.

2008 c’est déjà du passé. Une année qui risque pourtant de rester longtemps gravée dans la mémoire des travailleurs algériens, notamment ceux de la Fonction publique. Des hausses de salaires conséquentes avec des rappels étalés sur pratiquement trois années ont pu être décidés et octroyés. Au mois de juillet de cette année-là, les prix du pétrole avaient établi un record historique. Le baril de pétrole s’était hissé au dessus des 147 dollars. L’Union générale des travailleurs algériens avait pratiquement joué sur du velours. Les Algériens ont vu la vie en rose. Pas pour longtemps.

Une flambée des prix, féroce, des produits de consommation de base (sucre, huile, café..), des légumes frais et secs (pois chiche, haricots, lentilles…), des viandes rouge et blanche, de la sardine allait progressivement, doucement, mais sûrement rogner un pouvoir d’achat qui n’aura finalement pas survécu aux appétits voraces et carnassiers des spéculateurs tapis dans l’ombre qui comme des hyènes allaient les dépecer. Dans le sillage d’une manne pétrolière qui s’apprêtait à franchir la barre des 200 milliards de dollars, la vie quotidienne des Algériens allait paradoxalement devenir de plus en plus difficile. C’est dans ce contexte que va se tenir la prochaine tripartite. Ce qui intéresse cependant l’Algérien, c’est son porte-monnaie. C’est pour cela que toute déclaration en dehors d’une éventuelle hausse des salaires émanant de cette rencontre entre gouvernement, patronat et organisations syndicales n’aura pas de valeur pour lui. Quelle marge de manoeuvre possède le patron de la Centrale syndicale partenaire social et interlocuteur principal, jusqu’à l’heure actuelle, des pouvoirs publics, pour satisfaire l’attente des salariés? Très étroite si on se fie à la conjoncture économique du pays qui demeure toujours tributaire des exportations en hydrocarbures qui représentent près de 96% des recettes en devises qu’il engrange.

LG Algérie

Un secteur névralgique qui, même s’il n’est pas mal en point, présente quelques signes inquiétants d’essoufflement. «Nous sommes dans le même niveau de production que celui réalisé l’année dernière, mais avec une petite diminution de la production de nos partenaires en association qui est justifiée par certains gisements qui sont en déclin», avait déclaré, le 23 décembre 2012, le P-DG de Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, lors d’un point de presse en marge de sa visite d’inspection du site de la future raffinerie de Tiaret. Dans la foulée de cette mauvaise nouvelle, les exportations ont accusé une baisse de plus de 8% durant les cinq premiers mois de 2013 par rapport à la même période en 2012, alors que la facture des importations a grimpé de 17% subissant les contrecoups d’une chute des prix du pétrole. «Durant le mois de mai dernier, les exportations algériennes ont poursuivi leur baisse (6,47%) sur le sillage d’une baisse de près de 7% des exportations d’hydrocarbures, qui ont représenté 95,5% du total des exportations du pays», avait indiqué le Centre national de l’informatique et des statistiques des Douanes. La régression des recettes pétrolières liée à la baisse des coûts du baril de brut avait été interprétée, le 10 juin dernier, «comme un choc pour la balance des paiements extérieurs en 2013» par Mohamed Laksaci le gouverneur de la Banque d’Algérie.

La suite confirmera que cette menace, désormais permanente, pèse sur les équilibres financiers du pays. «Désormais, l’équilibre budgétaire requiert des niveaux de prix des hydrocarbures supérieurs à 112 dollars le baril pendant que les recettes budgétaires totales restent fortement dépendantes de celles, très volatiles, des hydrocarbures», avait prévenu Djamel Benbelkacem, directeur conseiller de cette institution, dans un compte rendu sur l’évolution économique et monétaire en Algérie, présenté le 1er juillet 2012. Elle sera renforcée par des mises en garde des institutions de Brettons Wood, Banque mondiale et Fonds monétaire international contre toute augmentation massive de salaires.

Le ministre des Finances a, de son côté mis en garde le 9 mai dernier contre des hausses de salaires qui peuvent mettre en danger les équilibres budgétaires dans le cas d’un effondrement des prix du pétrole. Quelles incidences peuvent-elles avoir sur l’équilibre budgétaire? «C’est comme dans une famille, si vous tirez trop sur la corde, vous risquez de tout perdre» a souligné le grand argentier du pays qui a conseillé la prudence en matière de politique salariale. «Il faut être très prudent sur les salaires, parce que si on va au-delà, on met en difficulté l’avenir de nos équilibres budgétaires» a-t-il indiqué. C’est dire qu’une mission sur l’amélioration du pouvoir d’achat à travers une revalorisation notoire des salaires relève pratiquement de la gageure.