Le gouvernement, l’Ugta et le patronat se sont engagés, les travailleurs y croient
Le Premier ministre a annoncé que la révision du Snmg sera faite dans le cadre de la loi de finances 2015.
Les travailleurs algériens doivent patienter encore jusqu’à 2015 pour pouvoir bénéficier des augmentations salariales conséquentes. Très attendue sur ce point précis, la tripartite a débouché sur une promesse. Le gouvernement, l’Ugta et le patronat se sont engagés, les travailleurs y croient.
Les membres de la tripartite qui s’est tenue, hier à Djenane El Mithak d’Alger, se sont mis d’accord pour que l’abrogation de l’article 87 bis du Code du travail et la révision du Salaire national minimum garanti (Snmg) seront prises en charge dans le cadre de la loi de finances 2015. «La nouvelle définition du Snmg interviendra à la faveur de la promulgation de la loi de finances 2015 pour, notamment permettre aux entreprises de réunir toutes les conditions d’une bonne mise en oeuvre», a expliqué le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a présidé la réunion.
Cette mesure dictée par des besoins électoralistes sera donc concrétisée plusieurs mois après l’élection présidentielle du 17 avril prochain. M.Sellal qui a soutenu que «la révision de l’article 87 bis nous est parue nécessaire», explique que la redéfinition du Snmg vise à apporter certains correctifs au profit des travailleurs lésés et à améliorer la productivité de l’outil national de production et les résultats de l’entreprise.
Pour justifier cette annonce à la veille de l’élection présidentielle, M.Sellal a argué que la définition actuelle donnée au Snmg «pénalise en particulier les travailleurs des basses catégories professionnelles».
Cette définition, a-t-il ajouté, «ne permet pas aux entreprises plus de flexibilité pour mieux rétribuer les rendements des travailleurs ou pour indemniser toute sujétion à l’organisation ou aux conditions particulières de travail».
Si le gouvernement savait que cette définition du Snmg dans l’article 87 bis du Code du travail, qui date pourtant de 1990, pénalise autant le travailleur que l’entreprise, pourquoi alors a-t-il attendu la veille d’une échéance présidentielle pour promettre sa révision?
Gare à ne pas satisfaire cette promesse, car les conséquence risquent d’être lourdes pour la paix et la stabilité sociale.
L’autre point qui a sanctionné les travaux de cette tripartite est la signature du pacte national économique et social. Le document signé par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le secrétaire général de l’Ugta, Abdelmadjid Sidi Saïd et les représentants des organisations patronales intervient après le pacte conclu en 2006.
Ses objectifs essentiels sont d’accélérer les réformes économiques, de développer des systèmes sociaux comme celui de la santé et d’encourager l’accès au travail ainsi que la consolidation du partenariat et la mise à niveau des entreprises. Il vise aussi à instaurer un climat d’affaires sain, de faciliter l’acte d’investir et de réduire le poids de l’informel.
Le gouvernement sur du velours
Il faut dire que le gouvernement a évolué dans un terrain conquis. Face à une Ugta docile et un patronat prêt à applaudir toutes les décisions, Abdelmalek Sellal n’avait pas eu beaucoup de peine à convaincre ses partenaires. Il n’a pas eu besoin de beaucoup d’imagination ou d’initiative pour gagner la confiance des patrons et de la Centrale syndicale. Tous les représentants des organisations patronales qui ont intervenu ont affirmé leur soutien aux décisions du gouvernement, sans formuler, à l’exception de quelques critiques «amicales», de véritables oppositions ou propositions. Idem pour le secrétaire général de l’Ugta qui a affirmé, après avoir fait l’éloge de Bouteflika et de Sellal, qu’il n’a aucun complexe d’accompagner les pouvoirs publics et le patronat loin du terrain de la contestation. Ce qui semble être un choix assumé.
Pourtant, Abdelmalek Sellal a fait, dans ses brèves interventions entre les allocutions des participants, des révélations et des aveux importants. C’est ainsi qu’on apprend que même après la réalisation de tous les programmes de logements actuels (il y a des millions de logements), il restera un déficit de 670 000 unités à prévoir pour les futures programmes. M. Sellal a aussi avoué le manque de maturité concernant l’étude de certains projets, citant le cas des routes. Cela avant de reconnaître que «ce n’est pas la bonne solution que de combattre le marché informel».
Financement des entreprises
Le FNI ouvert aux privés
Le Fonds national d’investissement (FNI), spécialisé dans le financement du secteur public, interviendra désormais dans le financement des entreprises privées, a annoncé, hier à Alger, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Le FNI aura, dans le cadre de la nouvelle stratégie qui lui a été assignée, «le rôle de booster l’investissement public et privé avec des facilitations maximales», a déclaré M. Sellal lors des travaux de la tripartite (gouvernement-Ugta-patronat). La mesure est l’une des principales recommandations ayant sanctionné les travaux de la tripartite d’octobre dernier. Un groupe de travail avait été chargé de proposer les modalités de contribution du Fonds au financement de l’investissement national public et privé.