L’augmentation des tarifs des transports collectifs urbains déjà effective a fait réagir des citoyens qui ne comprennent pas l’intérêt d’une telle augmentation et ne la cautionnent pas. Cette nouvelle tarification a aussi fait réagir les associations qui estiment que cette décision n’est pas justifiée et qu’elle a été prise sans les concerter.
Mahfoud Harzelli, président de l’Union nationale de protection du consommateur, nous a indiqué hier avoir été surpris par l’application de nouveaux tarifs dans les transports, d’autant que la tutelle ne les a pas conviés à la réunion de la commission mixte qui s’est tenue en présence des syndicats du secteur. «J’ai été étonné de ne pas avoir été contacté pour participer à une telle réunion alors que jusqu’alors, nous avions toujours pu donner notre avis», nous a-t-il dit.
Il a indiqué par ailleurs ne pas connaître les modalités d’application de cette nouvelle tarification ni en avoir reçu les statuts. «Je sais que le calcul du tarif se fera en fonction du kilométrage mais j’ai adressé un courrier au ministère des Transports la semaine dernière afin d’obtenir des clarifications sur le sujet, cependant, je n’ai pas eu de réponse.
Je compte lui adresser un second courrier en espérant avoir un écho car les usagers du transport sont insatisfaits et nous l’ont fait savoir», nous at- il affirmé, ajoutant que pour faire preuve de pédagogie auprès des usagers, il compte réunir dès la semaine prochaine les associations de consommateurs des différentes wilayas, et ce, afin d’élaborer des dépliants qui expliqueront les modalités de cette nouvelle tarification.
Il souhaite que les associations de défense des droits des consommateurs soient plus actives et qu’elles sollicitent la direction des transports de leurs wilayas afin que ces dernières leur expliquent les procédés d’application de ce réajustement tarifaire. Lors de cette réunion, il compte également examiner l’impact qu’auront ces augmentations sur le pouvoir d’achat des usagers et élaborer un plan d’action en cas d’absence de considération du ministère des Transports.
Il estime cependant que son association ne peut appeler à la mobilisation «car les citoyens n’ont pas encore une conscience aiguë de la défense de leurs droits et ils sont encore peu nombreux à nous contacter», nous a-t-il dit, jugeant néanmoins que «le mécontentement des usagers est visible dans toutes les wilayas et que certains sont passés à l’acte en protestant dans certaines localités du pays mais ces mouvements sont sporadiques», a-t-il indiqué.
Pour M. Harzelli, cette nouvelle disposition ne se justifie nullement d’autant que les transports urbains n’ont jamais fait office de service public. «J’estime que les syndicats qui ont appelé à ce réajustement tarifaire ne sont pas dans la bonne voie. J’ai beaucoup de grief contre les opérateurs de transport. Je ne pourrai les énumérer tellement ils sont nombreux.
La vétusté du parc, la surcharge, le manque d’hygiène, l’absence d’horaires. Vous avez vu ces jeunes chauffeurs de bus, ils n’ont pas l’expérience requise, ils sont un danger pour les usagers», a-t-il dénoncé, ajoutant ne pas rester inactif et introduire une demande d’audience auprès du ministère des Transports car il estime que les associations de consommateurs ont le droit de dénoncer et d’alerter sur les pratiques des transporteurs.
Le secteur souffre de manque de professionnalisme Pour sa part, Abdelkader Boucherit, président de la Fédération nationale de transport de voyageurs, affiliée à l’UGCAA, estime que ce réajustement tarifaire est justifié et qu’il découle d’un bras de fer entre le ministère des Transports et les syndicats qui dure depuis 3 ans.
«Cette nouvelle tarification vise à la réglementation des prix car certains transporteurs augmentent anarchiquement le prix du transport au détriment du pouvoir d’achat des citoyens», a-t-il affirmé, ajoutant que depuis 1996, les prix étaient restés stables et qu’avec l’augmentation des charges qui incombent aux transporteurs (augmentation des prix de la pièce de rechange, des véhicules, du salaire des chauffeurs et des receveurs, des assurances, de la vignette) cette nouvelle tarification est une bouffée d’air frais pour les opérateurs qui risquaient la faillite.
«A part quelques lignes rentables, la majorité sont déficitaires. Nous aurions préféré que l’Etat baisse nos charges afin que l’on ne les répercute pas sur les usagers. Nous comprenons leur mécontentement d’autant que la qualité des prestations n’est pas à la hauteur mais nous sensibilisons les opérateurs et, surtout, nous avons interpellé le ministre sur la nécessité de réguler le secteur», nous a-t-il indiqué.
Selon ce responsable, le secteur souffre de manque de professionnalisme. «Nous avons interpellé le ministre sur l’attribution des lignes qui s’opère de manière incohérente. Actuellement, des bus vétustes sont autorisés à circuler. Nous souhaitons que ce soit uniquement les nouveaux bus ou des bus de moins de trois ans qui aient ces autorisations.
Aussi, nous aimerions que le ministère élabore une étude sur les capacités d’une ligne, un plan de transport et de circulation, notamment des couloirs pour les bus, et ce, afin d’éviter les embouteillages. Nous avons également proposé que la formation des chauffeurs de bus et des receveurs soit rendue obligatoire car pour le moment, ces derniers sont recrutés dans la rue et font preuve d’amateurisme», a-t-il affirmé, ajoutant que les propositions de son syndicat étaient à ce jour restées lettre morte.
Il nous a indiqué que la nouvelle tarification devait normalement s’opérer de manière progressive pour que cela ne touche pas de plein fouet le portefeuille des usagers.
Ce que nous avons pu constater sur le ticket de la ligne Saïd Hamdine – Bir Mourad Raïs qui doit être de 20 DA et que nous avons payé 15 DA, mais ce ne sont pas tous les transporteurs qui agissent de la sorte. Certains ont déjà appliqué la nouvelle grille tarifaire, d’autant que les documents y afférents sont affichés à l’intérieur des véhicules de transport.
Sabrina Benaoudia