Dans un communiqué parvenu hier à notre rédaction, le cabinet du wali explique que «cette augmentation est illégale».
«Il a été constaté, que les opérateurs de transport public des voyageurs de la wilaya de Tizi Ouzou, plus précisément ceux qui étaient en grève, ont procédé de manière unilatérale à une augmentation des tarifs de transport»,
lit-on dans le même document. Cette augmentation, ajoute le communiqué, «est en totale infraction avec les dispositions légales régissant le secteur des transports».
Se voulant plus explicite dans ses arguments, la wilaya s’est basée sur une série de lois et de décrets exécutifs régissant le secteur. Elle rappelle à cet effet qu’«en vertu de la loi n°02/11 du 24 décembre 2002 portant loi de finances 2003, qui a institué l’autorité de régulation des transports, la fixation des tarifs de transport des voyageurs est du ressort exclusif du ministre».
Ainsi, seul le ministre des Transports est habilité à introduire des modifications sur les tarifs des différentes lignes. Or, rappelons-le, les transporteurs de voyageurs de Tizi Ouzou, qui étaient en débrayage 47 jours durant, ont procédé à des augmentations de 50% sur toutes les lignes interwilayas, mais aussi celles desservant les différentes daïras, et ce, à partir du premier jour de la reprise, soit le 11 août dernier.
« … par conséquent, l’augmentation opérée par les transporteurs, basée sur le décret exécutif n°96/39 du 15 janvier 1996, portant tarification des transports des voyageurs par route est illégale», insiste le document. Ce décret exécutif, sur lequel les transporteurs se sont basés «est caduc», expliquent les responsables de la wilaya. «Son ancrage juridique étant abrogé par l’ordonnance n°03/03 du 19 juillet 2003 relative à la concurrence», est-il mentionné.
Où est l’autorité de l’Etat ?
Cependant, cette réaction de la wilaya n’a en réalité pas mis fin à «la loi de la jungle» qui règne désormais dans le secteur des transports.
Est-il suffisant de le dire ? Non ! Les habitants de la région, notamment les usagers du transport routier qui ont subi le diktat des fraudeurs, clandestins et autres durant la période de la grève, n’ont pas eu l’occasion de souffler et d’applaudir la décision de reprise du service, avant d’apprendre que les tarifs sont augmentés de manière unilatérale de 50%.
180 DA pour rallier Alger, ou encore 200 DA pour atteindre la wilaya de Béjaïa, pour ne citer que ces deux navettes, sont des prix que tous les citoyens ont dénoncé fortement. Mais que peuvent-ils faire, sinon abdiquer et monter dans le bus pour arriver à destination !
Mais, à l’opposé du pauvre citoyen, c’est aux services de la wilaya et aux représentants de l’Etat qu’incombe cette responsabilité de remettre chacun à sa place, lorsque «les bornes sont dépassées». Il y va de l’autorité de l’Etat.
Un communiqué expliquant que «l’augmentation est illégale» n’est pas en effet, pour apaiser les tensions au sein de la société.
Le citoyen attend des décisions concrètes et des interventions sur le terrain pour mettre fin au diktat et sanctionner les contrevenants, pour assurer sa propre protection.
«L’Etat n’est-il pas présent pour servir et protéger le citoyen !», s’est indigné un voyageur rencontré hier à la station provisoire de bus, à proximité de l’ancienne gare routière de la ville des Genêts.
Les pouvoirs publics ont donc intérêt à revoir la manière d’intervenir avant que les nouveaux tarifs «illégaux» deviennent coutumes.
A. M.