L’augmentation de la pension de retraite sera vite absorbée par la flambée des prix, s’accordent-ils à dire. «Nous ne demandons pas l’aumône, nous revendiquons notre droit. On ne comprend pas pourquoi le gouvernement considère ces augmentations comme de l’assistanat».
La décision d’augmenter la pension de retraite n’a pas fait que des heureux parmi les retraités. Et pour cause, cette revalorisation tant attendue n’a pas répondu aux attentes des retraités estimés à près de deux millions. Pour eux, la malvie va durer quelques années encore. 11h, les espaces de la mosquée d’El Mouradia, sont pris d’assaut par des retraités, malgré le froid glacial de cette matinée de lundi. La déception des retraités est visible sur les visages. «Nous sommes des mendiants d’antan et nous restons des mendiants à vie.
Ils (les pouvoirs publics) ont mis plusieurs mois pour nous accorder une augmentation infime», lance un septuagénaire qui vient d’apprendre à travers les journaux cette augmentation. Et de s’interroger : «A quoi sert cette revalorisation face à une augmentation excessive des produits de première nécessité ?» L’augmentation de la pension de retraite sera vite absorbée par la flambée des prix, s’accordent-ils à dire.
«Nous ne demandons pas l’aumône, nous revendiquons notre droit. On ne comprend pas pourquoi le gouvernement considère toujours ces augmentations comme de l’assistanat», se lamente une retraitée qui estime que cette augmentation est «de la poudre aux yeux». Aâmi Ali, un cadre à la retraite, est adossé au mur d’un buraliste, journal à la main. Aâmi Ali vit avec une misérable retraite de 10 000 DA. Avec cinq enfants à charge, il ne cache pas son désarroi, même si sa maigre pension sera relevée à 15 000 DA à partir du 1er janvier prochain. «C’est une honte. La vie est chère. Regardez le prix des fruits et légumes.
J’ai des factures de gaz et d’électricité à payer, des médicaments à acheter et cinq bouches à nourrir». La déception des retraités est grande. Usés par des années de dur labeur, ils affirment que la bataille pour une augmentation digne de ce nom ne fait que commencer. «De toutes les façons, on acceptera cette augmentation, mais nous ne nous tairons pas», avertit Si Belkacem, ancien fonctionnaire dans une APC. Cependant, la revalorisation de la pension de retraite a été appréciée par certains qui affichent leur satisfaction. Se sont généralement les retraités qui bénéficieront d’une augmentation de 30%. Cette revalorisation leur permettra de souffler un peu. C’est une bouffée d’oxygène. «C’est mieux que rien. Nous allons enfin respirer avec cette augmentation tant méritée. Nous sommes une génération qui a jeté les premières bases de développement de l’Algérie post-indépendance et qui a su relever le défi après le départ massif des travailleurs et cadres français d’Algérie», se réjouit un autre retraité. Contacté, le chargé de communication de la Fédération nationale des travailleurs retraités (FNTR), Bourkris Smail, n’est pas du tout satisfait de la décision du Conseil des ministres. «Certes, les retraités ne peuvent qu’être satisfaits de cette augmentation. Mais nous allons continuer à revendiquer une revalorisation à hauteur de 40%».
Laminés par un pouvoir d’achat en perpétuelle érosion les retraités percevront à partir du 1er janvier prochain au moins 15 000 DA par mois. Selon un communiqué du Conseil des ministres, réuni dimanche, le gouvernement accorde ce relèvement au bénéfice des retraités salariés et non salariés. Les retraites au-dessus de 15 000 dinars enregistreront des augmentations comprises entre 15 et 30% en fonction du montant initial. Près de 2 400 000 retraités salariés et non-salariés bénéficieront de ces mesures qui seront financées par l’Etat et dont le coût annuel sera de plus de 63 milliards de dinars.
Par Hocine Larabi