“Aucune paix n’est possible ni au Proche-Orient ni dans le monde, sans une solution au problème palestinien”

“Aucune paix n’est possible ni au Proche-Orient ni dans le monde, sans une solution au problème palestinien”
aucune-paix-nest-possible-ni-au-proche-orient-ni-dans-le-monde-sans-une-solution-au-probleme-palestinien.jpg

Rencontre-débat hier au Centre de presse d’El Moudjahid où on commémorait le deuxième anniversaire de l’agression israélienne contre Ghaza. Occasion pour le président de la Forem, le Pr Mostefa Khiati et le Dr Fawzi Oussedik, ancien doyen de la Faculté de droit de l’université de Blida et actuel directeur des relations internationales du Croissant-Rouge Qatari, d’aborder la question, si cruciale, de l’application du droit humanitaire international en Palestine, notamment en ce qui concerne le mur de séparation mis en place par Israël dans les territoires occupés, l’embargo imposé depuis 2006 sur Ghaza, l’impact de l’agression.

Des effets dramatiques sur la santé de la population

Dans son exposé, le Pr Khiati Mostefa, président de la FOREM, a traité des effets de l’embargo sur la santé des enfants à Ghaza. Sur l’offensive israélienne du 27 décembre 2008, l’éminent orateur note que cette agression est intervenue après 16 mois de blocus. Une centaine de types de munitions, dont une dizaine interdite par les conventions internationales pour leurs effets collatéraux (effets sur l’environnement, l’eau, etc.) ont été utilisés par le corps expéditionnaire israélien.

1.300 tués, dont une grande majorité de civils

Au total, selon les chiffres cités, il y a eu 1.300 tués, dont 65 % de civils, 410 enfants ont péri, et 5.000 blessés. Les effets de l’embargo sur la santé de la population ont été dévastateurs, note le Pr Khiati. 80 ONG interviennent. Le caractère du blocus imposé par Israël, les USA et l’Union européenne après la victoire de Hamas aux élections législatives de septembre 2007, a été d’en faire une punition collective.

Un peuple puni pour son respect de la démocratie

On a reproché ainsi au peuple palestinien d’avoir organisé des élections transparentes, démocratiques, caractère attesté par les organisations internationales présentes pour la surveillance du scrutin, ce qui est un comble ! Le blocus a ainsi sanctionné la volonté de la population de Ghaza. Depuis 2007, ce blocus n’a cessé de s’intensifier. L’agriculture a été étouffée, la pêche, dont vivent de son produit 4.000 pêcheurs, est considérablement réduite en termes d’activité.

Le tissu économique est détruit. Les 3/4 des infrastructures sont détruites ou endommagées. Selon une évaluation du PNUD, citée par le Pr Khiati, 82,5 % des écoles sont à l’état de ruines. 75 % des terres cultivables ne servent plus, 60 % des entreprises privées n’ont pas réussi à reprendre leurs activités, l’eau est contaminée.

70 % de la population survit grâce à l’aide internationale

70 % de la population survit grâce à l’aide internationale, selon les évaluations de l’OMS, les services de santé de Ghaza sont fragilisés ou au bord de l’effondrement, l’hygiène publique subit de graves dommages avec des stations d’épuration qui ne fonctionnent plus. Il y a accumulation des eaux usées dans les bassins et rationnement de l’électricité.

On constate une baisse constante des niveaux de vie, où 70 % des familles à Ghaza vivent sous le seuil de un dollar/j. Les évaluations des dommages dus au blocus de mars 2009, évaluées à 514 millions d’euros, sont en fait beaucoup plus élevées. Le PIB, qui était de 5 % en 2006 a chuté à 3 % en 2007, puis à 2,7 % en 2008. Le chômage est à hauteur de 38,6 % de la population active, plaçant Ghaza au 188e rang mondial quant au nombre de chômeurs. Selon des ONG, le nombre de réfugiés présentant une pauvreté extrême a triplé depuis le blocus (100.000 à 300.000 selon l’URWA), l’insécurité alimentaire qui a été de 56 % en 2008, se chiffre à 60,5 % en 2009. 90 % de la population dépend de l’aide internationale alimentaire. Selon l’Union européenne, le coût de la vie a augmenté de 40% depuis le blocus.

20 % de la population a moins de 15 ans

20 % de la population a moins de 15 ans et les maladies dues à l’état sanitaire de la région sont la cause d’une mortalité infantile importante. Les cas d’anémie sont nombreux, compte tenu de la malnutrition. A cela, il faut ajouter un manque aggravé de spécialistes, des cas traumatiques très développés, notamment chez les enfants et des perturbations très fréquentes dans les services de santé.

Il y a détérioration progressive de la sécurité alimentaire pour près de 70 % de la population à Ghaza. Israël bafoue impunément les conventions internationales qui s’appliquent normalement à la situation d’occupation des territoires palestiniens. Les conventions internationales qui protègent les enfants sont elle aussi ignorées ou violées par l’occupant israélien.

Le droit humanitaire bafoué

Intervenant à son tour, le Dr Fawzi Oussedik s’est longuement appesanti sur le droit humanitaire international et note que le corps expéditionnaire israélien faisait peu de cas de celui-ci. Les efforts sont considérables, note l’éminent orateur et sur tous les aspects de la vie de la population.

Un terrorisme d’Etat

Les conventions de Genève sur les responsabilités de l’armée d’occupation sont inopérantes, d’après le Dr Oussedik qui rappelle que s’agissant d’Israël on se trouve devant un cas de terrorisme d’Etat pratiqué par l’administration sioniste avec des efforts implacables sur la vie des gens, sur l’environnement.

L’utilisation d’armes prohibées relève du crime international

L’utilisation d’armes prohibées durant l’agression, notamment l’utilisation de phosphore blanc dont on connaît les dégâts irréparables qu’il occasionne, ont fait l’objet d’une condamnation de la communauté internationale, y compris chez les alliés objectifs d’Israël. L’administration sioniste, qui agit en violation de toutes les conventions internationales ignorant les recommandations des Nations unies, a organisé une punition collective contre Ghaza et sa population.

Un Etat terroriste profitant de l’impunité

Les atteintes au droit des personnes, à celui des biens sont régulièrement dénoncées, mais Israël, jouissant d’une certaine impunité malgré toutes les sanctions qui sont prononcées, poursuit sa politique d’agression et affiche un mépris total à l’égard de l’opinion publique internationale de plus en plus consciente des terribles dommages causés à la paix par la politique d’agression de Tel Aviv. L’ambassadeur de Turquie en Algérie, M. Ahmet Necati Bigali présent à la rencontre d’hier au centre de presse d’El Moudjahid aux côtés du représentant de l’ambassade d’Arabie saoudite et des représentants de l’ambassade de l’Etat de Palestine à Alger, a décrit de façon remarquable la situation qui y prévaut.

Pas de paix dans le monde sans une solution au problème palestinien

Lors de son intervention, le diplomate turc a rappelé que sans une solution au conflit palestino-israélien, aucune paix n’était possible au Proche-Orient ni dans le monde. La Turquie, comme beaucoup de pays membres des Nations unies, défend l’idée des deux Etats et milite pour la concrétisation de cette revendication. C’est une question clé note M. Ahmet Necati Bigali, seule une solution au conflit peut ouvrir des perspectives pour la paix et réduire les tensions sur le plan international.

Un acte de piraterie maritime condamnable

L’ambassadeur de Turquie a rappelé que l’arraisonnement de la Flottille pour la liberté servant à desserrer le blocus israélien contre Ghaza et à secourir la population en vivres et en médicaments a été un acte de piraterie maritime de la part d’Israël, le navire se trouvant dans les eaux internationales. Des ressortissants turcs ont été tués lors de l’assaut israélien. Aucune normalisation ne sera possible avec Tel-Aviv de la part de la Turquie tant que les dommages causés n’auront pas été réparés et des excuses officielles adressées au gouvernement turc.

Les relations diplomatiques entre les deux pays sont maintenues, néanmoins le diplomate turc estimant qu’en l’état actuel des choses, le plus important est dans la recherche d’une solution au conflit, et pour cela il est important que le contact soit maintenu.

Accroître la pression sur Israël

Les institutions internationales doivent accroître, note le diplomate turc, leurs pressions sur Israël, la même demande est faite aux Etats-Unis par l’ambassadeur qui estime qu’ainsi on pourra parvenir enfin à la concrétisation de la paix et de la création des deux Etats. Il y a, note le diplomate turc, un engagement très important en faveur d’une telle solution. Le représentant de l’ambassade de l’Etat de Palestine a dénoncé dans son intervention l’occupation et l’utilisation d’armes prohibées contre la population dans les territoires occupés.

Il a dénoncé avec vigueur la barbarie sioniste et ses conséquences sur la vie des populations, sur l’environnement et le cadre de vie générale, faisant de Ghaza, une immense prison. Il a lancé un appel pour que les pays arabes et musulmans coordonnent leurs efforts avec la communauté internationale pour qu’Israël se conforme au droit international et aille vers la paix.

T. M. A.