Aucune nouvelle des diplomates algériens enlevés au Mali,Une «carte» entre les mains d’Aqmi

Aucune nouvelle des diplomates algériens enlevés au Mali,Une «carte» entre les mains d’Aqmi

Des groupes terroristes, à leur tête Aqmi, se sont durablement installés dans cette partie du Mali

Le chef de la diplomatie algérienne n’a pas manqué de réitérer que l’Algérie mettra en branle tous ses atouts pour faire libérer ses ressortissants dans les meilleures conditions.

Le Sahel, plus particulièrement le Mali, franchit-il une nouvelle phase vers son «afghanisation»? Il est établis que le but ultime et stratégique, toujours recherché par les groupes d’Al Qaîda, est de s’offrir l’intervention des forces étrangères.

La libération des diplomates algériens, dont le dénouement ne serait probablement pas de sitôt, est officiellement démentie. «Il n’y a pas d’informations concernant la libération du consul d’Algérie à Gao et six de ses collaborateurs», a affirmé hier, à Alger, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. Et d’indiquer: «Le gouvernement algérien s’est engagé à travailler avec toutes les parties ayant une influence pour aboutir à une issue heureuse.» Le rapt des diplomates algériens est marqué par une lourde confusion.

La région du Sahel est sérieusement menacée par une aggravation de l’instabilité et l’accélération d’événements allant crescendo, servant le but commun à Aqmi et à ses relais, pour une intervention militaire étrangère dans cette partie de l’Afrique, riche en potentialités naturelles, dont l’uranium et l’or. Interrogé sur le sort du consul algérien et de ses collaborateurs qui ont été enlevés jeudi au Mali, le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, a affirmé dans entretien publié hier par notre confrère le Quotidien d’Oran, n’avoir «aucune nouvelle d’eux». Ce qui se passe au Mali en particulier et au Sahel en général est similaire aux «opérations de sous-traitance du crime organisé d’une très grande envergure», soutiennent les observateurs. Les plus offrants parmi les bailleurs de fonds ont le dernier mot. Les armes libyennes accentuent un peu plus la débandade dans l’une des régions les plus déshéritées d’Afrique dont la population, totalement démunie, est en revanche inondée d’armes de guerre.

Les Touareg vivant généralement de la «razzia», exacerbent une situation déjà compliquée. La question qui se pose est: «Les Etats du pourtour ont-ils la volonté d’agir ou peuvent-ils endiguer la propagation de ce phénomène troublant dont les ficelles sont en fait tirées par des forces occultes et officieuses?» La multiplication des groupes terroristes au nord du Mali ces dernières années, rameutés parallèlement à la succession des événements au Mali n’est pas forcement fortuite. Des groupes terroristes, à leur tête Aqmi se sont ainsi durablement installés dans cette partie du Mali mettant le nord de ce pays en coupe réglée. Le Mujao (Mouvement de l’unicité et du jihad en Afrique de l’Ouest), à côté d’autres groupuscules, s’est signalé dans la région, faisant de la surenchère avec les groupes déjà établis.

Le Mujao a ainsi revendiqué l’enlèvement d’humanitaires occidentaux, à Tindouf (dans un camp sahraoui), et l’attentat kamikaze, perpétré le 3 mars dernier contre le siège du groupement de la Gendarmerie nationale de la wilaya de Tamanrasset ainsi que le dernier rapt des diplomates algériens. C’est ce groupe, le Mujao, qui a revendiqué hier l’enlèvement des diplomates algériens. L’autre phalange, d’Ansar Edine, dirigée par Iyad Ag Ghaly, ancien rebelle targui, également ancien diplomate malien en poste en Arabie Saoudite et négociateur au bénéfice d’Aqmi dans les prises d’otages et versements de rançons. Pour Daho Ould Kablia c’est Aqmi qui est derrière cet enlèvement. Plus explicite, il a précisé que les islamistes recherchent par cet acte un «coup d’éclat», parce que, selon lui, enlever un consul fait partie de leurs méthodes pour se valoriser et se donner une dimension.

Le ministre a fait remarquer que «la situation reste complexe et difficile aux frontières», étant donné les nouvelles donnes. Avant, il y avait Aqmi, ensuite il y a eu la connexion avérée entre les terroristes et les contrebandiers et les narcotrafiquants, a-t-il encore précisé. Interrogé sur l’éventuelle fermeture de la frontière algéro-malienne, le ministre de l’Intérieur n’a pas écarté cette possibilité, estimant que cette option restait sur la table.

«Nos frontières sont strictement contrôlées mais l’éventualité de leur fermeture n’est pas écartée. Nous allons nous concerter avec le ministère des Affaires étrangères pour décider», a déclaré M.Ould Kablia au Quotidien d’Oran. Ajoutant que cette mesure n’a pas été prise parce qu’il y a «des Algériens et d’autres ressortissants étrangers qui passent la frontière».

En outre, la nouvelle conjoncture a influé négativement sur le fonctionnement des mécanismes de renseignement et de lutte contre le terrorisme mis en place par les pays du champ. Dans cet ordre d’idées, le ministre de l’Intérieur a admis que «les problèmes politiques des Touareg qui viennent se greffer au reste exacerbent la tension dans la région. A partir du moment où l’un des acteurs au sein du Cemoc (Comité d’Etat-major opérationnel conjoint) qui est le chef d’Etat-major malien n’occupe plus ses fonctions, la donne a été totalement bouleversée», a-t-il expliqué.

Par conséquent il a souligné l’importance de la prise de nouvelles dispositions pour chaque conjoncture, notant que l’Algérie va «probablement» prendre les mesures adéquates pour faire face à la situation née de l’enlèvement de ses diplomates.».