A moins que le CHAN ne soit un engagement sans conviction de la part de la FAF, on voit mal comment Benchikha fera pour se passer des meilleurs joueurs locaux pendant cette compétition (du 4 au 25 février 2011) s’il venait à s’en priver, bien évidemment, pour les convoquer au match amical du 9 février contre la Tunisie.
Pourquoi priver les A’ des meilleurs joueurs et exiger d’eux des résultats ?
Il est clair que si une telle décision est prise par le sélectionneur national, celle-ci se mettrait en contradiction totale avec la ligne directrice de la FAF. Pis, cela signifiera que le rôle de DTN qui fait toujours défaut au niveau de la «fédé» n’a pas été comblé comme il se doit.
Abdelhak Benchikha aura donc fort à faire pour danser correctement sur ces deux dates, aussi importantes que décisives. Certains avancent que le sélectionneur national des A ne retiendrait que les meilleurs des locaux, soit un nombre qui ne dépasserait pas les doigts d’une main. Soit. Mais dans ce cas, il serait très malsain d’exiger de la sélection des locaux de réaliser cet objectif tracé d’aller obligatoirement en demi-finale, du fait qu’on la prive de ses meilleurs atouts. Insensé, non ?
C’est plus par esprit de vengeance que Benchikha veut aller au CHAN !
Benchikha se battra donc avec lui-même, avant de prendre une telle décision. Sa conscience sera si lourde qu’il regrettera même le fait d’avoir insisté à garder les deux costumes des A et des A’.
Tout le monde sait que ce n’est pas par boulimie que le «Général» a tenu à conserver les deux postes. Encore moins pour «rendre licite (son) argent» comme il a plaisanté à demi-mot lors de la dernière conférence de presse.
Car, en vérité, si Benchikha a tant insisté auprès de Raouraoua pour diriger en personne les locaux durant le CHAN 2011, c’est plus par esprit de revanche sur un sort qui l’a vu reléguer au second plan, lui et toute la «gent» locale du football algérien, pendant la Coupe du monde.
«Si j’échoue, c’est le produit local qui échouera», dixit Benchikha
C’est donc plus d’un point d’honneur qu’il s’agit et non d’une quelconque autre considération.
Benchikha – qui a déclaré à sa première rencontre avec les journalistes en tant que patron des Verts, «avoir une lourde responsabilité envers le football local» – sait aujourd’hui qu’il se doit d’aller au bout de ses engagements. «Si j’échoue, c’est le produit local qui échouera, mais si je réussis, ce sera les footballeurs et les techniciens locaux qui seront revalorisés», a-t-il répété à maintes reprises, avec une ferme conviction
. Il sait donc parfaitement qu’il sera attendu au tournant, tant chez lui qu’à l’extérieur. C’est pour cela qu’on voit mal comment il va faire pour se passer de ses meilleurs éléments pendant le CHAN.
Priorité à l’équipe A, sans complexer les locaux
Il est vrai que l’équipe A est la locomotive du football national et que la priorité devra être accordée logiquement aux Verts.
Mais avec un tel raisonnement, il vaudrait mieux annoncer les vraies intentions de la FAF pour le CHAN et le futur du football algérien qui rend sceptiques les plus optimistes d’entre nous. Si, comme Saâdane l’avait fait dans l’urgence, on devait éternellement se contenter des joueurs formés dans les championnats européens, sans donner leur chance aux joueurs du cru, on sera les premiers à respecter une telle décision, même si elle est à l’opposé de notre vision du football national.
Dans ce cas, on ne lèverait plus le doigt pour défendre l’honneur du football algérien, lorsque des techniciens européens nous enverraient leurs flèches pour nous rappeler qu’il est temps de se remettre au travail comme tout le monde et ne plus compter sur la sueur des autres.
Bannir la politique du social à tout jamais
Bien sûr, sans pour autant délaisser les joueurs binationaux qui manifesteront un désir clair et sincère de venir jouer pour l’Algérie (si possible, en première intention car on a vu les dégâts que cela provoque), il est peut-être plus utile de ne pas complexer les joueurs locaux plus qu’ils ne le sont aujourd’hui.
Surtout que le rappel de certains d’entre eux par Benchikha a redonné une terrible envie de se surpasser à tous les autres. On n’a pas le droit de briser à nouveau le fol espoir suscité au sein du championnat national, par l’annonce de la liste des joueurs convoqués pour le match du Luxembourg. Maintenant, il est clair que la politique du tout social est bien révolue et chaque joueur ne sera défendu que par son propre rendement sur le terrain. Sans la moindre pitié !
La dignité des locaux et de Benchikha en jeu
Abdelhak Benchikha sait parfaitement cela. Comme il sait que le CHAN est une compétition de confirmation des meilleurs locaux qui pourront saisir la chance de leur vie pour gravir d’autres paliers.
Mais il sait surtout que s’il venait à écarter les meilleurs locaux de ce tournoi pour lequel ils se sont battus (à ses côtés de surcroît), il casserait, à coup sûr, cette volonté commune qui les avait animés pour retrouver une dignité qu’on leur avait enlevée injustement. En privant les locaux de ce tournoi continental, créé justement pour faire briller le soleil au-dessus de leur talent, c’est également sa propre dignité qui sera ébranlée en même temps que celle des joueurs.
C’est pour cela qu’on a de sérieux doutes de voir Benchikha retenir les meilleurs locaux pour un match amical face à la Tunisie bis de surcroît.
Faire le ménage mental au sein des Verts…
Le match du 9 février contre les Tunisiens devrait plutôt servir de point d’ordre entre le «Général» et certains de ses soldats mis au cachot.
On pense, bien sûr, à Nadir Belhadj, Abdelkader Ghezzal et Djamel Abdoun qu’il ferait mieux de rappeler pour leur expliquer les yeux dans les yeux pourquoi il les avaient écartés de l’EN. Benchikha a également l’occasion pour ce match de faire appel (enfin !) à des joueurs comme Mickaël Fabre et Karim Soltani que Saâdane avait royalement ignorés pour on ne sait quelle obscure raison.
Tout comme il devrait battre le rappel des blessés, à l’instar de Chadli Amri à qui on n’a pas encore donné de véritable chance de briller depuis le retour du cheikh. En bref, Benchikha ferait mieux de laisser les locaux savourer leur qualification au CHAN, tout en s’occupant de faire le ménage «mental» qui pourrissait la vie des Verts.
En affirmant que 80 % des éléments qui joueront face à la Tunisie seront reconduits contre le Maroc, Benchikha laisse une marge de 10 % assez importante pour lui permettre de rectifier le tir. Et cela aussi, il le sait !