Organisée en collaboration avec l’ONU, l’édition 2018 du Web Summit s’est déroulée du 5 au 8 novembre à Lisbonne, au Portugal. Le salon technologique international le plus attendu de l’année, qui a accueilli plus de 70 000 participants venant de plus de 170 pays, dont des start-up et 1 500 investisseurs, s’est concentré sur de nombreuses questions pesant sur l’avenir multidimensionnel de l’internet comme l’intelligence artificielle et les objets connectés.
Selon Paddy Cosgrave, fondateur et organisateur du Web Summit, plusieurs acteurs de l’internet, politiciens, opérateurs de l’économie digitale, équipementiers et d’autres producteurs de contenus numériques ont été invités à participer à cet évènement pour analyser la trajectoire de la courbe de l’évolution du monde numérique qui passe de l’engouement croissant à la méfiance, puis à la peur. Tim Berners-Lee, l’inventeur du World Wide Web, s’est exprimé à cette occasion au sujet de l’avenir de l’internet. Le physicien britannique de 63 ans a déclaré que les menaces liées au web, comme la violation de données et les fake news vont continuer à se multiplier et à se sophistiquer pour mener l’internet vers «le point critique» de perte de crédibilité. Il a ainsi lancé une campagne pour un nouveau «contrat pour le Web». Baptisée #ForTheWeb, cette campagne vise à éloigner la toile mondiale des fake news et des problèmes de respect de la vie privée et de la protéger de toute manipulation politique afin de la rendre sûre et accessible à tous. «Nous avons perdu le contrôle de nos données personnelles, et ces données sont transformées en armes contre nous. Le pouvoir d’accéder aux informations du monde entier est manipulé par des acteurs malveillants», a-t-il affirmé dans le document remis aux médias. Le «contrat pour le Web» proposé par Tim Berners-Lee consiste à obliger les gouvernements et les entreprises de s’assurer du respect de la vie privée des citoyens et d’un accès bon marché au Net à tous les usagers, et de lancer des campagnes de sensibilisation des utilisateurs à la nécessité de créer des communautés Web respectueuses. Facebook et Google ont été les premières compagnies internet à soutenir les principes du contrat, comme le droit fondamental au respect de la vie privée et l’accès au Web pour tous. La huitième édition du Web Summit a mis en vedette Tim Draper, un investisseur américain fervent partisan du bitcoin et fondateur des fonds Draper Associates, DFJ et du réseau Draper Venture Network.
Draper s’est livré à une étonnante prédiction sur la question cruciale de la crypto-monnaie lors de sa conférence. Le fondateur de l’université Draper University of Heroes, qui a pris des participations dans une cinquantaine de sociétés en lien avec le secteur des crypto-monnaies, parmi lesquelles Coinbase, Ledger ou encore Tezos, est convaincu que le bitcoin montera à 250 000 dollars par unité en 2022 – ou au plus tard en 2023. «Ce sont les jeunes entrepreneurs d’aujourd’hui qui dessineront le futur économique du Web», a-t-il déclaré.
La reconnaissance faciale, un danger
Brad Smith, président et directeur du département juridique de Microsoft, était également présent au Web Summit de Lisbonne. Il a tiré la sonnette d’alarme en révélant le danger que représente le progrès technologique de la reconnaissance faciale sur la garantie des libertés individuelles des citoyens. Dans une conférence sur les technologies de reconnaissance faciale, le juriste de Microsoft a alerté l’auditoire sur le risque très sérieux que représenterait la mise en ligne de cette technologie. «Les technologies de la reconnaissance faciale pourraient donner l’occasion aux gouvernements de suivre n’importe quel individu, où qu’il aille. Ce qui constituerait une réelle menace envers les libertés civiles fondamentales sur lesquelles reposent les sociétés démocratiques», a-t-il ajouté. Selon l’orateur, l’heure est venue de s’interroger sur les limites de la tolérance accordée aux technologies pour gouverner les sociétés. «2014 ne doit aucunement ressembler à 1984» a-t-il affirmé. 1984 est le plus célèbre roman de George Orwell, publié en 1949. Il décrit une société britannique trente ans après une guerre nucléaire, où s’est instauré un régime politique totalitaire et où la liberté d’expression a totalement disparu, et les pensées sont minutieusement surveillées par le Big Brother. Brad Smith craint que le périmètre de la pénétration des technologies comme la reconnaissance faciale soit plus large dans un avenir proche. Un tel scénario pourrait, selon lui, se produire dès 2024.
F. F.