Au sujet des dernières déclarations sur l’Algérie: Haftar accuse le Qatar

Au sujet des dernières déclarations sur l’Algérie: Haftar accuse le Qatar

Le général Haftar a officiellement accusé le Qatar d’avoir voulu «allumer le feu» entre la Libye et l’Algérie en déformant de manière grave les propos tenus par ce dernier quelque temps auparavant.

Abla Chérif – Alger (Le Soir) – Le général libyen a donc visiblement décidé de passer à l’offensive et d’éclaircir définitivement le quiproquo né de ses dernières déclarations au sujet de l’Algérie.

Pour passer au mieux son message, il a livré les détails de l’affaire au journal El Chark El Awsat affirmant que le Qatar avait ouvertement manipulé son discours à travers El-Jazeera en faisant croire qu’il voulait «exporter la guerre en Algérie». Ses propos sont appuyés par une déclaration similaire, faite le même jour par le responsable de l’information du bureau de Haftar, ainsi que son porte-parole officiel. Ce dernier avait, on s’en souvient catégoriquement démenti une première fois l’information telle que rapportée par la chaîne de télévision qatarie et selon laquelle l’armée libyenne s’apprêtait à réagir à l’intrusion d’éléments armés algériens sur son territoire. Cette fois, Mesmari Labidi est cependant allé plus loin, accusant une chaîne de télévision appartenant à la mouvance des Frères musulmans et émettant de Turquie d’avoir voulu empoisonner les relations entre Alger et Tripoli en inventant des propos graves.

Le porte-parole de Haftar rappelle que l’armée libyenne avait enregistré l’intrusion d’éléments armés à travers ses frontières sans pour autant en déterminer l’identité. Le général avait lui-même annoncé qu’un émissaire avait été dépêché auprès des autorités algériennes afin de faire la lumière sur ce précédent. L’opinion reste cependant peu informée des tenants et aboutissants de cette affaire et demeure dans l’attente d’éclaircissements. Le fait que Haftar ait divulgué des informations d’une telle sensibilité prête à plusieurs interrogations.

En sa qualité de chef militaire aguerri et rompu à l’art de la guerre, il n’est pas sans ignorer que le fait de rendre publiques de telles données ne peut rester sans conséquences. Il n’est pas sans savoir non plus que toute diffusion d’informations aussi délicates, et relevant en principe de secrets militaires, ne peut s’effectuer que dans un objectif bien précis. Or, Haftar ne nie pas avoir divulgué ces informations et de les avoir rendues publiques lors d’une réunion importante tenue avec des notables de sa région. Qu’elle en était la raison ? Titiller l’Algérie au moment où cette dernière persiste à soutenir l’option d’une solution politique à la crise libyenne à l’heure où le général ne semble pas avoir tranché définitivement pour cette perspective ? Ou tout simplement de légitimer ses actions militaires qu’il voulait étendre jusqu’à Tripoli où des milices rivales commettent des attentats revendiqués par Daesh. Quoi qu’il en soit, l’affaire a été très vite récupérée par les ennemis de la stabilité de la Libye et de la région. Les autorités libyennes ne sont pas à leurs premières accusations contre le Qatar, un pays maintes fois pointé du doigt pour son jeu dangereux et ses tentatives répétées de déstabiliser le territoire libyen. En juillet dernier, le Parlement de l’est libyen avait accusé ce pays de s’ingérer dans les affaires internes de la Libye et cela de manière plus ouverte depuis la prise de contrôle des zones pétrolières par l’armée libyenne.

Dans un communiqué rendu public, ce Parlement affirmait que le Qatar essayait de «justifier une attaque contre les champs de pétrole et les ports pétroliers, et de manipuler la propriété du peuple libyen». A la même période, le porte-parole de l’Armée libyenne (ALN) rendait publique une information encore plus grave. Ce dernier a convoqué des journalistes pour annoncer, preuves à l’appui, que les militaires qataris avaient formé des tireurs d’élite d’El-Qaîda en brandissant la photo de l’un d’entre eux dans la ville de Syrte. Ce dernier a été identifié comme étant fondateur de Daesh dans cette zone.

La même source a révélé que Doha se trouvait également derrière les attentats perpétrés contre les sites pétroliers de Ras Lanouf et d’Es-Sidr.

A. C.