AU SAHEL, L’EMIR DE QATAR SE SUBSTITUE À SARKOZY Les ingrédients d’une intervention étrangère

AU SAHEL, L’EMIR DE QATAR SE SUBSTITUE À SARKOZY Les ingrédients d’une intervention étrangère

La défaite de Sarkozy a brouillé les plans américains dans la région.

L’onde de choc du «syndrome libyen» va toucher plusieurs pays du champ sahélien. Elle n’épargnera pas le Mali dont la situation sécuritaire s’y prête bien. Des spécialistes des questions géostratégique sont catégoriques: «Au Sahel, les jeux sont visiblement faits pour monter de toutes pièces une intervention étrangère.» Cette nouvelle forme de balkanisation de la région sahélo-saharienne est vue par des observateurs avertis comme une porte ouverte au terrorisme international, justifiant des ingérences et interventions étrangères directes dans la région. Une nouvelle technique américaine légitimant ses interventions de par le monde. Chaque heure compte, le risque donc est imminent.



Les mêmes spécialistes soutiennent que la défaite de l’architecte de «l’afghanisation de la Libye», Nicolas Sarkozy, durant la précédente élection présidentielle française, peut accorder un léger sursis à cette intervention. Ainsi, pour Bernard Lugan, spécialiste de l’Afrique, «le Sahel est devenu une terre où prendre ses matières premières (uranium, fer, pétrole, etc.) y attirant outre les acteurs traditionnels, en l’occurrence la France et les Etats-Unis, de nouveaux acteurs comme la Chine». Relevant que l’anarchie qui y règne est voulue, si elle n’est pas provoquée. Cela explique, dit-il,par ailleurs, la position des Américains surveillant la région du Sahel comme du lait sur le feu. Toutefois, la défaite de Sarkozy a brouillé les calculs américains pour mener une opération militaire, touts azimuts, au nord du Mali, soit une deuxième étape pour l’Otan après la Libye.

Par ailleurs, il est aussi signalé que les informations circulant à propos du Qatar qui vient de mettre sa «patte dans le brasier sahélien» renseigne sur son rôle de substitution à la France, plus ou moins pour le moment, pour prêter main forte aux groupes djihadistes au Sahel. Ce petit sultanat du Machrek est d’autant plus connu pour nager dans des eaux troubles et répandre le feu sur son passage pour le compte de l’Oncle Sam et consorts. Le rôle joué par le Qatar dans la guerre de l’Otan en Libye confirme, à plus d’un titre, les informations rapportés par le quotidien français le Parisien, accusant ce pays de subventionner les groupes terroristes.

D’autant que, tous les ingrédients pour justifier une intervention au nord du Mali sont réunis après l’effondrement de l’armée malienne et l’implantation d’Al Qaîda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a renforcé et étendu sa zone d’action dans le nord du Mali, région qui est le bastion du mouvement séparatiste (Mnla), désormais décidé à recouvrer son indépendance. Notons à ce sujet que dans son dernier rapport sur Al Qaîda au Maghreb islamique, le conseiller principal du président Barack Obama, en matière de sécurité internationale et de lutte contre le terrorisme, John Brennan, a noté que cette organisation criminelle (Aqmi) s’est redéployée en nouant des liens avec le Shebab somalien et Boko Haram nigérian, lequel, semble bien structuré. Plusieurs de ses groupuscules ont tenté de franchir les frontières algériennes.

Néanmoins, ces tentatives demeurent vaines, étant confrontés, un dispositif sécuritaire pratiquement hermétique dressé par les éléments de services de sécurité algériens, tous corps confondus. C’est dire que l’oeil de l’Oncle Sam est braqué sur le Sahel en général, et en particulier sur les frontières Sud algériennes.

Et quoique le rapport américain ne constitue pas une grande nouveauté, il révèle néanmoins qu’au Mali le chaos se conjugue avec une crise politique sans issue. Cela suffit pour ouvrir grandement les portes d’une intervention étrangère au Sahel. D’où, les appels de l’opinion internationale à l’adresse de l’Algérie se multiplient pour qu’elle sorte de son retrait de la crise malienne et y intervenir militairement. «Dans le nord du Mali, il faut que les Algériens sortent de leur attitude de retrait et d’expectative, il faut qu’ils se réveillent!», a déclaré Mohamed Bazoum, le ministre nigérien des Affaires étrangères, lundi 4 juin sur les antennes de RFI, à propos de la position algérienne sur la crise au nord du Mali et les solutions pour la résoudre.

Un appel suivi, avant-hier, par les déclarations des présidents guinéen, Alpha Condé, et son homologue nigérien, Mahmoudou Issoufou, qui, à demi-mot s’adressaient à Alger. «Il faut intervenir militairement au Mali pour chasser les islamistes et étouffer les voix séparatistes», s’accordent à dire Conakry et Niamey. A ce sujet, le spécialiste des questions sécuritaires, le colonel à la retraite, Ben Djana Ben Amoueur a indiqué que l’Algérie connaît bien le dossier de la rébellion touarègue et a su faire la part des choses entre la lutte antiterroriste proprement dite et un conflit interne au Mali. Un conflit que les Maliens ont la charge de régler. Donc, l’évolution de la situation explique la prudence de l’Algérie. Bien que l’Algérie était prête à aider les Maliens en proposant sa médiation pour peu que les conditions d’un dialogue sérieux soient réunies.