Cette troisième session des négociations informelles entre le Maroc et le Front Polisario sur l’avenir du Sahara occidental, qui a débuté hier sous l’égide des Nations unies dans la banlieue de New York, Manhasset, n’augure rien de bon.
Après l’offensive sur l’Algérie, qui n’est pourtant pas partie prenante dans ce conflit, le Makhzen vient de commettre un autre crime contre l’humanité en s’attaquant militairement aux Sahraouis. Une attitude qui en dit long sur la volonté du roi à orienter ce troisième round de négociations à l’échec et de favoriser le statu quo dans la dernière colonie de l’Afrique.
En effet, au premier jour des négociations, le Maroc a mené une attaque militaire féroce ontre les Sahraouis. Hier à l’aube, les forces de sécurité marocaines, épaulées par les forces armées, ont pénétré en force dans le camp de Gdeim Izizk et l’ont mis à sac en utilisant des bombes lacrymogènes balancées par des hélicoptères et des jets d’eau de citernes à l’heure où les 20 000 personnes dormaient encore dans ce camp dressé depuis le 9 octobre dernier à 12 km à l’est de la capitale sahraouie occupée.
Bilan provisoire : «Un mort et une dizaine de blessés parmi la population du camp, dont des femmes, des enfants et des vieillards, surpris dans leur sommeil et asphyxiés par les gaz lacrymogènes dont ont fait usage les forces marocaines, armées de matraques», ont témoigné des résidents du camp à l’agence SPS. Un véritable génocide, dans la mesure où les forces armées marocaines ne font aucune distinction entre femmes, enfants et militants de la cause sahraouie.
La ville occupée d’El-Ayoun n’a pas échappé à l’agressivité marocaine. Des civils sahraouis qui se dirigeaient vers le «camp de la liberté», érigé près d’El-Ayoun occupée, ont subi une intervention musclée des forces marocaines d’occupation. Le bilan des victimes n’est pas encore connu.
Négociations compromises
A new York, au lieu du déroulement de la troisième réunion informelle entre le Front Polisario et le Maroc, l’atmosphère n’est plus favorable à une solution qui prendra en compte le rêve des Sahraouis, à savoir la libération de leur territoire. Si la délégation sahraouie est partie à cette rencontre sans rancune et avec «la sincère volonté de résoudre le conflit», comme l’a déclaré le président du Conseil national de la RASD, Khatri Addouh, lors de l’ouverture de la réunion, ce n’est pas le cas pour la partie marocaine.
Outre les accusations «infondées» contre l’Algérie, le roi Mohamed VI a déclaré dans un discours célébrant le 35e anniversaire de la «Marche verte» que Rabat n’acceptera de discuter avec le Front Polisario que sur la base de son plan d’autonomie. «Le Maroc poursuivra sa coopération sincère avec le secrétaire général des Nations unies et son envoyé personnel, en vue de trouver une solution politique définitive à ce différend régional artificiel, sur la base de l’initiative d’autonomie».
Voilà un discours qui témoigne de ce que sera le nouveau round de pourparlers entre son pays et le Front Polisario. «Le Front Polisario s’est toujours montré disposé à entreprendre les efforts qui peuvent conduire à l’organisation d’un référendum d’autodétermination afin de permettre au peuple sahraoui de s’exprimer sur son devenir dans un cadre de liberté et de démocratie», a déclaré le chef de la délégation de la RASD qui espère que les pourparlers de cette troisième réunion se tiendront et se poursuivront selon l’ordre du jour de Christopher Ross.
Ce dernier, en tournée dans la région, avait qualifié la situation «d’intenable», caractérisée par la violation systématique des droits de l’homme et par le pillage des richesses naturelles. Le Maroc, au lieu de venir avec des engagements crédibles pour résoudre le conflit, et par ricochet de redorer son image sur la scène internationale, s’attaque à l’Algérie, un pays déclaré par l’Onu hors du conflit, en l’accusant de répression à Tindouf.
Par Hocine L.