Les médecins résidents ne décolèrent pas. Après la grève de deux jours observée les 15 et 16 mars, ils ont entamé hier leur deuxième débrayage de trois jours, et ce, dans plusieurs wilayas du pays, à savoir Oran, Tlemcen, Sidi Bel Abbès, Blida, Constantine, Annaba, Sétif, Batna et Alger.
Le taux de suivi au premier jour est estimé, selon les représentants de la corporation, à plus de 90% à l’échelle nationale. Interrogé sur la question, M. Kentouri, représentant des médecins résidents spécialistes en pédiatrie au CHU Mustapha Pacha, a estimé qu’outre les médecins devant assurer les urgences, la mobilisation est à 100%.
«Sur le plan pratique, nous sommes entre 90 à 95% de taux de suivi, mais la mobilisation est à 100%», affirme-t-il. Le Dr Amine, résident à l’hôpital de Nafissa Hamoud (ex-Parnet), souligne qu’aucune réaction du ministère de tutelle n’est enregistrée. «Le ministère de la Santé fait la sourde oreille», a-t-il dit, ajoutant que «si les portes du dialogue ne sont pas ouvertes, nous opterons pour d’autres actions de contestation qui seront décidées ultérieurement en concertation avec la base».
M. Kentouri a indiqué, par ailleurs, que les directeurs des établissements sanitaires ont été destinataires de courriers émanant du ministère de la Santé les sommant de sanctionner tous les refus de travail à travers des retenues sur salaire. «Pour le moment, nous n’avons, pour notre part, reçu aucune demande de justification d’absence, car nous sommes à notre premier jour de grève.
Les choses se préciseront d’ici demain», a estimé le médecin. En réponse à ces «provocations», les protestataires se disent prêts à aller jusqu’au bout de leurs revendications, particulièrement celle relative à «un salaire digne pour tous les médecins résidents». Il explique sur ce point que plusieurs contradictions sont enregistrées dans le règlement qui régit leur corporation.
Les 30 000 DA perçus par cette corporation n’est, selon notre intervenant, qu’une indemnité, même si elle est soumise au règlement de la sécurité sociale. «En cas de droit pénal, nous sommes considérés comme des salariés, mais dans notre statut, nous ne sommes pas considérés comme tel.» Il affirme que le statut d’un salarié lui procure certains droits, notamment en terme de droit syndical, ou encore le congé de maternité pour les médecins femmes, «des droits dont le médecin résident est privé», regrette M. Kentouri.
Les résidents ballottés entre deux ministères
Il insiste également sur l’annulation du service civile, obligeant le médecin spécialiste à effectuer des années dans la fonction publique, allant de 1 à 4 ans. «Nous voulons savoir pourquoi il n’y a que les médecins spécialistes qui sont soumis à cette loi ?», s’interroge le gréviste qui précise que tous les cadres bénéficient de formations gratuites,
sans que ces derniers ne soient obligés d’effectuer de service civil. Interrogée sur ces deux questions, une source proche du ministère de la Santé explique que les médecins résidents sont considérés comme des étudiants en stage dans un espace que le ministère de la Santé met à leur disposition.
Il précise que c’est un choix à faire, le cursus des études en médecine étant plus long que d’autres formations. Il rappelle, concernant le deuxième volet, que deux wilayas du sud du pays, notamment Illizi, n’ont aucun médecin spécialiste sur place. «Les malades sont obligés de faire des milliers de kilomètres pour se faire soigner», s’indigne-t-il.
Il estime que cette mesure restrictive est une manière d’imposer l’équilibre et de permettre à des zones enclavées de bénéficier des services de spécialistes. «Outrés» par le fait d’être ballottés entre les ministères de l’Enseignement supérieur et de la Santé, ils exigent un statut de salarié.
«Chaque ministère décline sa responsabilité envers nos droits», souligne l’intervenant qui estime que leur «statut actuel est obsolète, il ne répond à aucune norme, à aucun besoin du résident». M. Kentouri menace de recourir au chef de l’Etat ou au Premier ministre, en cas de non réponse favorable à leurs revendications.
Par Samira Azzegag