Au pied du palais des Conventions, un bidonville abrite 150 familles depuis des années «Sommes-nous les oubliés du GNL16 ?»

Au pied du palais des Conventions, un bidonville abrite 150 familles depuis des années «Sommes-nous les oubliés du GNL16 ?»

Juste à proximité du palais des Congrès et de l’hôtel Méridien, vivent plus de 150 familles dans des bidonvilles. En effet, considéré comme un point noir, un quartier d’habitat précaire est implanté dans le profond d’Oran-Est, relevant du secteur urbain d’El Menzah. Plus de 500 âmes habitent, dans la majorité, dans d’anciens hangars d’élevage.

La situation de vie est bien critique. Les maladies, le froid, le manque d’eau et les grandes chaleurs sont le quotidien, que doivent affronter ces citoyens durant toute l’année.

Ces derniers, qui sont des «vrais Oranais», semblent avoir ces abris de père en fils. La pollution est un problème, qui est mis à part. La décharge sauvage se trouve juste aux environs. Elle n’a jamais été ramassée depuis la création du site, selon les dires des habitants.

Les eaux usées sont déversées à ciel ouvert.

Certes, le quartier vient de bénéficier d’une opération de réalisation de regards pour une prochaine opération de bitumage. Mais à quoi sert d’embellir le visage, alors que le fond est catastrophique ? C’est ce que s’est interrogée la majorité de ces citoyens avec un étonnement bien clair.

«Après l’achèvement des travaux de réalisation de ces avaloirs, l’entreprise chargée ne s’est pas dérangée pour enterrer le câble électrique de haute tension ni de combler certains trous, qui constituent un vrai danger pour nos enfants notamment», nous a confié un habitant. Revenant à la décharge sauvage, celle-ci existe juste dans le passage du prolongement de front de mer vers Canastel.

Elle est donc exposée directement à la mer et au visage du «palais des Congrès», lieu qui abritera le prochain sommet international du gaz dans sa 16e édition.

«Ça sera vraiment honteux pour El-Bahia et ses autorités locales d’inviter les responsables et cadres venant des pays du monde, dans le cadre de la tenue du GNL16 au palais des Congrès et à l’hôtel Méridien, pour assister en fin à une telle vue, qui ne sera du tout panoramique ni honorable d’ailleurs», nous a déclaré un autre habitant. Tout en ajoutant : «Nous ne sommes pas cachés.

Les invités peuvent facilement nous apercevoir du haut des deux infrastructures. Même dans le cas du contraire, nous ne passerons plus inaperçus durant la tenue du sommet car nous tenterons d’informer l’opinion mondiale de notre situation, en provoquant certains journalistes d’autres pays de visiter le site.»

Ce n’est pas la seule menace ou, pourquoi pas, la seule «surprise», que préparent les habitants de ces bidonvilles à l’encontre des autorités locales. Mais pire encore, certains insistent «d’observer un sit-in durant d’éventuelles visites des ministres ou même du président de la République, au cas où ils ne seront pas relogés dans d’autres habitats plus décents.»

Il est à noter, d’autre part, toujours selon les dires de ces habitants, qu’ils ont demandé l’intervention du chef de daïra, qui a refusé, sous prétexte que la wilaya a pris en priorité les habitants des logements menaçant ruine et pas l’habitat précaire à l’heure actuelle.

«Au moins, qu’ils nous prennent en charge dans le cadre des préparatifs du GNL16 puisque nous sommes sur le site prévu pour abriter la rencontre, qui est si importante pour l’Algérie pour la gâcher à cause de ce genre de problème.

D’autant plus que des milliards sont versés pour réussir l’événement alors que le plus important n’a pas été effectué encore», a signalé un des résidants. Par ailleurs, la sécurité des visiteurs de la GNL16, avec l’existence de ce quartier, est une autre préoccupation posée par les habitants eux-mêmes, qui admettent que «ce type de quartier constitue un point noir du côté sécuritaire.»

S. Berkèche