En dépit d’une production appréciable et une qualité qui jouit d’une bonne réputation, la datte algérienne trouve du mal à se vendre sur les marchés internationaux et peine ainsi à concurrencer les productions égyptienne, iranienne, irakienne et notamment tunisienne.
En effet, sur les 586 000 tonnes produites en 2009, seules «12 000 tonnes ont été exportées, et ce, pour une valeur de près de 20 millions de dollars». «Toutefois, nous envisageons de réaliser une croissance de 20% lors de la prochaine saison», a annoncé le président du comité interprofessionnel de la filière dattes, lors d’un point de presse organisé en marge de la réunion tenue hier au siège du département de l’Agriculture, entre les professionnels de la filière et le ministre, Rachid Benaïssa.
Selon des professionnels présents à la réunion, les raisons qui ont fait que la datte algérienne s’exporte mal sont liées en premier lieu à la cherté du produit sur le marché local.
Cette situation fait que les commerçants de ce produit préfèrent l’écouler localement à des tarifs avoisinant les 600 dinars/kilo. Par ailleurs, les responsables des unités de conditionnement dénoncent les spéculateurs qui font augmenter les prix, car en réalité le kilogramme de dattes est cédé en gros au niveau des palmeraies à raison de 200 DA seulement, surtout lors de bonnes saisons.
Outre les prix qui ne sont pas concurrentiels pour l’export, les palmiers souffrent de maladies telles que le boufaroua et le méloïs qui s’attaquent au fruit en plus des pluies qui s’abattent au mauvais moment sur les dattes en diminuant ainsi considérablement la production. Ces raisons et d’entre encore liées au manque de subvention et aux lacunes dans l’organisation de la filière font que l’Algérie est dépassée par ces voisins en termes d’exportation de dattes.
A titre de comparaison, la Tunisie est parvenue, selon des chiffres officiels reliés par les médias, à écouler 145 000 tonnes l’an dernier dont 100 000 tonnes de la qualité de Deglet Nour, se classant ainsi au quatrième rang des exportateurs de dattes à l’échelle mondiale.
A propos des informations faisant état de la commercialisation de Deglet Nour algérienne sous le label tunisien, le président du comité interprofessionnel ne soutient pas cette thèse.
«La Deglet Nour tunisienne est semblable à celle de l’Algérie à tel point que nous-mêmes, professionnels en la matière de père en fils, ne pouvons faire la distinction entre les deux», a-t-il rétorqué. Intervenant en marge de la rencontre, le premier responsable du secteur a appelé les professionnels de la filière à mieux s’organiser afin qu’ils puissent bénéficier du soutien des pouvoirs publics.
Selon Benaïssa, «il n’est pas question de soutenir pour soutenir, mais le soutien accordé par l’Etat doit viser des objectifs de sorte que l’argent des subventions cible le segment qui en a besoin.
Cette politique ne peut être concrétisée que de concert avec les professionnels», a-t-il déclaré. Pour rappel, ledit comité interprofessionnel est «à l’état embryonnaire» puisqu’il n’a été lancé qu’au mois de mai de l’année en cours.
Hafid Mesbah